L’efficacité des centrales solaires est un enjeu majeur pour la transition énergétique du Burkina Faso. Dans la dynamique d’aboutir à cette efficacité, la Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL) a bénéficié ce vendredi 28 février 2025, d’équipements innovants pour le nettoyage des panneaux et la surveillance des infrastructures de la Centrale solaire photovoltaïque de Zagtouli. C’est le Centre ouest-africain de services scientifiques sur le changement climatique et l’utilisation adaptée des terres (WASCAL), avec le soutien financier du ministère fédéral allemand de l’Education et de la recherche (BMBF), qui est à l’origine de la remise de cet important matériel. Elle s’est déroulée dans le cadre du projet PV2H Burkina

La fourniture d’équipements d’entretien de panneaux solaires à la SONABEL, vise à améliorer la performance de la centrale solaire photovoltaïque de Zagtouli, un site stratégique pour l’approvisionnement énergétique du pays, avec une capacité de 33 MW. Ceci, dans un contexte marqué par une période de chaleur où la demande d’énergie est très forte.

Selon le directeur général de la SONABEL, Souleymane Ouédraogo, cet évènement se veut un symbole fort sur l’engagement du Burkina Faso à faire en sorte que les énergies renouvelables soient une réalité. « Aujourd’hui, nous recevons avec beaucoup de gratitude un don qui va nous permettre d’être un peu plus efficace dans la fourniture du service public de l’électricité au Burkina Faso. Le matériel de nettoyage qui vous sera remis ce matin va permettre que nous puissions faire en sorte que nos équipements solaires soient beaucoup plus performants dans la délivrance de l’énergie électrique », a-t-il affirmé.

« Cette technologie de pointe va permettre un nettoyage régulier de nos panneaux, en tirant le meilleur parti de l’abondante ressource solaire que la nature nous offre », Souleymane Ouédraogo, directeur général de la SONABEL (tenant le matériel)

Des équipements d’une valeur de 300 millions de francs CFA

D’un coût total de près de 300 millions de francs CFA TTC, les équipements fournis à la SONABEL comprennent notamment un tracteur New Holland T6.160. C’est un moteur puissant et polyvalent conçu pour faciliter le nettoyage des panneaux solaires. À cela s’ajoutent 17 caméras de surveillance Hanwha 6MP PTZ IR x30, dotées d’une vision nocturne avancée et d’un zoom optique performant pour renforcer la sécurité du site.

Le directeur exécutif de WASCAL, Pr Emmanuel Wendsongré Ramdé a, dans son intervention, souligné que le projet PV2H ambitionne dans un premier temps, de lever les obstacles techniques liés à l’exploitation des grandes centrales solaires connectées au réseau électrique. Cela, afin d’optimiser leur production, et dans un second temps, d’améliorer les connaissances scientifiques et techniques de la production de l’hydrogène vert à partir du solaire PV. « C’est pourquoi, dans la réalité climatique des pays de la bande sahélienne, la question de l’accumulation des poussières sur le module solaire s’est avérée un sujet d’intérêt pour ce projet. Ainsi, le projet s’est fixé le but de relever ce défi en prospectant à l’échelle mondiale, diverses technologies innovantes afin d’identifier celles qui sont adaptées à nos réalités locales », a-t-il expliqué.

« Parmi les actions clés du projet à venir, nous pouvons citer, la mise en place d’une plateforme de collaboration des opérateurs de centrales solaires en Afrique de l’Ouest », Pr Emmanuel Wendsongré Ramdé, Le directeur exécutif de WASCAL

Pour ce faire, le Pr Ramdé ajoute que des voyages d’étude ont été réalisés par WASCAL en Chine, en Allemagne, au Luxembourg, avec la participation de la SONABEL, du ministère de L’Énergie et de l’université Joseph Ki-Zerbo. En attendant le déploiement de ces solutions qui devraient servir à des études scientifiques, WASCAL, soutenu par le ministère allemand de l’Education et de la recherche, a consenti au renouvellement du système existant de nettoyage classiquement utilisé dans la centrale de Zagtouli, ainsi que de son système complet de vidéosurveillance.

