Après plus de deux décennies consacrées à l’accompagnement des collaborateurs et à la mise en œuvre des politiques en ressources humaines (RH), Eléonore Sédogo, conseillère juridique en ressources humaines, aspire désormais à devenir chercheure. C’est notamment en côtoyant les chercheurs au quotidien dans le cadre de ses fonctions au Centre national de recherche scientifique et technologique, (CNRST), qu’elle a été piquée par le virus de la recherche. Elle a ressenti la nécessité d’allier ses compétences en RH et en droit pour aborder « la garantie d’une rémunération équitable » dans sa thèse, passage obligé pour aspirer à une carrière d’enseignant-chercheur. Ce sujet, au cœur de sa thèse, se concentre sur les injustices salariales, en particulier dans le secteur minier en Afrique subsaharienne. Éléonore Sédogo encourage par ailleurs les femmes à poursuivre des études supérieures et à se lancer dans la recherche, un domaine souvent perçu comme inaccessible notamment pour la gent féminine.
Comme on le dit, il n’y a pas d’âge pour apprendre. Éléonore Sédogo/Somda incarne cette pensée populaire. Son parcours dans le domaine des ressources humaines s’est dessiné au fil des ans. Forte de ses années au Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST) et de son passage en tant que directrice des ressources humaines au Fonds national de la recherche et du développement (FONRID) de 2014 à 2021, Éléonore Sédogo a aussi œuvré au sein de la coopération allemande pour le développement avant de revenir au CNRST, où elle occupe un rôle dans le conseil juridique.
A l’entendre, ce qui l’a attirée vers les ressources humaines est la transversalité du domaine. « Il faut dire que la ressource humaine est une branche assez transversale et la mission essentielle en tant que RH, c’est d’accompagner les collaborateurs, ou disons d’accompagner les managers dans la mise en œuvre des politiques et stratégies RH. Donc, pour les travailleurs, nous les accompagnons dans les processus de leur carrière, nous leur donnons des orientations et les accompagnons avec des informations juridiques importantes pour leur carrière. Au niveau du manager, nous accompagnons le déploiement et l’élaboration des processus RH », a-t-elle confié.
De l’administration vers la recherche…
Cependant, au fil des années, elle a observé des lacunes dans la compréhension des droits des travailleurs, notamment en matière de rémunération. Ce constat, en plus de sa bonne collaboration avec les chercheurs qui l’entourent, ont été le déclic qui l’a poussée à préparer une thèse sur la question. Dame Sédogo décrit cette nouvelle aventure comme une jonction naturelle entre son parcours professionnel et sa volonté d’approfondir les problématiques juridiques qui impactent les employés.
Mais, se lancer dans la recherche après vingt ans de carrière n’a pas été facile. Les défis sont multiples. « Les difficultés sont entre autres comment concilier les activités de recherche, les activités administratives et nos activités en tant que femmes au foyer. Mais grâce à l’Association des femmes chercheurs du Burkina, avec les aînés qui partagent leurs expériences, nous sommes galvanisées et continuons d’aller de l’avant. Personnellement, je peux dire que j’ai été encouragée par mon époux et également tout mon entourage, les chercheurs, que ce soit les femmes ou les hommes qui sont autour de moi. Dès que j’ai parlé du projet, ils m’ont encouragée et ils sont disponibles pour m’accompagner. Donc ça a été vraiment une motivation pour moi. Et quand je vois tout ce beau monde autour de moi qui veut que je fasse cette thèse, même si je veux à des moments dire non, je continue pour pouvoir au moins terminer le projet dans le délai requis », a indiqué Dame Sédogo.
Enseignante en parallèle, elle se donne également pour mission d’inspirer la nouvelle génération. Elle souhaite partager son expérience avec les jeunes, en particulier les femmes, pour les encourager à poursuivre des études supérieures et à se lancer dans la recherche, un domaine souvent perçu comme inaccessible.
À court terme, elle envisage de s’insérer pleinement dans une unité de recherche et de continuer à contribuer au développement des politiques RH. Et à long terme, elle aspire à devenir enseignant-chercheur, afin de partager sa passion pour l’éducation et la recherche avec les générations futures.
Regardant en arrière, elle admet que si elle avait eu les bonnes orientations plus tôt, elle se serait lancée dans la recherche bien avant.
« Si je regarde la Éléonore d’il y a 5 ou 10 ans en arrière, je trouve que c’est du temps perdu parce que si je m’étais lancée assez tôt dans ce projet, peut-être qu’aujourd’hui j’avais déjà fini mon parcours de thèse. Mais, je n’ai pas eu l’idée ou disons les orientations nécessaires à temps pour pouvoir le faire. Mais aujourd’hui, je rends grâce à Dieu », a-t-elle laissé entendre.
Néanmoins, elle se réjouit des portes qui se sont ouvertes une fois sa décision prise. Elle encourage aujourd’hui celles et ceux qui hésitent à franchir le pas, en leur rappelant qu’il existe toujours des opportunités à saisir.
Son message final est un appel à toutes les femmes de l’administration qui se sentent limitées dans leurs ambitions, car pour Dame Sédogo, chaque sujet, aussi complexe soit-il, peut être étudié et devenir un projet de recherche.
Hanifa Koussoubé
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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