C’est à Koudougou, ville de la défunte usine Faso fani, que les acteurs de la presse en ligne se sont retrouvés pour tisser les fils qui vont consolider le professionnalisme des médias en ligne au Burkina Faso. Sous l’égide de la Direction générale des médias et de l’Association des éditeurs et professionnels de médias en ligne (AEPML), une charte a été adoptée ce 27 juin 2019. En plus donc des dispositions légales, et pour être plus professionnels, les acteurs ont signé un pacte.
Ça bouge dans le microcosme de la presse en ligne au Burkina Faso. La floraison des sites démontre le dynamisme du secteur. Selon les chiffres du Conseil supérieur de la communication, en 2018, il y avait 48 médias en ligne. Foi de la conseillère technique du ministre de la Communication et des Relations avec le parlement, Dominique Nyaméogo, ces nouveaux moyens de diffusion de l’information sont très actifs et apportent une contribution inestimable au développement socio-économique, à l’ancrage de la démocratie et de la bonne gouvernance.
Mais il y a également le revers de la médaille. La ruée vers les médias en ligne a fait entrer dans la bergerie des acteurs qui foulent aux pieds les règles élémentaires qui gouvernent le métier du journalisme professionnel. Dominique Nyaméogo cite entre autres manquements, l’injure, la diffamation, l’atteinte à la vie privée, la violation du droit à l’image, la publication d’informations erronées ou à caractère stratégique (secret défense), les plagiats.
« Quand ces erreurs arrivent, cela rejaillit sur l’ensemble du secteur », reconnaît le président l’Association des éditeurs et professionnels de médias en ligne (AEPML) Dr Cyriaque Paré. La crédibilité en prend un coup, pourtant un journaliste ou un média sans crédibilité est voué à mettre la clé sous le paillasson. « Certains usagers, observateurs, et malheureusement même parmi les décideurs politiques, confondent allègrement réseaux sociaux et médias en ligne. L’actualité brûlante avec la modification de la loi pénale vient nous le rappeler douloureusement. Elle nous rappelle aussi la nécessité pour nous d’être chaque jour plus professionnels dans notre métier pour mériter la confiance de nos lecteurs et des observateurs », a déclaré Dr Cyriaque Paré.
Pour le président de l’AEPML, par ailleurs promoteur de Lefaso.net, pionner dans le domaine au Burkina, des pas importants ont été faits ces dernières années pour professionnaliser le journalisme en ligne. La loi spécifique aux médias en ligne votée en 2015 par le Conseil national de la transition, la prise en compte des médias en ligne dans la subvention de l’État à la presse privée, l’admission des médias en ligne aux Galian, la décoration de plusieurs médias en ligne pour service rendu à la communauté.
Pour compléter tout cela, la Direction générale des médias, avec les premiers acteurs du domaine, ont édicté une charte de la presse en ligne. C’est là, une autre étape vers la professionnalisation, précise Dr Cyriaque Paré, qui ajoute que la charte est comme un pacte, un ensemble de règles, de principes d’engagements pris, auxquels les membres adhèrent.
Douze articles pour le renouveau
La charte des médias en ligne du Burkina Faso est un complément à la charte du journaliste burkinabè, avec bien entendu les spécificités. Dr Paré a présenté le projet de charte qui comporte douze articles. Point après point, des amendements ont été apportés par les participants issus de divers domaines d’activités : journalistes, promoteurs de médias, acteurs de la justice, forces de sécurité, bloggeurs, administration publique…
Les acteurs ont pris entre autres engagements, à travers la charte, d’indiquer désormais, sur les sites, le nom du directeur de publication, le statut juridique de la société, le nom du responsable des rédactions, l’adresse et le contact de la rédaction. Toutes ces informations qui permettent de vérifier l’identité des auteurs du site et de garantir la crédibilité des contenus diffusés.
Par ailleurs, ils se sont accordés sur la nécessité de modérer a priori les commentaires sur les forums de discussion, de citer les sources, de rectifier les informations erronées et de protéger les données à caractère personnel et la vie privée des web-lecteurs.
C’est par acclamation que les participants ont adopté la toute nouvelle et première charte de la presse en ligne au Burkina Faso. La presse en ligne, selon le propos du président de l’Association des éditeurs et professionnels de médias en ligne (AEPML), vit ainsi un tournant dans sa quête de maturité.
Tiga Cheick SAWADOGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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