En séjour au Burkina sur invitation de l’association African Golden, l’homme politique ivoirien, Kouadio Konan Bertin (KKB), a rendu visite, ce vendredi, 29 mars 2019 au Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF), Zéphirin Diabré. Là, le jeune leader politique du PDCI-RDA et le premier responsable de l’opposition ont parlé non seulement ‘’politique », mais également ‘’intégration » entre les peuples ivoirien et burkinabè.

« Je ne peux pas être en terre burkinabè, sans passer rendre une visite de courtoisie aux uns et aux autres. Je l’ai fait auprès d’autres autorités au pouvoir, je le fais aussi (ici) parce que le paysage politique burkinabè est pluriel et je suis heureux de partager ces instants d’échanges avec le Chef de file de l’opposition burkinabè. Je vous dis tout de suite, sans ambages : je suis un homme politique ivoirien, j’ai été candidat déjà en 2015, j’ai un projet pour mon pays, une vision pour mon pays. Mais, je ne suis pas de ceux qui pensent qu’un projet politique en Côte d’Ivoire puisse tenir, s’il ne tient pas compte du Burkina Faso. Et je n’exclus pas donc le Burkina dans mon projet pour mon pays ; parce que la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, voici deux peuples, un même destin (pour résumer les choses). Houphouët-Boigny (Félix Houphouët-Boigny) a tracé les sillons et nous devons donc les élargir. Je suis ici, à l’école de la démocratie burkinabè. Je suis ici également pour comprendre l’histoire, le comment et le pourquoi des choses, pour que demain, nous puissions, nous aussi, ne pas nous tromper. Donc, je ne pouvais pas me contenter de ne rencontrer que les autorités, il fallait aussi que je vienne saluer le Chef de file de l’opposition ; ça a été une rencontre enrichissante », a situé l’hôte à sa sortie d’audience qui a duré environ trois quarts d’heure.


Ancien candidat à la présidentielle ivoirienne de 2015 et cadre du PDCI-RDA, Kouadio Konan Bertin est connu depuis un certain moment comme le ‘’porte-flambeau » de ceux qui prônent le rajeunissement politique, à commencer par son parti politique. Une perception qui l’oppose au président du parti, Henri Konan Bédié. L’un des premiers à s’opposer à l’alliance entre son parti, le PDCI-RDA, et RDR du président Alassane Ouattara (le PDCI-RDA a finalement claqué la porte de l’alliance, RHDP, en août 2018), Kouadio Konan Bertin (KKB), qualifié par certains de « rebelle politique » ou d’« enfant turbulent » du PDCI-DRA, considère sa position comme un combat d’idées, de valeurs et dit les assumer.

« Que nous le voulions ou non, ainsi va la vie. Nos peuples, surtout en Côte d’Ivoire, rêvent, ou du moins, ont un besoin réel de rajeunissement. D’ailleurs, moi, le militant de PDCI que je suis, le dernier congrès auquel j’ai participé avait pour thème : « Le PDCI-RDA face aux nouveaux défis : Renouveau, rajeunissement et renaissance » (12ème Congrès ordinaire du parti, 3-5 octobre 2013, ndlr). Ce n’est pas moi qui ai imposé ce thème à notre congrès, et le thème ne traduit rien d’autre que l’aspiration de ce parti. Il convient maintenant que les jeunes eux-mêmes se montrent à la hauteur, en se formant. Et, croyez-moi, ce genre de rencontres, ces méthodes que nous mettons en place, participent à l’édification des leaders que nous sommes, à nous former pour nous montrer à la hauteur de tâche, face aux nombreux défis qui nous attendent », réitère KKB.


Quand on lui demande s’il a un message à partager avec la jeunesse burkinabè, Kouadio Konan Bertin se montre le plus illustratif possible, à travers cette caricature : « Vous savez, un match de football oppose toujours deux équipes. Les équipes, nous prenons le soin de les habiller dans des maillots aux couleurs différentes. Ceux (joueurs, ndlr) qui portent le même maillot avec la même couleur, sont appelés des partenaires, et entre partenaires, il n’y a pas de tacles. Entre partenaires, on se fait la passe, on va vers le même but. La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont deux peuples partenaires, il ne doit pas y avoir de tacles entre eux. Nous devons donc nous faire la passe, être solidaires pour combattre le terrorisme, combattre la pauvreté, la misère, le sous-développement. C’est cela nous devons faire ensemble, dans la solidarité de nos intelligences, dans la conjugaison de nos efforts. Nous sommes deux peuples et je le résume ainsi : un même destin ».

KKB (à gauche) était accompagné de proches collaborateurs, dont ceux de son service communication

L’homme politique ivoirien n’a pas échappé à l’actualité du procès du putsch, où sont cités des noms de personnalités ivoiriennes (politiques et militaires), comme ayant apporté un soutien aux présumés putschistes (de septembre 2015). En réaction à une question à cet effet, KKB n’a pas fait de la langue de bois : « Ça me rappelle d’autres situations qu’on a déjà vécues. Nous, Ivoiriens, notre rébellion est née ici ; ceux qui ont attaqué la Côte d’Ivoire sont partis du Burkina Faso. C’est ce genre de comportements qu’il faut que nous puissions donc laisser de côté. Quand je parle de partenaires sur le terrain, qui peuvent se faire la passe, qu’il n’y ait pas de tacles entre eux, c’est cela. Nos pays ne peuvent pas servir, mutuellement, de base arrière, l’un contre l’autre. Il faut que ces pratiques prennent fin. Ici et maintenant. Nous, jeunes, ne pouvons pas hériter de cette façon de faire la politique ».

Cette sortie au siège du CFOP-BF, sis à la Zone du bois, donne, sans doute, un aperçu de la communication (activité de l’association African Golden) qu’il donnera ce dimanche, 31 mars 2019 à 17 h30 au CENASA autour du thème : « Le rôle de la jeunesse dans l’intégration africaine : cas du Burkina et de la Côte D’Ivoire ».

Oumar L. Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net