L’atmosphère était fébrile en cette matinée du vendredi 12 juillet 2019 à la clinique « Les Genêts », sise à Ouaga 2000. Et pour cause, la procédure d’expulsion visant la clinique a été exécutée avec le concours des forces de l’ordre. Les malades étaient, eux, évacués par ambulances ou par leurs familles vers d’autres lieux.

Convoquée pour une conférence de presse par les responsables de la clinique « Les Genêts », qui souhaitaient s’exprimer sur la procédure d’expulsion qui vise ledit établissement sanitaire, c’est finalement à l’exécution même de la procédure que nous assisterons.

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En effet, dans une note datant du 3 juillet 2019 et adressée au président de l’Ordre des médecins, la Société générale Burkina Faso (SGBF) l’informait que suivant jugement N°375/2017 rendu le 24 mai 2017 par la chambre civile du Tribunal de grande instance de Ouagadougou, l’immeuble abritant la clinique Les Genêts SA a été adjugé à la SGBF. Face au refus du promoteur de la clinique de libérer les lieux, une autre décision de justice datant du 19 juin 2019 a ordonné l’expulsion. La décision lui a été signifiée le 3 juillet 2019 et il avait un délai de huit jours pour l’exécuter. Faute de quoi, il y aurait une intervention de la force publique.

Le film des événements…

Ce vendredi 12 juillet 2019, il est presque 11h30 lorsque l’huissier chargé de l’exécution de la procédure, accompagné d’éléments des forces de l’ordre, arrive à la clinique « Les Genêts ». Immédiatement, la porte est verrouillée par les infirmières pour leur empêcher l’accès. Commence alors une longue attente. La peur et l’anxiété pouvaient aisément se lire sur les visages.

« Je risque de m’évanouir », lâche une infirmière. Médecins, infirmières, filles de salle, tous espèrent que l’expulsion n’aura pas lieu pour le bien-être des malades dont certains avaient même subi des interventions chirurgicales la veille. Les patients, eux, se demandent ce qui se passe, surtout que les infirmières refusent d’ouvrir la porte pour les laisser rentrer chez eux.


Près d’une demi-heure après, le président de l’Ordre des médecins, Pr Charlemagne Ouédraogo, arrive sur les lieux. Lui aussi n’aura pas accès immédiatement à l’intérieur de la clinique. Lasses d’attendre, les forces de l’ordre placent un dispositif pour déverrouiller la porte. Ce ne sera pas nécessaire. Après des échanges téléphoniques entre le président de l’Ordre des médecins et le promoteur de la clinique, Dr Paul Stanislas Zoungrana, la porte sera finalement ouverte en présence également de l’huissier de la clinique.


Les différents protagonistes s’enferment alors dans le bureau du Dr Zoungrana pendant près de deux heures. Les tractations se passent en présence du président de l’Ordre des médecins qui dit les avoir invités à trouver une issue favorable pour la continuité des soins à la clinique ou ailleurs, avec l’implication du ministère de la Santé.

Les malades évacués

Il est presque 14h quand l’expulsion est pratiquement actée. Certains malades sont évacués par ambulances, d’autres par leurs familles vers d’autrest lieux. Le Dr Paul Stanislas Zoungrana, entouré de ses collaborateurs, sort et s’adresse à la presse. Il dénonce de la part de la SGBF une volonté de « nuire à l’image et à la notoriété » de la clinique.


Et ce, parce que la SGBF sait que « des appels et des plaintes ont été adressés à la justice depuis mars 2017 pour contester le jugement ayant abouti frauduleusement à l’adjudication de son immeuble à la Société générale. » Dr Zoungrana affirme par ailleurs que la clinique usera de tous les moyens légaux à sa disposition pour faire rétablir la justice et ses droits. « Je puis vous certifier que cette maison est à nous, et elle le restera », lance-t-il à la fin de sa déclaration.

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Pourtant, ceux qui ont connaissance du dossier disent que le passif financier de la clinique est très important et que la décision d’expulsion est sans appel. La clinique serait donc dans l’obligation de libérer totalement les lieux, de gré ou de force.

Nous avons tenté de joindre la Société générale Burkina Faso pour avoir sa version des faits, sans succès.

Justine Bonkoungou

Lefaso.net

Source: LeFaso.net