« Poursuite de la modernisation et de la digitalisation du paiement des impôts et taxes au Burkina Faso ». C’est le thème de la conférence de presse de ce mercredi 16 janvier, marquant le lancement officiel de la rentrée fiscale de la Direction générale des impôts (DGI), au titre de l’année 2019. Les réalisations de la DGI en 2018, ses perspectives pour 2019, étaient au cœur de cette rencontre qui s’inscrit dans le cadre du devoir de redevabilité de l’institution.

« Les performances de la DGI au titre de l’année 2018 sont positives, nous sommes dans la bonne dynamique et devons poursuivre notre effort pour l’année 2019 », foi du directeur général des impôts, Adama Badolo. En fin décembre 2018 , dit-il, les recouvrements effectifs réalisés par la DGI ont été de l’ordre de 737 391 418 220 francs CFA , correspondant ainsi à un taux de réalisation de 98,72% , contre 93,43% enregistrés en 2017. L’analyse comparée de ces niveaux de recouvrement relève d’un accroissement d’au moins 64 milliards par rapport à 2018, ce qui équivaut à une augmentation en valeur relative de 9,5%.

Quant aux recouvrements effectués au profit des collectivités territoriales au cours de la même période, ils se situent à 27,195 milliards de francs CFA sur une prévision de 28,444 milliards de francs CFA, soit un taux de réalisation de 95,60%. « Comparativement à l’année 2017 au cours de laquelle le taux de recouvrement était de 90,29%, on note aisément une hausse significative de ce taux d’au moins 5 points », a signifié Adama Badolo, précisant que la variation des niveaux de recouvrements entre 2017 et 2018 s’évalue à 21,98% en termes relatifs, soit une hausse de 4,90 milliards de francs CFA en termes absolus.

Autres réalisations à mettre à l’actif de la DGI en 2018 : la mise en place du portail de téléprocédures fiscales eSintax, permettant de télédéclarer et télépayer les impôts sur internet (9695 télédéclarations ont été effectués avec succès), la mise en place du nouveau logiciel de gestion de l’identifiant unique, la mise en place d’une stratégie d’apurement des RAR, l’édition et la diffusion du code général des impôts, l’élaboration des manuels de procédure.


859 milliards cinquante millions à recouvrer en 2019

Pour l’exercice 2019, Adama Badolo note que les prévisions de recouvrement sont portées à 859 milliards 50 millions, soit une hausse de 112 milliards cent soixante-quatorze millions. Comparé au recouvrement effectif de 2018, c’est une augmentation de 136 milliards de francs CFA. A ce sujet, le directeur général des impôts soutient que le défi est immense et doit être relevé en grande partie grâce à une application efficace des reformes consacrées par le code général des impôts, les mesures nouvelles et une meilleure maitrise du portefeuille des contribuables.

Aussi , dans le cadre de cette ambition d’accroissement des recettes fiscales, Adama Badolo dit compter sur des mesures d’élargissement de l’assiette fiscale, des mesures de renforcement de la lutte contre la fraude, de rationalisation des dépenses publiques et la promotion du civisme fiscal .


Pas de pluie d’impôts au Burkina

Soutenant que l’année 2019 doit être soutenue par la mise en œuvre de nombreux chantiers, Adama Badolo a rappelé que de nouvelles mesures fiscales seront mises en œuvre selon la loi des finances. Et si après l’adoption de ladite loi, nombreux sont les Burkinabè qui ont évoqué un « matraquage fiscal », le directeur général des impôts clame : « Je vous assure qu’en 2019, on a créé un seul nouvel impôt, c’est la taxe sur les véhicules à moteur qui, lui-même en réalité, est un ancien-nouvel impôt parce qu’il a existé dans ce pays, notamment avec les vignettes ».

Selon Adama Badolo, cette taxe instituée à la demande des associations de municipalité de Ouagadougou concerne uniquement les véhicules à quatre roues (les voitures personnelles). « On a restreint le champ et on a soustrait les motos et les tricycles. Pour l’instant, nous nous sommes limités aux véhicules des particuliers. Le tarif va de 7 000 à 30 000 francs CFA ».

S’agissant de la contribution du secteur boisson applicable aux personnes exerçant leurs activités dans la revente des boissons de fabrication locale et son remplacement par le régime fiscal de droit commun, le premier responsable des impôts explique que l’objectif est que ce secteur comme les autres secteurs d’activité, paye le juste prix en fonction du chiffre d’affaires et de l’ensemble des activités.


« Ce qu’il y a, c’est que tous ceux qui vendent la boisson comme les bars, buvettes, maquis et boites de nuit ne payaient pas d’impôt puisqu’ils étaient supposé payer l’impôt à l’achat de la boisson parce que la réforme de 94 avait institué la contribution du secteur boisson qui était retenue au moment de l’achat de la boisson et c’était un impôt global, représentatif de l’ensemble des impôts et taxes du secteur » a-t-il noté.

Puis de poursuivre : « Ce que nous avons dit, l’impôt, c’est aussi la capacité contributive ; de toute façon, quand vous achetez et qu’il y a l’impôt dedans, vous répercutez ça chez le consommateur et de plus en plus, rarement les gens ne font que de la vente de boisson, il y a par exemple des activités connexes comme la restauration, la grillade, on ne paye plus d’impôt parce que c’est le secteur boisson ». D’où l’idée de cette taxe pour contraindre les acteurs du secteur à déclarer leurs activités. « Aujourd’hui, les maquis, restaurants, (…) on va leur demander des déclarations d’existence. Il s’agit de leur soumettre à un régime fiscal de droit commun pour plus d’équité et de justice » a-t-il soutenu.


L’année 2019 verra également le rehaussement des tarifs de la taxe sur les armes, celle sur les boissons non alcoolisées ainsi que le rehaussement de la taxe spécifique sur les produits de parfumerie et des cosmétiques de 10 à 15%. Sur ce dernier point, Adama Badolo a indiqué que cette mesure permettra d’améliorer le rendement de la taxe tout en restant conforme à la directive communautaire sur les droits d’accises.

Aussi, en 2019, on assistera au rehaussement du montant de prélèvement sur les billets d’avion et son reversement dans le budget de l’Etat. La mise en place du cadastre fiscal, la poursuite du projet eSintax, la rédaction d’une doctrine fiscale et la mise en œuvre du plan de communication figurent également parmi les priorités de la DGI en 2019.

Nicole Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net