Deux heures d’audition suspendue et les journalistes en ont eu pour leur compte, en attendant le 7 janvier 2019, date de reprise du procès. Des déclarations aussi bien sur ces relations avec des civils et militaires accusés dans le dossier du putsch, le Général de Gendarmerie, Djibrill Bassolé en a fait. Son conseil, Me Dieudonné Bonkoungou, et Me Guy Hervé Kam de la partie civile apprécient.

Me Guy Hervé Kam, avocat de la partie civile

Me Guy Hervé Kam : « Même si le Général dit ne pas reconnaitre les faits, il y a quand même des propos très enrichissants qui ont été donnés par rapport au dossier. La suite est beaucoup attendue. Nous pouvons dire que nous avons été agréablement surpris car le Général lui-même reconnait la plupart des écoutes téléphoniques qui sont dans le dossier. On imagine maintenant que c’est le caractère intrinsèque de ces écoutes qui va faire l’objet de débat. Mais je crois qu’on avance dans le bons sens en ce qui le concerne.

On n’attend pas ici que des accusés viennent dire qu’ils sont responsables. Est-ce que les propos de l’accusé permettent ou non de détruire des charges qui pèsent contre lui ? Ce qu’on a entendu de la part du Général montre bien qu’on est en droite ligne de l’accusation qui est portée contre lui. C’est la première fois, qu’on entend de la bouche du Général lui-même qu’il y a eu des communications téléphoniques avec un certain nombre de personnes et le contenu de ces échanges tels que le Général le donne ne sont pas totalement différents de ce qu’on a dans ces écoutes. On va probablement discuter des nuances mais aujourd’hui, on a franchi un grand pas. Ça n’aurait pas été du tout la même chose si le Général disait qu’il n’avait jamais eu ces communications. Eh bien, il nous dira ce qu’il a eu et ce qu’il n’a pas eu ».

Me Dieudonné Bonkoungou, avocat du Général Djibrill Bassolé

Me Dieudonné Bonkoungou : « Le fait qu’il ait parlé à des personnes étrangères au Burkina, dans le cadre de la recherche de solutions à la crise du 16 septembre et jours suivants, n’est pas un secret. Dès son interpellation à la Gendarmerie, sans qu’on lui présente les écoutes téléphoniques supposées, il avait déjà abordé la question. Ce qui n’est pas quelque chose de nouveau. Il n’a pas été amené à en parler parce qu’aujourd’hui on lui oppose des éléments sonores ; il en a parlé avant même qu’on évoque quelque élément sonore que ce soit dans l’affaire. Cela n’accrédite pas l’élément principal qui est retenu contre lui et qui est la conversation Bassolé-Soro, qui est pour nous un truquage. Et on va le démontrer.

Par rapport à cette interprétation élastique que le Parquet veut faire de l’article 67, vous-mêmes vous l’aurez compris dès le début de l’audience, le Parquet a déclaré sans ambages qu’il ne peut pas donner la preuve de qui a tué, blessé et brûlé des biens. Et c’est d’ailleurs pour ça qu’il avait souhaité que la Chambre de contrôle retienne la charge de crimes contre l’humanité, ce qui est une charge bateau qui permet de ne pas faire de démonstration et d’accuser qui on veut pour les infractions.

C’est un aveu du parquet qui n’a pas de preuves. Le juge d’instruction n’a pas non plus investigué dans le sens d’établir qui a tué ou blessé. Il n’y a eu aucune orthodoxie dans la manière de procéder comme on le voit dans les enquêtes de tous les jours. Même quand les victimes viendront, vous verrez, je ne veux pas devancer l’iguane dans l’eau. Il y a des narrations qui vont certainement vous interpeller ».



Herman Frédéric Bassolé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net