Après plus de deux années passées à la tête de la commune rurale de Padéma, et conformément à l’article 11 du Code général des collectivités territoriales du Burkina Faso qui stipule que « les habitants de la collectivité territoriale ont droit à l’information sur la gestion des affaires locales », le maire Sibiri Yaya Dao s’est senti redevable envers sa population. Ainsi, il a décidé de faire le bilan des activités menées au cours de l’année 2018 dans ladite commune, le mercredi 24 avril 2019. Cette activité a été financée par le PACD.

La journée du mercredi 24 avril 2019 sera ainsi gravée dans les annales de la commune rurale de Padéma, car c’est la toute première fois que cette obligation du Code général des collectivités territoriales, à savoir la redevabilité, a été appliquée par le premier responsable de la commune. En effet, c’est cette date que le maire Sibiri Yaya Dao a choisie pour faire le bilan de sa gestion à la tête de ladite commune. Après son élection, le maire, dans ses premières déclarations, donnait sa vision du développement local. Il a ainsi voulu un développement participatif afin que tous les fils et filles de la commune puissent participer au développement de leur localité. Après plus de deux années passées à la tête de ladite commune, il a donc décidé de faire le bilan de sa gestion à la population.

Au menu de cette rencontre avec les forces vives de la localité, la présentation du bilan de l’année 2018 et du programme de 2019. Aussi, l’occasion a été donnée aux participants de poser des questions aux responsables de la commune et de faire des suggestions pour le développement de Padéma. Ainsi, au cours de cet exercice dit de redevabilité, il s’est agi pour le maire Sibiri Dao de présenter à ses administrés le rapport d’activités 2018 du conseil municipal. Dans le cadre de la reforme de l’administration communale, le conseil municipal de Padéma a, sous la houlette du maire, mené d’énormes actions avec pour ambition de rendre la commune plus performante pour répondre aux exigences des populations.

Le maire de la commune rurale de Padéma, Sibiri Yaya Dao

« Beaucoup de réalisations ont été faites en 2018 », a indiqué le maire Sibiri Dao. Il a cité notamment la construction et l’équipement d’infrastructures scolaires et éducatives, la construction de Centres de santé et de promotion sociale (CSPS), d’une pharmacie, de latrines familiales, de boutiques ; la réalisation de forages dans plusieurs villages de la commune ; l’aménagement de la cour du préfet du département de Padéma et la dotation de la commune de deux motos.

Pour 2019, le conseil municipal a prévu la construction d’une école de trois classes avec des latrines, la construction d’une maternité avec des latrines, une salle de réunion, une auberge dans la commune et la réalisation de forages dans les hameaux de culture. Par rapport à la mise en œuvre du programme de 2019, rien n’a été fait pour le moment. Selon le bourgmestre, la grève des financiers a provoqué un blocage des fonds. Toutefois, le maire rassure que tout sera fait dans les jours à venir.

L’enclavement de la commune de Padéma constitue un véritable « casse-tête » pour les autorités locales. « La commune de Padéma est vraiment enclavée. Il n y a pas de voie d’accès, surtout en saison des pluies. Il faut souvent faire deux heures de temps pour une distance de 31 kilomètres de voie non-bitumée. S’il pleut aussi, il faut attendre deux heures de temps avant de prendre cette voie. Pour évacuer les malades, c’est un véritable problème. Cela constitue une véritable préoccupation pour le maire et ses conseillers », a laissé entendre le président du conseil municipal.

L’ambition du maire est de voir cette voie bitumée avant la fin de son mandat, mais les moyens font défaut. C’est pourquoi, il lance un cri de cœur aux autorités du pays afin qu’elles puissent venir en aide à la commune de Padéma et environs.

Adjara Dao, répresentante des femmes de la commune de Padéma

Des citoyens satisfaits

Après la présentation du bilan du conseil municipal, les représentants des forces vives de la commune ont pris la parole. Dans l’ensemble, les intervenants ont d’abord salué l’initiative du maire avant d’apprécier positivement son bilan. Aussi, ils ont renouvelé leur engagement à participer activement aux différentes activités que le conseil municipal viendrait à initier en faveur du développement de la commune. « Nous sommes heureuses et satisfaites du bilan du maire. Vu l’enclavement de la commune et malgré les nombreuses difficultés, ils [ndlr : le maire et les conseillers] ont pu réaliser beaucoup d’actions au profit de la commune », a dit Adjara Dao, représentante des femmes de la commune de Padéma.

Toutefois, l’autre moitié du ciel demande la construction d’une Maison de la femme, ainsi que le financement des micro-projets des femmes. « Nous demandons au conseil municipal de veiller à la sécurité de la commune et de respecter les engagements envers les femmes de la commune. Nous prenons aussi l’engagement de nous battre aux côtés du maire pour relever le défi en payant les taxes et impôts, car c’est le premier devoir d’un citoyen », a ajouté Adjara Dao.

Le représentant des jeunes, Kalifa Dao, quant à lui, a apprécié positivement l’activité du conseil municipal. Il a félicité le maire pour son bilan qu’il juge satisfaisant. Il n’a pas manqué de transmettre les sollicitations des jeunes qui se résument à l’accompagnement de la commune pour l’organisation d’activités sportives et culturelles, et la création de micro-projets pour les jeunes.

Toutes ces interventions ont réjoui le maire qui a toutefois invité les citoyens de sa commune au civisme fiscal, pour permettre à Padéma de se développer sur la base de ses ressources propres.

La population de Padéma sortie nombreuse

Les conflits fonciers s’invitent au débat

La commune de Padéma est située à environ 78 km de la ville de Bobo-Dioulasso. C’est l’une des communes où l’on enregistre régulièrement des conflits fonciers. En effet, la commune de Padéma est une zone où l’agriculture connaît un important développement, notamment la culture du coton. En plus de son fort taux de natalité, la commune est aussi une zone de forte migration. Tous ces facteurs combinés entraînent une forte pression sur les ressources naturelles, notamment la terre. Au cours de cette rencontre avec la population, le maire a déploré les agissements du Conseil villageois de développement (CVD) de Padéma. À en croire le maire, le CVD s’adonne à la vente de terres dans une zone déjà lotie. « C’est une façon de faire qui ne m’a pas plu. C’est pourquoi, nous avons exposé le problème devant tout le monde pour interpeler la population et le CVD », a-t-il souligné.

Selon lui, la commune se donnera les moyens pour sensibiliser la population afin d’éviter un conflit foncier dans le futur.[ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Romuald Dofini

Lefaso.net

Source: LeFaso.net