Véritables problèmes de santé publique, les maladies d’origine alimentaire peuvent conduire à des situations d’urgence, surtout si le pays affecté n’est pas préparé à y répondre. La question était cœur d’une rencontre de concertation tenue du 25 au 26 octobre 2018, entre les acteurs nationaux et les partenaires au développement intervenant dans la sécurité sanitaire des aliments. Ladite rencontre a été initiée par le ministère de la Santé, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
La question sécuritaire et sanitaire des aliments, selon le secrétaire national chargé de la formation et de l’éducation des consommateurs de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), Daniel Da Hien, couvre plusieurs variances, dont la sécuritaire zoo-sanitaire des aliments, la question phytosanitaire et l’alimentation à proprement dit.
« Jusque-là, chaque acteur évolue de son côté. Le secteur de l’agriculture avec ses inspections, l’élevage avec ses inspections, le ministère de la Santé pour les questions d’hygiène et autres », a relevé Daniel Da Hien, avant de poursuivre : « La Ligue des consommateurs se débat tous les jours pour que les questions sécuritaires des aliments soient respectées et prises à bras-le-corps, mais chaque fois que le consommateur est confronté à un problème, il ne s’est pas à qui s’adresser ». Pour lui, il y a nécessité que tous les acteurs travaillent en synergie pour le bien-être du consommateur.
- Daniel Da Hein, secrétaire national chargé de la formation et de l’éducation des consommateurs (LCB)
Et de s’interroger : « Qui est chargé du contrôle de ces pois de terre qui sont préparés à base de carbure, de ces ‘porcs au four’ dont la cuisson se fait en moins de deux heures de temps, de ces salades et tomates qui sont cultivées au bord des caniveaux d’hôpitaux, de ces choux qui ont été arrosés de pesticides ? ».
Ces difficultés, le gouvernement Burkina semble en avoir pleinement conscience. « L’urgence pour nos populations n’est pas d’attendre d’être malades d’une intoxication alimentaire éventuelle. Travaillons à prévenir à tout prix la santé des populations », a signifié Dr Ella Compaoré, secrétaire technique chargée de l’alimentation et de la nutrition, représentant le ministre de la Santé.
En effet, dit-elle, la gestion des menaces à la sécurité sanitaire des aliments exige des pays qu’ils maintiennent des systèmes d’alerte rapide, des plans de préparation et des systèmes d’intervention d’urgence ayant des liens avec les réseaux internationaux pertinents.
- Dr Ella Compaoré, secrétaire technique chargée de l’alimentation et de la nutrition
C’est à cet effet que s’inscrit la présente rencontre qui, selon Karim Koudougou, point de contact d’urgence pays du Réseau international des autorités de sécurité sanitaire des aliments (INFOSAN), permettra de mettre en place des dispositifs pour assurer la Sécurité sanitaire des aliments (SSA) au profit des populations. En d’autres termes, il s’agit de renforcer la collaboration intersectorielle, le partenariat et le partage d’informations dans la gestion des incidents et des situations d’urgence en matière de SSA et la participation efficace au réseau international d’alerte dont INFOSAN .
Pas de cadre formel de concertation des acteurs de la SSA
Au Burkina, l’implication des pouvoirs publics dans le dispositif de sécurité sanitaire a été marquée par la mise en place de structures diverses telles que le Comité national du codex alimentarius (CNACA-BF), le Comité national sanitaire et phytosanitaire (SPS), le Dispositif national d’évaluation scientifique des risques sanitaires et phytosanitaires (DNER-SPS), la désignation de points focaux au niveau des différents départements ministériels ; mais dans la pratique, des défis restent énormes.
Et ce, en matière d’alerte rapide et de participation efficace au réseau INFOSAN et, surtout, l’absence de cadre formel de concertation des acteurs de la sécurité sanitaire des aliments. Espérant que cette rencontre viendra combler ce vide, Dr Ella Compaoré a exhorté l’ensemble des acteurs à travailler en concertation dans les prochains jours, dans le sens de la prévention de la santé des populations. Le plus important étant que les populations soient informées et sensibilisées.
Notons qu’au cours de cette rencontre, le Sénégal a été convié à partager son expérience relative à son plan d’urgence en matière de sécurité sanitaire des aliments.
Nicole Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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