Le procès du groupe Breba Finance, initialement prévu pour ce 20 mars 2025, a été reporté au 3 avril 2025 par la Cour d’appel. Ce renvoi, décidé par la juridiction compétente, prolonge l’attente des 218 victimes qui réclament un remboursement total de 3,5 milliards de francs CFA. Ces dernières espèrent que ce procès soit pédagogique pour sensibiliser l’opinion publique aux dangers des systèmes de placement d’argent frauduleux.
Déscolarisation d’enfants, séparations de couples, ruine financière de nombreuses personnes, voici, entres autres, les préjudices relevés par le représentant du collectif des victimes de Breba Finance, Arsène Kinda. Selon lui, le business dans lequel ses camarades et lui se sont investis, a eu des conséquences dramatiques. « Certains investisseurs étaient aisés et se retrouvent aujourd’hui dans une situation de précarité. Nous avons des cas de personnes ayant perdu jusqu’à 15 millions de francs CFA », a-t-il déclaré à la sortie de l’audience.
Entre gel des comptes et bataille judiciaire
Le groupe Breba Finance, créé en mars 2015 par Wendkouni Michael Breba, opérait dans le trading et proposait des investissements à haut rendement à travers une plateforme en ligne. Le principe était le suivant : « Les investisseurs effectuaient physiquement leurs dépôts auprès de la société, ou via mobile money. Ensuite, un compte leur était ouvert sur une plateforme en ligne. Ce compte répertoriait leurs identités, le montant investi et les profits générés. Les retraits s’effectuaient directement sur la plateforme, soit par carte bancaire Coris ou UBA, soit via un compte Orange Money. Les paiements s’effectuaient de manière hebdomadaire, selon un système préétabli.
Par exemple, un investissement initial de 200 000 francs CFA générait un bénéfice équivalent, portant le capital total à 400 000 francs CFA au bout de cinq mois. L’investisseur pouvait alors retirer 10 % de son capital chaque semaine, soit 20 000 francs CFA. Ainsi, après vingt semaines, il récupérait la totalité de son investissement initial de même que les intérêts. Ceux qui souhaitaient maximiser leurs gains avaient également la possibilité de réinvestir leurs profits et de prolonger le cycle », a expliqué le représentant du collectif des victimes.
<p class="note" style="position: relative; color: #012b3a; margin: calc(23.2px) 0px; padding: calc(9.6px) 40px; border-left: 5px solid #82a6c2; background-color: #eaf0f5; border-top-color: #82a6c2; border-right-color: #82a6c2; border-bottom-color: #82a6c2; font-family: Montserrat, sans-serif;" data-mc-autonum="Note: « >À lire aussi : Situation des sociétés de trading au Burkina : « Il est impossible de désintéresser les victimes en comptant sur le patrimoine des personnes poursuivies », selon le ministre Nacanabo
Arsène Kinda rappelle que Breba Finance a commencé à accuser des retards de paiement dès mai 2016. Comme explications, la société de trading avait invoqué un gel de ses comptes par la justice après une plainte déposée contre elle. C’est donc face à ces difficultés qu’un collectif d’investisseurs, poursuit monsieur Kinda, a été constitué pour tenter une médiation avec les autorités à l’époque, en faisant notamment recours au ministre de la sécurité intérieure, Simon Compaoré et au Mogho Naaba, sans succès. Une plainte judiciaire a été alors déposée avec le concours de Me Marcelin Somé, mais l’affaire est classée sans suite en octobre 2024 pour plainte mal constituée.
Un nouveau rebondissement en 2024
Initialement composées de trois personnes, les victimes avaient engagé une procédure civile. Cependant, leur demande de remboursement a été rejetée en première instance pour manque de preuves tangibles attestant du dépôt d’argent auprès de Breba Finance, a confié Me Saba Kossy, conseil des victimes. Toutefois, ces plaignants interjettent appel en 2019 et le dossier prend une nouvelle tournure en mars 2024, avec l’arrivée de 215 autres victimes, portant leur nombre à 218.
Le 20 janvier 2025, la Cour déclarant le dossier en état d’être jugé, programme l’audience pour mars 2025. Cependant, l’audience de ce 20 mars en effet, est reportée au 3 avril 2025, laissant les victimes sur leur soif de voir le dénouement de cette affaire.
Un système de Ponzi
Pour Arsène Kinda, Breba Finance fonctionnait selon un système de Ponzi : « On prend l’argent des nouveaux investisseurs pour payer les anciens, jusqu’à ce que le système s’écroule. Aujourd’hui, on continue de voir des offres similaires circuler sur les réseaux sociaux et même au Burkina Faso. Il faut que ce procès serve d’exemple pour éviter d’autres arnaques », s’est-il indigné.
Le collectif des victimes, représenté par Me Saba Kossy, espère que cette audience permettra enfin d’établir la responsabilité de Breba Finance et d’obtenir réparation. Le 3 avril 2025, la Cour d’appel devra trancher sur cette affaire qui, dix ans après le lancement de la société, reste un symbole des risques liés aux placements financiers frauduleux.
<p class="note" style="position: relative; color: #012b3a; margin: calc(23.2px) 0px; padding: calc(9.6px) 40px; border-left: 5px solid #82a6c2; background-color: #eaf0f5; border-top-color: #82a6c2; border-right-color: #82a6c2; border-bottom-color: #82a6c2; font-family: Montserrat, sans-serif;" data-mc-autonum="Note: « >Lire aussi : Groupe Breba finances : Des investisseurs réclament leur dû
Hamed Nanéma
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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