Le Burkina dispose de huit centrales d’une capacité de 220 MW

La cérémonie qui s’est tenue sous la présidence du ministre de l’énergie, des mines et des carrières, Yacouba Zabré Gouba, marque une avancée importante dans l’optimisation de la production d’énergie solaire au pays des hommes intègres. « Le Burkina Faso a fait le choix du mix énergétique en s’appuyant notamment sur ses potentialités naturelles en vue de faire de l’accès à l’électricité et à moindre coût, une réalité pour nos populations et nos entreprises. En plus des centrales thermiques, le pays dispose aujourd’hui de plus de huit centrales de grande capacité d’une puissance cumulée de plus de 220 MW. La centrale photovoltaïque de Zagtouli qui nous accueille aujourd’hui, représente un jalon essentiel de notre mix énergétique. Première centrale de grande capacité connecté au réseau interconnecté de la SONABEL, elle a servi comme un cas d’école et inspiré avec confiance le développement de plusieurs autres projets similaires en Afrique », a indiqué le ministre de l’énergie.

Le tracteur New Holland T6.160 a été testé par le ministre de l’énergie, des mines et des carrières, Yacouba Zabré Gouba

Vers une collaboration renforcée en matière d’énergie solaire

Lors de son intervention, le premier conseiller de l’ambassade de la République fédérale d’Allemagne au Burkina Faso, Jan Meise, a souligné que la problématique de l’entretien des panneaux solaires et l’optimisation de la productivité des centrales photovoltaïques ne concernent pas uniquement le Burkina Faso, mais également son pays. Il a ainsi mis en avant l’intérêt d’une coopération entre les deux nations pour relever ce défi commun. De son point de vue, cette collaboration pourrait se concrétiser à travers un programme de recherche porté par WASCAL. Une initiative qui permettrait de développer des solutions adaptées aux contextes locaux, tout en favorisant le partage d’expertise entre chercheurs burkinabè et allemands.

Le projet PV2H, lancé en août 2022, s’inscrit dans une dynamique d’innovation technologique pour améliorer l’exploitation des centrales solaires en Afrique de l’Ouest. Il vise notamment à répondre au défi du nettoyage des modules solaires, un enjeu crucial dans les zones sahéliennes où l’accumulation de poussière réduit considérablement le rendement énergétique.

Le premier conseiller de l’ambassade de la République fédérale d’Allemagne au Burkina Faso, Jan Meise a honoré l’évènement par sa présence, montrant l’intérêt que son pays accorde à la coopération dans le secteur solaire

Présentation de WASCAL

Pour rappel, WASCAL est une organisation intergouvernementale qui regroupe douze pays d’Afrique de l’Ouest. Créé en 2012, elle bénéficie du soutien financier de la République fédérale d’Allemagne, son principal partenaire. Sa mission principale est de produire des connaissances scientifiques permettant de renforcer la résilience des pays membres face aux défis climatiques. Pour cela, l’organisation mise sur la recherche, l’innovation, la formation et la fourniture de services environnementaux et climatiques adaptés aux réalités locales.

En plus de ses activités de recherche, WASCAL joue un rôle clé dans le renforcement des capacités humaines à travers des programmes de formation avancés. En treize ans d’existence, il a formé près de 700 diplômés aux niveaux master et doctorat dans diverses disciplines liées au changement climatique. L’organisation structure ses interventions autour de cinq thématiques prioritaires, dont le développement des énergies renouvelables et de l’hydrogène. À travers ces initiatives, WASCAL contribue activement à l’émergence d’une expertise scientifique locale et à la promotion de solutions durables pour l’Afrique de l’Ouest.

Hamed Nanéma

Lefaso.net

Source: LeFaso.net