Le 25 novembre consacre la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. En prélude, et dans l’esprit de cette importante date, l’association African Women Leaders (AWL) a concocté une série d’activités regroupées autour de ce qu’elle a appelé « 72 heures pour dire non aux violences faites aux femmes ». C’est dans ce cadre que l’organisation a animé ce vendredi, 23 novembre 2018 à Ouagadougou, un panel sur le thème : « Regards croisés sur les violences faites aux femmes ».

Créée en 2015, African Women Leaders (AWL) s’est assigné pour objectif principal d’aider des associations de femmes à lutter contre les formes de discriminations. En trois ans d’existence, elle a travaillé sur le terrain avec plus d’une soixantaine d’associations des communes de Ouagadougou, Boussé, Léo et Sapouy et compte étendre ses actions à d’autres communes, notamment celles rurales.

Elle se veut une offre de plateformes éducatives de sensibilisation et de renforcement de capacités à travers des associations féminines pour maximiser la création de valeur ajoutée et l’intégration conjointe des femmes et des jeunes à l’entreprenariat, tout en développant leurs capacités et leur leadership pour une autonomisation. Depuis sa création, AWL ne cesse de multiplier les actions et initiatives allant dans le sens de ses missions.

C’est dans cette dynamique qu’elle a initié ces « 72 h pour dire non aux violences faites aux femmes ». Selon les responsables d’AWL, le phénomène se vit en silence au Burkina et l’ampleur est notable. Quelle occasion mieux que la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes pour discuter de ce phénomène ? D’où l’importance du panel autour de la question. Elle a réuni plusieurs spécialistes dont l’association des femmes juristes du Burkina, des leaders coutumiers…devant un parterre de participants, constitués en majeure partie de Femmes.

Pour camper le décor, la présidente d’AWL, Marie Hermann Coulibaly, a confié qu’une enquête menée dans la capitale, précisément au sein des foyers et portant sur 1 000 personnes, montre que le phénomène interpelle plus d’un dans la société burkinabè. « Il ressort que 99% des femmes dans un foyer légalement constitué, ou non constitué, ont été victimes, d’une manière ou d’une autre, de violences », appris la présidente d’AWL. Mme Coulibaly précise que « ces chiffres montrent également que 80 à 95% des femmes subissent toutes les formes de violences, physiques, économiques, sexuelles… ». Parmi les multiples formes de violences dont la femme est victime, la violence psychologique, incarnée sous plusieurs formes, mais très souvent occultée, semble la plus vécue par la majorité des femmes enquêtées à Ouaga.

Selon les explications des responsables d’AWL, 80% des victimes considèrent cependant leur situation normale et, ce, au nom de la tradition ou de leur religion.

« Il y a des femmes qui ont témoigné passer des mois, voire des années, sans avoir de rapports sexuels avec leur mari. La femme n’ose pas en parler, même pas à une amie ou à la famille, quand bien elle en souffre », apprend-on.

Pour Clarisse Nadembèga, membre de l’Association des femmes juristes du Burkina, une des panélistes, c’est une question de mauvaise interprétation de certaines coutumes et pratiques religieuses. « On a dit dans la Bible que la femme doit être soumise à l’homme. En même temps que les religions incitent les femmes à être soumises, en même temps, il est dit aussi que les hommes doivent respecter leur femme comme leur chair.


Les hommes ignorent cette partie et se focalisent sur la partie de la soumission. On est soumis dans le respect », explique-t-elle, précisant que ces pratiques n’ont aucun fondement dans la religion. « Aucune religion ne promeut la violence. Le socle de chaque coutume et chaque religion, c’est l’amour », recommande-t-elle.

Clarisse Nadembèga a saisi l’opportunité pour sensibiliser sur le mariage, ses implications, notamment en termes de droits et de devoirs.

A l’issue du panel, les participantes ont confié avoir été édifiées par les communications. Pour elles, de telles activités sont à multiplier pour permettre à l’ensemble des membres de la société, notamment les femmes, de comprendre certaines situations qui, mal appréhendées, portent des coups durs aux foyers et aux enfants. C’est en cela qu’elles se sont montrées reconnaissantes à l’association African Women Leaders pour l’initiative.

African Women Leaders qui s’est fait porte-voix des femmes pour décrier ces violences a également initié à cet effet une pétition contre le phénomène. Une fois le nombre de signatures atteint, la pétition sera déposée devant les autorités pour suite à donner.

Rappelons que ces 72 heures (du 23 au 25 novembre) de l’association African Women Leaders étaient placées sous la présidence du ministre de la Femme, de la Solidarité nationale et de la Famille ; le co-parrainage du ministre de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique et du maire de l’arrondissement N°5 de Ouagadougou.

Outre le panel, elles ont été meublées par plusieurs autres activités de sensibilisation et d’interpellation.



ZLY

Lefaso.net

Source: LeFaso.net