L’interrogatoire complémentaire du Sergent-chef Roger Koussoubé a débuté ce 22 janvier 2019 au tribunal militaire délocalisé dans la salle des banquets de Ouaga 2000. L’homme avait déjà passé trois jours à la barre, les 10, 11 et 13 juillet 2018. A ces comparutions, il avait par exemple révélé l’existence de trois clans au sein du RSP. Maintenant, il dit ne plus vouloir en parler, se disant très petit, pour revenir sur les propos du Général Djibrill Bassolé qui avait nié avoir un clan au sein de la garde prétorienne. Il a une fois de plus nié avoir porté le message du coup d’Etat à l’Adjudant-chef major Éloi Badiel et à l’Adjudant Florent Nion. Convaincu de son innocence dans le coup d’Etat, il a prédit son acquittement.
« Je maintiens », a répondu le Sergent-chef Roger Koussoubé quand le président du tribunal lui demande s’il maintient ses déclarations des audiences des 10, 11 et 13 juillet 2018. Pour cet interrogatoire complémentaire, les dires de l’accusé n’ont pas beaucoup varié. Par exemple, il a maintenu le fait de n’être jamais allé voir l’Adjudant-chef major Eloi Badiel et l’Adjudant Florent Nion pour leur porter le message du Général Gilbert Diendéré les instruisant de faire un coup d’Etat. « Jamais », a insisté l’homme.
Mieux, il rappelle que la mission première de ses deux supérieurs (Eloi Badiel et Jean Florent Nion) était d’assurer la sécurité du président. Alors, il estime que s’il venait les voir pour leur apporter un message de coup d’Etat, la première chose qu’ils devraient faire, c’est de procéder à son arrestation. Pour ensuite le conduire chez le prétendu envoyeur, c’est à dire le Gal Diendéré pour vérifier l’information. « S’ils l’avaient fait, on ne serait pas là », a soutenu celui que d’aucuns appellent Touareg. Il soutient également que le coup d’Etat est illégal et qu’aucun chef ne va ordonner de le faire.
L’accusé a en outre précisé qu’il n’a jamais cherché à demander pardon à l’Adjudant Jean Florent Nion. Pourquoi ? s’est-il demandé tout en expliquant que c’est le Sergent Mohamed Zerbo qui a entrepris une médiation entre eux, mais lui refuse d’aller s’asseoir pour manger avec des gens qui veulent le tuer.
« Je ne reviens plus sur ça »
Lors de ses précédentes auditions, le Sergent-chef avait fait l’actualité quand il révélait l’existence de trois clans au sein du RSP. Celui de Diendéré, celui de Zida et enfin le clan de Bassolé. Revenu à la barre, le parquet a souhaité qu’il explique mieux cette révélation. Mais l’intéressé s’y est catégoriquement opposé. « Je précise que je ne reviens plus sur ça », a-t-il répété. Pour le ministère public, il n’appartient pas à un accusé de dicter la police des débats et chaque partie au procès peut poser les questions jugées nécessaires, quitte à l’accusé de refuser de répondre.
Et à Touareg de répondre que lors de sa comparution, le Colonel Boureima Kiéré a aussi fait cas de pro Diendéré, pro Zida et des non alignés au sein du RSP, pendant la transition. En plus, le Général Djibrill Bassolé a nié avoir un clan. « Je suis trop petit pour revenir sur les propos d’un Général », a clamé le commando.
Sur les déclarations de certains co-accusés qui l’enfoncent, le Sergent-chef Roger Koussoubé a estimé que les auditions ont été faites alors qu’il était en cavale en Cote d’Ivoire. Ce fut alors l’occasion de le charger. « A quelque chose malheur est bon. De mon vivant, je ne vais jamais laisser quelqu’un me salir », note l’accusé.
D’ailleurs, pour prouver son innocence, l’accusé rappelle qu’il était inculpé dans plusieurs dossiers, il y avait quatre mandats de dépôts contre lui. C’est seulement dans celui sur la désertion en temps de paix qu’il a été condamné. Dans l’affaire du Pont Nazinon, dans celle de Yimdi, il a été blanchi.
Il fait savoir qu’il sera aussi élargi dans le dossier du coup d’Etat. « Dieu merci, j’ai été blanchi dans les autres dossiers, je sais que ça sera ainsi dans ce dossier (…) Monsieur le président, vous allez m’acquitter comme dans les autres dossiers », a prédit l’accusé parce que selon lui, même si certains coaccusé l’enfoncent par certaines déclarations, c’est parce que chacun lutte pour s’en sortir. Et le ministère public de lui demander comment lui il lutte pour se tirer d’affaire. « Moi je dis la vérité », répond l’ancien élément du RSP.
L’avocat du Sergent-chef Roger Koussoubé s’est offusqué de ce que la partie accusatrice n’apporte aucun élément nouveau dans l’audition complémentaire de son client. Pour Me Alexandre Sandwidi, si cette deuxième audition doit se résumer à la lecture de procès verbaux d’auditions faites de « déclarations oisives et non constantes » d’autres accusés qui citent son client, c’est la preuve que le parquet n’a plus véritablement pas de preuves pour le confondre.
L’audition de celui qui dit être fatigué de répondre aux mêmes questions se poursuit ce 23 janvier 2019.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents