Le ministre délégué des ressources animales, Dr Amadou Dicko a lancé officiellement les activités de la Centrale d’achat des médicaments vétérinaires (CAMVET), ce vendredi 14 février 2025, dans la localité de Barkoundouba relevant de la commune de Ziniaré. La cérémonie a été aussi marquée par les interventions du préfet et président de la délégation spéciale de la commune de Ziniaré, Florent Daboné, du président de la Fédération des éleveurs du Burkina Faso, El Hadj Boureima Diallo. L’évènement s’est déroulé en présence du gouverneur de la région du Plateau central, Sy Assetou Barry/Traoré. Cet événement majeur a rassemblé plusieurs personnalités et acteurs du secteur de l’élevage, marquant une étape importante dans la lutte pour l’amélioration de la santé animale au Burkina Faso.

C’est en vue de lutter contre la contrefaçon des médicaments vétérinaires et de promouvoir l’accessibilité aux traitements pour le cheptel national que la Centrale d’achat des médicaments vétérinaires (CAMVET) a vu le jour au Burkina Faso. En garantissant un approvisionnement sécurisé en médicaments vétérinaires de qualité, cette structure répond à une problématique essentielle. Son existence contribue non seulement à l’amélioration de la santé animale, mais aussi à la pérennisation des activités des éleveurs, dont le rôle est crucial dans l’économie nationale.

Un pas de plus vers la souveraineté alimentaire

Lors de son discours, le ministre délégué des ressources animales, Amadou Dicko, a mis en avant le rôle crucial du sous-secteur de l’élevage dans l’économie nationale. « C’est conscient de l’importance du sous-secteur dans l’économie nationale, qu’une place de choix a été accordée aux productions animales dans l’Offensive agro-pastorale et halieutique 2023-2025, qui vise l’atteinte de la souveraineté alimentaire et la création d’emplois décents dans le secteur agropastoral et halieutique », a-t-il affirmé.

« La CAMVET a pour mission principale de rendre disponibles et accessibles les médicaments vétérinaires dont les éleveurs ont besoin », Dr Amadou Dicko, », ministre délégué des ressources animales

Selon le ministre, le potentiel du secteur de l’élevage reste cependant largement sous-exploité en raison de nombreux défis, dont celui d’ordre sanitaire. « Parlant singulièrement du défi sanitaire, l’accès limité aux produits vétérinaires de qualité constitue une contrainte majeure. Ce problème est aggravé par la prolifération de produits contrefaits de qualité douteuse, l’insuffisance de structures de distribution adaptées et le coût souvent prohibitif des médicaments vétérinaires sur le terrain », a-t-il indiqué.

Les difficultés rencontrées par les éleveurs

La santé du cheptel constitue un enjeu majeur pour les éleveurs burkinabè, dont l’activité repose sur la vitalité et la productivité de leurs animaux. Comme l’a souligné le président de la Fédération des éleveurs du Burkina Faso, El Hadj Boureima Diallo, les difficultés d’accès aux médicaments vétérinaires de qualité, leur coût élevé et la prolifération de produits contrefaits ont longtemps fragilisé le secteur de l’élevage. Ces contraintes ont non seulement affecté la santé des troupeaux, mais aussi compromis la sécurité alimentaire et économique des éleveurs, pour qui le bétail représente bien plus qu’une simple source de revenus. Il est un héritage précieux transmis de génération en génération. La consommation de produits d’origine animale issus d’animaux mal soignés constitue également un risque pour la santé publique, rendant encore plus urgente la nécessité d’une solution durable et efficace.

« Aujourd’hui, avec la mise en place de cette centrale d’achat, nous franchissons un pas décisif vers une meilleure sécurisation sanitaire de notre cheptel », El Hadj Boureima Diallo, président de la Fédération des éleveurs du Burkina Faso

C’est donc conscient de l’enjeu que représente le domaine du médicament vétérinaire sur le développement du secteur de l’élevage et dans la mise en œuvre de l’offensive agropastorale halieutique, souligne le ministre, que le gouvernement a décidé de créer la Centrale d’achat des médicaments vétérinaires (CAMVET).

