D’août 2013 à nos jours, quel bilan fait-on du Programme de développement des terres arides (DRYDEV) ? A quelques semaines (juillet 2019) de la clôture dudit programme, dont l’ambition est d’aider les ménages burkinabè à réussir leur passage d’une agriculture de subsistance et dépendante de l’aide d’urgence au développement rural durable, l’organe international de mise en œuvre, Word agroforestry (ICRAF /Centre mondial d’agroforesterie), a organisé un atelier national de capitalisation et de partage des acquis et leçons apprises. C’était du 13 au 14 juin 2019, à Ouagadougou.
Améliorer les conditions de vie des petits producteurs en leur inculquant les bonnes pratiques qui permettent d’accroitre leurs capacités de résilience face aux effets des changements climatiques, tout en préservant l’environnement. C’est ce qui a prévalu à la mise en œuvre du programme DRYDEV dans les zones arides du Burkina Faso, du Mali, du Niger, de l’Ethiopie et du Kenya.
Au pays des hommes intègres, DRYDEV s’est donné pour mission d’améliorer les conditions de vie de 45 000 agriculteurs, dont 22 500 femmes réparties dans 48 villages de six sous-bassins versants identifiés dans les provinces du Bam, Passoré, Sanguié, Yatenga et Zandoma.
Cela, à travers le renforcement de la sécurité alimentaire et hydrique, l’amélioration de l’accès aux marchés et le renforcement de l’économie locale au profit des différentes catégories d’agriculteurs. Avec le principe « d’option par contexte », le programme été conduit au Burkina selon une approche bassin –versant, selon le point focal de l’ICRAF au Burkina, Dr Babou André Bationo. « Le bassin-versant est en effet une mosaïque de conditions écologiques fragiles, mais où convergent plusieurs catégories de producteurs aux conditions socioéconomiques et aux intérêts différents et vulnérables aux aléas climatiques », a-t-il signifié.
Bénéficiaire du sous bassin- versant de Tikaré (Kongoussi), Abdoul Rahim Gansoré fait partie de ceux qui clament que leurs vies ont véritablement changé depuis la mise en œuvre du programme DRYDEV. « Grâce à l’appui du programme, nous avons pu réaliser dans notre sous-bassin, une zone de pâturage de 550 hectares. Outre les formations sur la régénération du sol et l’importance de la zone de pâturage, nous avons également bénéficié de boulis, de forages, de magasins pour le warrantage et de périmètres maraîchers au profit des femmes », s’est-il réjoui, souhaitant que le programme soit reconduit pour le bonheur des populations.
- Abdoul Rahim Gansoré, Représentant du sous -bassin versant de Tikaré
Comme lui, le premier adjoint au maire de la commune de Bassi (Zandoma), Alouna Traoré, dit garder de bons souvenirs du programme DRYDEV. Dans l’ensemble, il soutient que l’un des plus grands acquis serait le renforcement des capacités des bénéficiaires. « Tout peut finir, mais ce qu’on a acquis comme savoir-faire ne peut pas finir », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Nous avons été formés sur la gestion de la volaille, du potager, les activités génératrices de revenu (…) ».
Vers une seconde phase ?
Au terme de deux jours de réflexions, Patrice Savadogo, chercheur à l’ICRAF, soutient que des acquis ont été engrangés dans le cadre de l’exécution du Programme de développement des terres arides. Ainsi, au titre de la composante 1 du programme, notamment la gestion des ressources naturelles au niveau des sous-bassins, il note que le comité de coordination du programme a réussi non seulement à former les bénéficiaires sur les technologies agricoles innovantes , mais aussi , à intégrer dans leur quotidien , la gestion des ressources naturelles, la mise en place de plans de développement communaux et de comités de gestion des sous-bassins versants. « Aujourd’hui, la plupart des communautés savent comment elles peuvent se regrouper pour mieux résoudre les problèmes de développement », confie-t-il.
- Patrice Savadogo, chercheur ICRAF
Soutenant par ailleurs qu’une seconde phase du programme permettra de renforcer les acquis, Patrice Sawadogo poursuit : « Nous avons tiré un certain nombre de leçons qui vont nous permettre de formuler un nouveau programme et aussi, réfléchir sur des cas de succès qui peuvent être mis à échelle, au-delà des zones d’intervention ».
Responsable du programme DRYDEV au niveau de l’Organisation néerlandaise de développement (SNV), l’une des structures qui assure la mise en œuvre du programme sur le terrain, Stéphane Tuina ne dira pas le contraire. Dans l’ensemble, dit-il, le programme a permis une amélioration de la situation socio-économique des ménages. « Sur une cible de 45 000 agriculteurs au départ, DRYDEV a permis d’atteindre près de 41 000 producteurs et productrices », a-t-il indiqué.
- Stéphane Tuina, responsable du programme DRYDEV au niveau de la SNV
Se disant impressionné par les résultats enregistrés, le secrétaire général du ministère en charge de l’Agriculture, Lamourdia Thiombiano, a soutenu que des résultats concrets ont été obtenus sur le terrain, avec un impact très sensible sur la vie des populations. Et cela, malgré les difficultés relevées dans l’exécution du programme. En effet, explique Stéphane Tuina, au-delà du contexte sécuritaire, des difficultés ont été rencontrées dans le partenariat. « DRYDEV est un programme de six ans, mais la mise en œuvre au Burkina n’a duré que trois ans parce qu’il y a eu des difficultés liées au partenariat qui ont conduit à la restructuration du programme, donc à une revue du consortium qui met en œuvre le programme », a-t-il noté.
- Lamourdia Thiombiano, SG du ministère en charge de l’agriculture
Financé par le ministère des Affaires étrangères des Pays- bas à hauteur de 2 milliards 300 mille francs CFA, le programme DRYDEV est exécuté par deux partenaires stratégiques que sont TREE Aid et SNV . L’ICRAF étant le coordonnateur global du programme, d’autres partenaires tels que l’Institut national de l’environnement et de recherche agricole (INERA) et le Secrétariat permanent du plan d’action pour la gestion intégrée des ressources en eau (SP /PAGIRE), interviennent dans la mise en œuvre du programme.
En rappel, le programme DRYDEV est constitué de huit composantes. Il s’agit notamment de la gestion des ressources naturelles au niveau des sous-bassins, la gestion des ressources en eau et des sols dans les exploitations, la production des denrées agricoles, l’amélioration de l’accès au marché. Au titre des composantes, figurent également la liaison entre les services financiers, le renforcement de la gouvernance locale et institutionnelle, la planification, suivi –évaluation et mise à échelle de l’apprentissage, l’analyse et l’influence des politiques.
Nicole Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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