Le réalisateur burkinabè, Dani Kouyaté a organisé l’avant-première de son film « Katanga, la danse des scorpions », ce jeudi 20 février 2025, à Canal Olympia Ouaga 2000. Des journalistes, des professionnels de cinéma et des cinéphiles ont pu regarder cette œuvre en compétition pour l’Étalon d’or de Yennenga dans la catégorie fiction long métrage.

Dans le Ganzurgu, rien ne va. Tout est parti d’un présage. Le devin est formel : Katanga va s’asseoir sur le trône. Il lui faut donc prendre une décision drastique pour réaliser la prophétie. Lui et son épouse Pougnéré complotent contre son cousin, le roi Pazouknaam. Katanga le poignarde en plein cœur et arrache le pouvoir. S’ensuivent d’autres assassinats et enlèvements d’innocents. Pour contrecarrer « le roi fou », une rébellion va naître…

Cette œuvre qui dure 1h53 minutes est le sixième long métrage de Dani Kouyaté

Ce film, qui est inspiré de la tragédie de Macbeth de William Shakespeare, traite de la quête du pouvoir. Cette œuvre cinématographique aborde plusieurs thématiques. C’est un condensé de trahisons, de jalousies, de haine, de complots, de paranoïa, de frénésie du pouvoir, de l’amour, du karma, de révolte des peuples et de traditions.

Les femmes qui sont généralement en arrière-plan dans cette quête du pouvoir y jouent un rôle central dans les couloirs. Elles sont également de redoutables adversaires lorsqu’il s’agit de révolutions, comme l’indique le film. Tous les ingrédients sont réunis pour plonger le cinéphile dans la fragilité de la nature humaine face à l’exercice du pouvoir.

Une vue de l’équipe technique 100 % burkinabè

Un conte politique moralisateur

Dani Kouyaté a fait le choix du noir et blanc pour les images de ce long métrage. « C’est un conte politique qui explique comment le pouvoir peut rendre fou. La gestion du pouvoir est universelle, ce thème est donc universel. Il faut que la jeunesse garde les pieds sur terre. La grosse tête vient très facilement. Une fois qu’on a le pouvoir, parfois, on perd facilement le contact avec le sol et on se perd. J’ai opté pour l’image en noir et blanc parce que j’ai voulu camper le film dans une métaphore fabuleuse. C’est une fable et un conte politique. Je ne voulais pas que le film soit situé dans le temps et dans l’espace afin d’être plus proche du conte. Cette image en noir et blanc fait sortir de la réalité pour rentrer dans une sorte de rêve », a expliqué le réalisateur Dani Kouyaté.

Dani Kouyaté a souligné que son œuvre est l’une des rares adaptations cinématographiques de Shakespeare en Afrique

« Katanga, la danse des scorpions » a été tourné en six semaines. La postproduction a duré environ six mois. Dani Kouyaté a confié que son équipe et lui ont travaillé sur le film depuis plus de deux ans. Sur le plateau, il a fallu mobiliser une cinquantaine de techniciens, environ 200 figurants et pour les rôles principaux, ils étaient une vingtaine.

Le directeur de casting a été Ildevert Méda (également acteur dans le film). Pour les rôles principaux, Mahamadi Nana a incarné le rôle de Katanga et Hafissata Coulibaly, celui de Pougnéré. Rasmané Ouédraogo, Justin Ouidiga, Adissa Ilboudo, Issa Ouédraogo, Prosper Compaoré, Lazare Kaboré, Lazare Minoungou, Lionel Bambara, Dramane Ouédraogo, Abdoulaye Komboudry, Аї Kéita, Claire Traoré, Charles Wattara, Alexis Kombassé Yaméogo, Joséphine Kaboré et Serge Ouédraogo ont également joué dans « Katanga, la danse des scorpions ».

Les acteurs qui ont tourné dans « Katanga, la danse des scorpions »

Dani Kouyaté est descendant d’une famille de griots pratiquants. Il est conteur, musicien, metteur en scène de théâtre et de cinéma, enseignant au département d’anthropologie culturelle de l’université d’Uppsala, enseignant à l’école de cinéma et théâtre de Wiks Folkhögskola à Uppsala en Suède.

Le public a ovationné l’équipe de tournage

Le réalisateur a été récompensé à plus de 20 reprises au FESPACO et dans d’autres festivals à travers le monde. Dani Kouyaté s’est surtout fait connaître grâce à son œuvre : « Sia, le rêve du python », sortie en 2002.

Samirah Bationo

Crédit photos et vidéo : Auguste Paré

Lefaso.net


Biographie et filmographie de Dani Kouyaté (source : SAHELIS Productions)

Dani Kouyaté est le co-fondateur de SAHELIS Productions. Né dans une famille de griots, le 4 juin 1961 à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, Dani Kouyaté a obtenu une licence de création cinématographique à l’Institut africain d’études cinématographiques de Ouagadougou et une maîtrise d’animation culturelle et sociale à l’université de la Sorbonne. Il est également diplômé de l’Ecole internationale d’anthropologie de Paris. Sa carrière de réalisateur commence en 1989 avec le court métrage « Bilakoro » qu’il coréalise avec Issa Traoré de Brahima et Sékou Traoré. En 1991, il tourne un court métrage « Tobbere Kossam » avec Philippe Baqué. En 1992, ce sera « Les Larmes sacrées du crocodile », avant d’aborder, en 1995, son premier long métrage, « Keïta ! l’héritage du griot » qui retrace la légende du fondateur de l’empire mandingue. En 1999, le réalisateur met son talent au service de la télévision du Burkina pour diriger plusieurs épisodes de la série « À nous la vie ». Puis, il décide de porter à l‘écran en 2001 la légende du Wagadu (mythe soninké du 7ᵉ siècle), inspirée de la pièce de théâtre « La légende du Wagadu vue par Sia Yatabéré » de l’auteur mauritanien Moussa Diagana : « Sia, le rêve du python ». Depuis 1990, il effectue régulièrement des tournées en Suisse, en Italie, en France et au Burkina Faso en tant que conteur, metteur en scène de théâtre, comédien, musicien et anime des stages en Europe et en Afrique sur l’art de la narration. En 2003, il tourne son troisième long métrage « Ouaga Saga » en numérique haute définition, une comédie urbaine avec des adolescents de Ouagadougou.

Filmographie

Femmes, entièrement femmes (2014), documentaire (52′)

Soleils (2013), fiction (long métrage)

Souvenirs encombrants d’une femme de ménage (2008), documentaire (52′)

Joseph Ki-Zerbo (2005), documentaire (52′)

Ouaga-Saga (2004), comédie (long métrage)

Sia, le rêve du python (2001), fiction (long métrage)

À nous la vie (1998) série télévisuelle de 12 épisodes

Keïta ! l’héritage du griot (1995), fiction (long métrage)

Les larmes sacrées du crocodile (1992), fiction (court métrage)

Tobbere Kossam (coréalisation Philippe Baqué, 1991), fiction (court métrage)

Bilakoro (coréalisation avec Issa Traoré de Brahima et Sékou Traoré, 1989), fiction (15′), 16mm

Source: LeFaso.net