La CAMVET prête à répondre aux défis des éleveurs

Le directeur général de la CAMVET, Seydou Ouattara, a rassuré les éleveurs sur la capacité de la centrale à répondre efficacement à leurs besoins en médicaments vétérinaires. Disposant déjà d’une large gamme de produits essentiels, tels que des antiparasitaires, des antibiotiques, des vaccins et des vitamines, la CAMVET entend renforcer progressivement ses stocks pour atteindre sa pleine capacité de distribution.

« Le bon médicament ne se trouve pas dans les rues, mais au sein des cliniques vétérinaires », Seydou Ouattara, directeur général de la CAMVET

Il a ainsi insisté sur l’importance pour les éleveurs de se procurer des traitements auprès de sources fiables. Par cette mise en garde, il met en lumière le danger des produits contrefaits et encourage les acteurs du secteur à adopter des pratiques responsables afin de garantir la santé de leurs troupeaux et, par extension, la sécurité sanitaire des consommateurs de produits d’origine animale.

La mise en place de la Centrale d’achat des médicaments vétérinaires apparaît donc comme une réponse concrète à ces défis. En garantissant un approvisionnement régulier et fiable en médicaments vétérinaires de qualité, elle permet de sécuriser la santé du cheptel national et de protéger ainsi le patrimoine animalier du pays.

L’événement a été sublimé par un défilé traditionnel peul et une prestation musicale, mettant en valeur la richesse culturelle du Burkina Faso

De plus, en structurant les achats et en centralisant la distribution, cette initiative favorise une réduction des coûts, rendant les traitements plus accessibles aux éleveurs. Elle s’accompagne également d’un volet d’accompagnement technique visant à promouvoir une utilisation responsable des médicaments, afin d’optimiser leur efficacité et d’éviter les mauvaises pratiques. À travers cette initiative, le Burkina Faso franchit un pas décisif vers une amélioration durable du secteur de l’élevage, tout en renforçant la résilience des éleveurs face aux défis sanitaires et économiques.

La visite des locaux de la CAMVET

Après la cérémonie de lancement, les officiels sont allés visiter le siège de la Centrale située à Ouagadougou. À en croire le ministre Amadou Dicko, la CAMVET a été conçue avec des infrastructures modernes répondant aux normes internationales en matière d’entreposage et de distribution de médicaments vétérinaires. En plus de son bâtiment administratif, elle dispose de deux vastes magasins de stockage de produits secs, totalisant plus de 2500 mètres cubes et équipés d’un système d’atmosphère contrôlée, garantissant la conservation optimale des médicaments.

Les chambres froides, magasins et camions dont dispose la CAMVET

Pour les produits nécessitant une chaîne de froid rigoureuse, la CAMVET s’est dotée de deux chambres froides, l’une positive de 400 mètres cubes et l’autre négative de 200 mètres cubes. Un camion frigorifique permet également d’acheminer les vaccins et autres produits thermosensibles vers les différentes régions du pays, assurant ainsi leur efficacité jusqu’aux éleveurs les plus éloignés.

L’ensemble de ces infrastructures et équipements logistiques, comprenant aussi deux camions de 20 tonnes pour le transport des produits secs, des camionnettes de livraison interurbaines et des équipements de manutention modernes, témoigne de la volonté de la CAMVET d’assurer un approvisionnement efficace et sécurisé en médicaments vétérinaires. Grâce à cette organisation, la centrale est en mesure de déployer ses activités rapidement à travers le territoire, facilitant ainsi l’accès des éleveurs aux produits de qualité à des coûts abordables. Cette initiative renforce non seulement la lutte contre les maladies animales, mais contribue également à la pérennisation et à la rentabilité du secteur de l’élevage au Burkina Faso.

Créée en 2022, avec la transformation de la CAMVET en société d’État, le gouvernement entend renforcer la gouvernance et la viabilité de cette structure essentielle à la santé animale et à la sécurité sanitaire du cheptel burkinabè. Cette décision marque une volonté d’assurer un approvisionnement fiable en médicaments vétérinaires de qualité, tout en consolidant le rôle stratégique du secteur de l’élevage dans l’économie nationale. La nouvelle CAMVET, dotée d’un cadre organisationnel plus structuré, devra relever les défis et répondre efficacement aux attentes des éleveurs à travers le pays.

Hamed Nanéma

Crédit photos : Bonaventure Paré

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Source: LeFaso.net