L’association des femmes scientifiques du Burkina, en collaboration avec le ministère en charge du genre et l’Institut des sciences des sociétés, a lancé officiellement le projet « Promotion de l’approche Cercle de paix pour la transformation des conflits pour un meilleur enracinement de la paix, de la cohésion sociale et du vivre-ensemble au Burkina Faso ». L’atelier de lancement de ce projet a eu lieu ce vendredi 14 février 2025 à Ouagadougou.
A en croire, les initiateurs de ce projet, le Burkina Faso fait face à une montée de l’extrémisme violent, entraînant des déplacements massifs des populations et une recrudescence des violences sexuelles, en particulier à l’encontre des femmes et des filles. Dans ce contexte, l’accès des survivantes à une prise en charge appropriée est crucial pour leur restauration physique, psychologique, sociale et économique. Malheureusement, le système de prise en charge des violences sexuelles fait face à de nombreux défis comme la réticence des survivantes à solliciter les services de prise en charge face aux risques de frustrations, de non-respect de la confidentialité, de représailles et de stigmatisation sociale. Il y a également la faiblesse de la prise en charge psychosociale et médicale.
C’est dans l’optique de résoudre ce problème que ce projet « Promotion de l’approche Cercle de paix pour la transformation des conflits pour un meilleur enracinement de la paix, de la cohésion sociale et du vivre-ensemble au Burkina Faso », a été mis sur pied. D’une durée de trois ans, il coûtera à terme, 29 millions de FCFA grâce à l’appui technique et le financement du Fonds national de la recherche et de l’innovation pour le développement (FONRID).
Ce projet qui intervient dans les régions du Nord et du Centre-nord, deux régions à fort défi sécuritaire, vise à contribuer à la dissémination ou à la mise en échelle de l’approche cercle de paix au Burkina Faso. L’approche cercle de paix est une initiative centrée sur l’individu et le groupe, notamment sur les femmes et les filles victimes (directes ou indirectes) des conflits armés. Cette approche est basée sur la communication (échanges/dialogues intra-personnels, intra-intercommunautaires) pour l’accroissement d’un sentiment de confiance en soi et aux autres.
Pour l’association des femmes scientifiques du Burkina, porteuse de ce projet, la disposition physique en « cercles » vise à mieux s’observer et à interagir pour un relèvement moral et une réhabilitation sociale, surtout des victimes. Selon Dr Julienne Gué, coordonnatrice du projet, l’approche cercle de paix permet de panser les blessures et de convertir les femmes et filles victimes, en artisanes et actrices de paix. La finalité est de contribuer à la consolidation de la paix et au renforcement de la résilience des communautés par la mobilisation du leadership des femmes dans les régions concernées.
« Le projet vise à accompagner les structures publiques dans leurs actions quotidiennes pour la consolidation de la paix, à travers l’implication réelle des femmes. L’outil Cercle de paix est un outil qui permet de panser les blessures des femmes, de les aider à surmonter ce qu’elles ont vécu en terme de viols, de sévices, de façon à les transformer elles-mêmes en actrices et artisanes de paix, pour qu’elles soient le cheval de bataille dans la sensibilisation, dans la conviction des autres femmes blessées, meurtries, à accepter de pardonner et à aider les autres aussi à surmonter la douleur qu’elles ont connue. C’est un outil qui permet d’opérationnaliser toute action qui vise le relèvement ou la réhabilitation morale d’une femme ou d’une fille blessée », a indiqué Dr Julienne Gué.
Sur le terrain, ce projet se traduira essentiellement par des formations. « L’outil même se traduit par une formation. Ce sont des concertations, des dialogues permanents entre des groupes d’une quinzaine de femmes pour d’abord accepter de s’ouvrir aux autres, se faire confiance elles-mêmes, se donner le pardon, s’ouvrir aux autres pour que les autres soient des vecteurs qui les aident à remonter et à se transformer en actrices de paix pour encore sensibiliser », a expliqué la coordonnatrice du projet.
Dr Julienne Gué a invité d’autres partenaires à s’associer à ce projet afin de l’étendre dans les 13 régions du pays.
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La cérémonie d’ouverture de l’atelier de lancement du projet, a été placé sous le patronage du ministre en charge de la recherche et de l’innovation, qui s’est fait représenter par son conseiller technique, Dr Habib Ahmed Djiga. Pour lui, la crise multidimensionnelle à laquelle fait face le Burkina Faso, mérite davantage la conjugaison des efforts des hommes et des femmes, pour non seulement en venir à bout, mais aussi pour favoriser une cohésion sociale au sein des communautés.
« Les hommes et les femmes doivent capables de transcender ces conflits, en puisant des issues dans les normes et valeurs culturelles pour y faire face. Les conflits sont certes inhérents à toute vie, mais ne doivent pas pour autant la déshumaniser. La femme en particulier représente une part importante de l’humanité et a un rôle déterminant à jouer dans différents domaines, notamment celui de la prévention des conflits et la consolidation de la paix », a déclaré Dr Djiga.
Il a salué cette initiative portée par l’association des femmes scientifiques du Burkina. « C’est une initiative fort louable en particulier dans le contexte que nous vivons aujourd’hui, parce que la contribution de la femme à la promotion de la paix est un élément important. Il n’est pas possible de vouloir résoudre un conflit sans impliquer les femmes. Elles jouent un rôle important en matière de promotion de la paix, de la cohésion sociale et du vivre-ensemble », a ajouté Dr Habib Ahmed Djiga.
Mamadou ZONGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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