Ceci est une déclaration de l’Association des étudiants burkinabè en France (AEBF) et de l’Organisation démocratique de la Jeunesse du Burkina Faso (ODJ France) à l’occasion de la commémoration en différé de la journée de lutte contre les crimes de sang et pour les libertés démocratiques au Burkina Faso en hommage au journaliste Norbert Zongo.
Après avoir passé en revue la situation des libertés fondamentales en Afrique et en particulier au Burkina Faso, ces deux organisations exigent entre autres, toute la lumière sur l’affaire Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune, ainsi que pour toutes les victimes de la violence en politique, condamnent les attaques des groupes armés terroristes contre les populations civiles, les FDS et les VDP, et invite le pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré à jouer son rôle régalien de sécurisation des biens et des personnes et apportent leur soutien aux éléments des FDS et VDP qui se battent courageusement sur les différents fronts pour faire face à la situation.
Ci-dessous l’intégralité de la déclaration.
Lefaso.net
Association des Etudiants Burkinabè en France (AEBF)
Organisation Démocratiques de la Jeunesse du Burkina Faso (ODJ France)
DECLARATION A L’OCCASION DE LA JOURNEE DE LUTTE CONTRE LES CRIMES DE SANG ET POUR LES LIBERTES DEMOCRATIQUES AU BURKINA FASO
La journée de lutte contre les crimes de sang et pour les libertés démocratiques au Burkina Faso, commémorée ce jour 22 février 2025 en différée, en hommage au journaliste Norbert Zongo, se tient dans un contexte international et national trouble et complexe.
A l’international, la situation est marquée par l’approfondissement de la crise multidimensionnelle du système capitaliste impérialiste mondial avec ses manifestations les plus violentes. Les puissances impérialistes (Etats-Unis, Russie, France, etc.) rivalisent pour le partage du monde en zone d’influence, tout en multipliant les foyers de tension comme c’est le cas en Ukraine, en Syrie, en Palestine, au Sahel, dans la Corne de l’Afrique, en République Démocratique du Congo (RDC), etc. Ces guerres réactionnaires imposées par ces puissances impérialistes ne visent que la préservation de leurs intérêts stratégiques et géostratégiques.
Les travailleurs et les peuples expriment de plus en plus ouvertement leur rejet de ce système ainsi que des interventions militaires à travers des manifestations à caractère anti-impérialiste. Nos organisations apportent leur soutien aux forces démocratiques et révolutionnaires en lutte pour la rupture révolutionnaire avec ce système et pour un progrès social véritable.
Au Burkina Faso la situation reste marquée par les éléments caractéristiques suivants :
La guerre civile réactionnaire imposée à notre peuple par les puissances impérialistes et les Groupes Armés Terroristes (GAT), avec pour conséquence des milliers de victimes civiles et militaires, de nombreux blessés, des personnes déplacées internes.
Malgré les efforts entrepris par les différentes composantes de notre peuple pour financer la guerre et doter nos FDS et VDP de matériels militaires, les attaques se poursuivent dans différentes régions du pays. Cette guerre a causé un véritable drame humanitaire avec plus d’un million de personnes déplacées internes (PDI), des centaines de milliers d’élèves privés d’éducation du fait de la fermeture d’établissement d’enseignement, et plusieurs autres milliers de personnes privées de soins.
L’incapacité du pouvoir du MPSR2, à l’image de ses successeurs du MPSR1 et du MPP à répondre aux préoccupations fondamentales des populations, notamment en termes de sécurité et d’améliorations des conditions d’existence.
Le Burkina Faso reste le pays le plus touché par le terrorisme dans le monde selon les données du Global Terrorism Index 2024, devant des pays comme Israël, le Mali, le Pakistan et la Syrie. Cela témoigne de la dégradation de la situation sécuritaire. Cette situation vient confirmer une fois de plus que le putschisme ne saurait constituer une alternative crédible à la faillite du système néocolonial.
Les élèves, étudiant.es, travailleurs.euses, artistes, sans emploi doivent se démarquer des illusions électoralistes et putschistes, et se battre résolument aux côtés de notre peuple pour la rupture révolutionnaire.
Les atteintes aux libertés fondamentales. Sur ce plan, le pouvoir du MPSR2 rappelle tristement les périodes sombres de l’histoire politique de notre pays.
