Absence de justice pour Yirgou plus de trois mois après, dialogue politique annoncé, dernière conférence de presse du MPP, annonce d’une opération d’authentification des diplômes des agents de la Fonction publique et lettre de l’ex-président Compaoré au président Kaboré. C’est le menu de la sortie hebdomadaire du Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF) du mardi, 16 avril 2019. Elle a été animée par le président de l’Union pour la renaissance démocratique/Mouvement sankariste (URD/MS), Alphonse-Marie Ouédraogo, et celui du Parti national des démocrates sociaux (PNDS), Yumanli Lompo.

« Cela fait plus de trois mois que 210 Burkinabè ont étémassacrés à Yirgou. Depuis, notre Justice et notre gouvernement n’ont fait arrêter personne, et n’ont rendu justice à aucune victime », ont constaté les conférenciers dans la déclaration liminaire, s’appuyant sur la dernière sortie du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) qui a dénoncé l’absence de volonté politique dans le traitement du dossier Yirgou.

« Selon le Collectif, la mauvaise gestion de l’affaire Yirgou par l’État a permis aux terroristes de récidiver à Arbinda. L’analyse du Collectif et du CFOP-BF se rejoignent. En effet, l’Opposition politique s’indigne du fait que, trois mois après ce grave crime de masse contre les Peuls à Yirgou et environnants, aucun suspect n’ait été arrêté », affirment-ils. Le CFOP-BF estime que la responsabilité personnelle du président du Faso est engagée. « Lui qui, de par le serment, est garant de la sécurité des Burkinabè, du respect des lois et de la bonne administration de la justice », appuient les conférenciers, pour qui, le « silence complice » du président du Faso est révoltant.

« De ce fait, l’Opposition politique va continuer à se mobiliser pour que justice soit rendue aux victimes de Yirgou, dans la célérité. D’ores et déjà, nous annonçons que nos points de presse débuteront par un souvenir du massacre de Yirgou et un appel au président du Faso et à la Justice. (…). Si nous nous taisons, nous nous rendrons complices d’autres Yirgou et d’autres Arbinda », expriment les animateurs de la conférence, relevant en outre qu’aujourd’hui, il y a une volonté manifeste des autorités d’enterrer le dossier Yirgou et de laisser libres et impunis les criminels coupables du massacre.

« Nous rappelons que c’est sur insistance de l’opposition que le président du Faso a accepté que les échanges ne portent pas uniquement sur des sujets politiques, mais aussi et surtout sur les grandes questions de la vie de la nation, et ce qui intéresse le quotidien des Burkinabè », a indiqué le CFOP-BF sur le point relatif au dialogue politique initié entre le président Roch Kaboré et la classe politique.

L’institution qui indique avoir déjà transmis au président du Faso, la liste des points qu’elle souhaite voir prendre en compte dans l’ordre du jour dudit dialogue, dit espérer également des propositions de sujets qui tiennent compte de l’intérêt supérieur de la nation.

Sur la dernière conférence de presse du MPP (11 avril 2019) au cours de laquelle les responsables du parti au pouvoir, parlant des affrontements communautaires à Zoaga et Arbinda, auraient taxé l’opposition de « récupérer les drames sociaux avec la funeste intention de se faire une virginité politique », les conférenciers qualifient la déclaration de « tendancieuse et hypocrite ». Pour l’opposition, c’est le MPP qui a « semé les germes de Yirgou, Zoaga et Arbinda, car en 2015, il a battu campagne sur des arguments ethnicistes. Cette campagne a probablement contribué à semer les germes…
».

Parlant de la réaction des responsables du MPP au cours de la même sortie suscitée, concernant le communiqué des ONG (Organisons non-gouvernementales) sur la recrudescence des violences entre les communautés, le CFOP-BF réitère « se démarquer clairement de ces propos irresponsables ». Mieux, apprennent les conférenciers, le CFOP-BF demandera à rencontrer ces ONG « pour les encourager à poursuivre leurs actions humanitaires auprès des Burkinabè victimes de l’insécurité », mais aussi pour les écouter et comprendre davantage leurs préoccupations. Pour l’opposition, l’on n’avait pas besoin d’une telle réponse « maladroite » de celui (parti) qui est au pouvoir.

Alphonse-Marie Ouédraogo (au micro) et Yumanli Lompo ont été les conférenciers de la semaine

Sur l’annonce du gouvernement relatif au contrôle de l’authenticité des diplômes des agents de la Fonction publique, l’opposition politique dit être attachée à la transparence dans le recrutement et la gestion des carrières des fonctionnaires. « L’opération d’authentification est en principe une bonne initiative, pourvu qu’elle ne soit pas transformée en un instrument de répression de certains groupes de fonctionnaires », accueille-t-elle.

C’est dans cet esprit qu’elle dit espérer que l’exemple vienne d’en haut, c’est-à-dire des membres du gouvernement et des présidents d’institution. « Ces personnalités doivent être les [premières] à déclarer au peuple, par le canal de la presse et sur l’honneur, les types de diplômes qu'[elles] ont obtenus avec précision des écoles ou universités qui les ont délivrés, ainsi que les dates, les numéros de référence et les mentions. Nos hautes autorités doivent se plier à cet exercice pour se montrer elles-mêmes irréprochables aux yeux du peuple », subordonnent les conférenciers.

Quant au sujet sur l’écrit de l’ancien président du Faso Blaise Compaoré à l’actuel président, Roch Kaboré, pour lui affirmer « sa disponibilité et son soutien » face à la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays, pour le CFOP-BF, c’est la preuve que, « contrairement à la propagande hypocrite dont se sert le MPP », les deux personnalités continuent de communiquer. « Et puisque leur dernière conversation concerne la sécurité de tous les Burkinabè, l’opposition invite les deux parties à rendre publique l’intégralité de la correspondance. La situation sécuritaire de notre pays est devenue un débat public de premier ordre.

Ce d’autant que le président Roch Kaboré, à travers des déclarations sur la Deutsche Welle, avait insinué que Blaise Compaoré était au courant de ce qui passe aujourd’hui. Alors, s’ils en arrivent à s’écrire ou à communiquer, le peuple veut savoir ce qui se passe, c’est-à-dire quelle est la teneur de cette lettre », expliquent en substance Alphonse-Marie Ouédraogo et Yumanli Lompo. De leur avis, on ne peut à la fois suspecter une personne d’être pyromane et ensuite la présenter comme pompier. « C’est une situation que l’opposition politique voudrait éclaircir », concluent-ils.

OL

Lefaso.net

Source: LeFaso.net