2018, annus horribilus ? Malgré des acquis dans certains secteurs, notamment celui de l’agriculture dont dépendent 80% des Burkinabè et qui a enregistré un bilan plus que satisfaisant avec près de 5 millions de tonnes, (soit une hausse de 21% par rapport à l’année précédente), 2018 se sera achevée dans un climat d’incertitudes, de peur et de stress pour beaucoup de Burkinabè.

Plus que toute autre conjoncture, la situation sécuritaire y est pour beaucoup. Du Nord, les attaques répétitives se sont multipliées et disséminées sur presque tout le territoire.

Conséquence, un état d’urgence en guise de cadeau de nouvel an ; c’est ce que les Burkinabè ont reçu de leur président. La situation l’exigeait, reconnaît-on de manière quasi unanime. Il aurait même dû intervenir plus tôt, ajoutent certains. Il faudrait l’étendre à tout le territoire national, renchérissent d’autres.

Ainsi, ce sont, au total, quatorze provinces disséminées dans six régions qui vont vivre une situation exceptionnelle, des restrictions dans certains domaines, notamment en matière de liberté de mouvement ; pour la bonne cause, celle de la sécurité qui est certainement la préoccupation prioritaire des Burkinabè aujourd’hui.

Y aura-t-il enfin vraiment du neuf sur ce front sécuritaire ? Après avoir annoncé plusieurs fois des mesures vigoureuses pour mettre fin à cette menace, cette dernière annonce va-t-elle, enfin, produire du neuf ? Il faudra du neuf ! Plus qu’un espoir, c’est une exigence désormais car il en va de la survie de notre pays dont plusieurs partie ne sont pas loin de la phase de métastase du fléau de l’insécurité.

Au plan socio-économique, 2019 devrait apporter aussi du neuf dans la gouvernance financière du Burkina Faso et partant, dans les revendications sociales. Avec notamment la remise à plat des modalités de traitement salarial des fonctionnaires qui engloutissent 55% des recettes de l’Etat, bien au-delà des 35% recommandés par les critères de l’UEMOA.

Après les assises nationales sur la rationalisation du système de rémunération, tenues du 12 au 14 juin 2018, la conférence nationale des forces vives a abouti à des recommandations dont la mise en œuvre devrait aboutir à un système plus équitable. L’application de ces recommandations est annoncée pour le début de cette année 2019.

Y aura-t-il du neuf sur les fronts social et économique en 2019 ? Il faudra du neuf car, selon certains spécialistes, juin 2019 est la ligne rouge qui ne peut pas être dépassée dans les conditions actuelles de gestion de nos finances publiques, sous peine d’aboutir à la faillite de l’Etat.

Les Burkinabè trouveront-ils les ressources financières, humaines, administratives, nécessaires pour un apaisement sur ce front-là ? En 2019, Il faudra du neuf particulièrement sur le front des revendications sociales. Sinon….

2019 devrait être aussi l’année de l’adoption d’une nouvelle constitution, celle de la Ve République. Au plan politique, il devrait y avoir donc du neuf en 2019. Mais ce neuf, au prix qu’il coûtera, avec notamment l’organisation d’un référendum constitutionnel évalué à environ 30 milliards de nos pauvres francs selon certaines sources, est-il indispensable ? Certainement pas ! A ce prix-là, on devrait se passer de ce neuf-là !

2019, année de toutes les incertitudes, mais aussi année de tous les possibles, le pire comme le meilleur. Saurons-nous le saisir par le bon bout ? Quand tout le monde veut le changement et que personne ne veut changer, d’où viendra l’impulsion ou la révolution qui mettra tout à plat ?

Saurons-nous trouver ce supplément de patriotisme pour payer le prix de la pérennité de notre patrie ?

En 2019, il faudra du neuf. Il y aura sans doute du neuf ! Mais à quel prix ?

Lefaso.net

Source: LeFaso.net