« Ouezzin Daniel Lazare Coulibaly, voie d’Afrique », un film documentaire de 61 minutes, a été projeté ce lundi 24 février 2025. Il retrace la vie, le parcours de ce fonctionnaire de haut niveau et homme politique panafricaniste du temps colonial. Un devoir de mémoire pour son réalisateur, Bernard S. Yaméogo.

À travers ce film, Bernard S. Yaméogo veut restituer un pan de l’histoire de la Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso. Cette œuvre revient, en outre, sur l’engagement et la détermination de Ouezzin Daniel Lazare Coulibaly et de ses compagnons de l’époque dans la lutte pour l’autodétermination des colonies françaises. Il replonge les cinéphiles dans l’atmosphère nostalgique culturelle et sociale des années 1950. C’est également un zoom sur le décor des écoles, des rues, des quartiers et des stades portant son nom dans la plupart des capitales des anciennes colonies françaises en Afrique.

Ihmotep Serge Bayala, acteur de la société civile, salue le caractère éducatif du film

Ce voyage en images, faut-il le dire, fait remonter toutes ces contrées où il est passé, retrace la politique à travers le RDA et les victoires engrangées comme la reconstitution de la Haute-Volta en 1947 ou la cause des anciens combattants. Les interviews et témoignages scripturaires de l’époque, quant à eux, dévoilent son programme de gouvernement de 1957 qui demeure une référence et inspire une Afrique encore en quête d’un développement adapté. C’est donc un projet qui a une valeur pédagogique, à usage télévisuel, académique, scolaire et didactique. Il s’adresse principalement à la jeunesse. En ce sens qu’il servira de repère des mémoires. C’est aussi destiné aux panafricanistes qui rêvent d’une Afrique unie. Il est enfin ouvert au grand public.

Ouezzin Coulibaly était un panafricaniste avéré

Un film pour les Burkinabè

« Ouezzin Coulibaly l’érudit instituteur, Ouezzin Coulibaly natif de Poé, à Dédougou, a eu comme carrière l’enseignement. Cela l’a conduit sur la scène politique africaine. Depuis lors, il a parcouru toute l’Afrique avec une seule idée : la liberté des Africains », a situé l’auteur. Il a indiqué que c’est une première partie de la restitution du mémoire de Ouezzin Coulibaly et de tous ses contemporains qui ont porté le pays sur les fonts baptismaux de la république. « Cette conscience historique est importante pour la jeunesse d’aujourd’hui. Parce que sans repère, nous allons nous enfoncer », a-t-il prévenu avant d’ajouter que tous les chefs d’État ont puisé dans ses discours et personne n’a pu finir ce qu’il a entamé. Il se battait pour la jeunesse, la condition féminine, les syndicats et les journalistes. « À travers lui, nous rendons hommage à tous les autres. Car la conscience historique est un devoir pour nous. Sa réalisation a duré plus de trois ans et a coûté plus de 87 millions de francs CFA. Ce film, je l’ai fait avec le cœur, car même pas 15 % des prévisions n’a pu être regroupé », a-t-il informé. Le film est en compétition au Burkina Faso à cette 29ᵉ édition du FESPACO. C’est pour le réalisateur une fierté parce qu’il dit l’avoir fait d’abord pour les Burkinabè.

Ce film est le premier d’une série de trois, selon le réalisateur

« Il faut s’inspirer des devanciers » …

Silué Sita S., déléguée générale du Festival africain du cinéma et de l’audiovisuel des savanes (FACAS), apprécie le film à sa juste valeur. « J’ai beaucoup apprécié ce film, c’est un très beau film et c’est ce qu’on souhaite. Moi, je ne fais que des films documentaires, parce que j’aime raconter l’histoire aux jeunes pour qu’ils s’inspirent des devanciers. Ce sont des films comme cela que nous voulons pour conquérir le monde du cinéma. Ce film dit ce qu’il y a sans agresser. Il dit ce qu’il y a, ce qui a été », a-t-elle analysé.

Silué Sita S., déléguée générale du Festival africain du cinéma et de l’audiovisuel des savanes (FACAS), apprécie le film à sa juste valeur

Même son de cloche pour Lianhoué Imhotep Bayala, pour qui cette œuvre est monstrueuse. « C’est de ce cinéma dont on a besoin. Avec cette œuvre, on rend hommage à un grand patriote », a-t-il dit. Selon lui, le réalisateur vient de nous réconcilier avec Daniel Ouezzin Coulibaly, un génie qui manque à l’Afrique.

Obissa Juste Mien

Lefaso.net

Source: LeFaso.net