Enlèvements et réquisitions arbitraires de citoyens, disparitions forcées, menaces, intimidations de personnes critiques vis-à-vis du pouvoir en place sont devenus la règle. Sous le prétexte de faire de la communication de guerre, l’espace public est pollué par des fake news et les journalistes ou organes de presses qui essaient de produire de l’information de qualité au public sont systématiquement réprimés. C’est dans ce cadre qu’il faut inscrire les enlèvements d’Atiana Serge Oulon et d’autres de ses collègues (Kalifara Séré, Adama Bayala, Alain Traoré dit Alain Alain). Outre ces hommes de médias, de nombreux autres burkinabè ont été enlevés et séquestrés sans que leurs proches ne sachent où ils sont. On peut citer entre autres Lamine Ouattara du MBDHP, Rasmané Zinaba et Bassirou Badjo, du Balai Citoyen, Prosper Bassolé, Salifou Taïta, Arouna Louré. L’AEBF et la section France de l’ODJ leur apportent leur soutien sans faille.
La stigmatisation d’une partie des Burkinabè, matérialisée par la catégorisation en « apatrides » et « patriotes », selon qu’on soutient ou pas le pouvoir du MPSR2. Les « patriotes », soutiens inconditionnels du pouvoir ont le droit de menacer, d’intimider, d’appeler au meurtre d’autres Burkinabè sans être inquiété. Les « apatrides » sont les Burkinabè qui ont un avis critique vis-à-vis du pouvoir en place et traités « d’ennemis » du pays. Cette catégorisation est lourde de danger pour la paix et la cohésion sociale dans notre pays.
Le renchérissement du coût de la vie. En plus des conséquences sécuritaires, des taxes injustes sont imposées aux populations, des coupures unilatérales de salaire imposées, une augmentation du prix du carburant avec son corollaire.
Le prix des hydrocarbures a connu une augmentation sans précédent sous le MPSR 2 : plus 235 FCFA sur le litre du super 91 suite aux augmentations successives de 100 F le 12 mai 2022, de 35 F le 18 août 2022 et de 100 francs le 11 février 2023.
La prime à l’impunité des auteurs du putsch de 2015.
Le MPSR 2 à l’instar de ses prédécesseurs, agit dans le sens de faire regretter à notre peuple l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. En effet, après le MPP qui a criminalisé l’insurrection dans le code pénal, et le MPSR1 qui a tenté de restaurer la galaxie Compaoré, c’est autour du MPSR 2 de faire adopter le 30 décembre 2024 à travers l’Assemblée Législative de Transition (ALT) le projet de loi portant amnistie et conditions d’octroi de la grâce amnistiante aux auteurs du coup d’Etat de septembre 2015.
Un nouveau coup de poignard dans le dos de notre peuple, des familles des victimes et des nombreux blessés qui portent encore les séquelles de cette barbarie des putschistes du tristement célèbre défunt Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP).
Norbert Zongo était attaché à la préservation des droits les plus élémentaires, en premier lieu, celui à la vie. Journaliste et démocrate convaincu, il tenait à la liberté d’expression, d’opinion et de presse. Il dénonçait l’impunité.
C’est d’ailleurs parce qu’il croyait à cet idéal qu’il a été lâchement assassiné par le pouvoir autocratique de Blaise Compaoré. Depuis son assassinat, notre peuple s’est dressé comme un seul homme dans un vaste mouvement populaire pour non seulement exiger la vérité et la justice pour lui, mais aussi dire plus jamais de crime de sang dans notre pays.
Cela a permis à notre peuple d’engranger des acquis considérables. Ces acquis sont aujourd’hui remis en cause par le pouvoir du MPSR2, qui vraisemblablement nous replonge dans les tristement célèbres périodes de l’histoire politique de notre pays où la banalisation de la vie humaine avait cours.
Au regard de ce qui précède, nos organisations :
Exigent toute la lumière dans l’affaire Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune, ainsi que pour toutes les victimes de la violence en politique ;
Condamnent les attaques des groupes armés terroristes contre les populations civiles, les FDS et les VDP, et invite le pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré à jouer son rôle régalien de sécurisation des biens et des personnes ;
Dénoncent les agissements des puissances impérialistes en concurrence dans notre pays, notamment la Russie, la France et les USA qui ont pour seul but de transformer notre pays en champ de bataille pour leurs intérêts ;
Apportent leur soutien aux éléments des FDS et VDP qui se battent courageusement sur les différents fronts pour faire face à la situation ;
Appellent les militant.e.s, sympathisant.e.s, étudiant.e.s, jeunes travailleurs, artistes, sans emplois burkinabè en France et les ami.e.s du Burkina Faso à se mobiliser aux côtés des autres couches sociales de notre pays afin de s’organiser courageusement contre cette guerre réactionnaire et ses acteurs, dire non aux crimes de sang et travailler à approfondir et consolider les acquis démocratiques dans notre pays ;
Non aux crimes de sang dans notre pays !
Non à la banalisation de la vie humaine !
Non aux atteintes aux libertés
fondamentales !
Vive l’AEBF !
Vive l’ODJ France !
Pain et liberté pour le peuple !
Fait à Paris, le 22 février 2025
Le Comité Exécutif de l’AEBF
Le Bureau de l’ODJ France
Source: LeFaso.net
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