L’Institut de recherche en sciences de la santé du Centre national de la recherche scientifique et technologique (IRSS/CNRST) a réuni ce mercredi 29 janvier 2025 à Ouagadougou, la communauté évangélique pour des échanges sur la lutte contre le paludisme et le projet Target malaria. La rencontre a aussi connu la participation des représentants des communautés de Bana où a été expérimenté le lâcher de moustiques et des membres des groupes relais qui représentent les OSC et les administrations.
Lancé en 2012 au Burkina Faso, le projet Target Malaria œuvre en Afrique (Mali, Ghana, Ouganda), en Europe et en Amérique du Nord avec pour but de co-développer et de partager des technologies génétiques qui permettront de modifier les moustiques et de réduire la transmission du paludisme. Faut-il le rappeler, le paludisme demeure le premier motif de consultation et de décès dans les formations sanitaires au Burkina.
Pour lutter contre la maladie, le ministère de la Santé met en œuvre diverses interventions telles que la distribution de moustiquaires imprégnées, la chimio-prévention du paludisme et, plus récemment, la vaccination au profit des enfants à partir de 5 mois. Mais ces interventions seules ne suffisent pas à vaincre la maladie.
Il faut d’autres outils. Et c’est là qu’intervient la recherche avec le projet Target Malaria, dont l’objectif est de réduire la population de moustiques vecteurs du paludisme afin d’arrêter la transmission de la maladie en utilisant la technologie d’impulsion génétique. Pour cela, l’équipe du projet travaille par étape.
La première phase du projet a consisté à mener des expériences sur une souche de moustiques mâles stériles sans impulsion génétique. Lorsque ces moustiques stériles s’accouplent avec des femelles, celles-ci pondent des œufs qui n’éclosent pas.
Après sept ans de travaux en laboratoire, le projet a obtenu l’autorisation de l’Agence nationale de biosécurité pour un lâcher de moustiques mâles stériles dans le village de Bana, à une vingtaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso dans les Hauts-Bassins, en juillet 2019. Les travaux du projet se poursuivent toujours.
Didier Zida, délégué général adjoint du CNSRT chargé de la recherche et de la coopération du CNRST, souligne que toutes les étapes du projet se font sous le contrôle de l’Agence nationale de biosécurité. « La règlementation impose toute une démarche de prudence. Le projet Target Malaria est dans cette démarche de prudence depuis son lancement en 2012. Je signale que c’est l’Agence nationale de biosécurité, qui est une structure de l’État chargée de contrôler tous ceux qui veulent travailler sur les questions de biotechnologies avec des réglementations très strictes, que suit le projet Target Malaria. Il n’y a rien qu’on fait sur le terrain sans avoir leur autorisation », a indiqué Didier Zida, qui souligne que l’Académie nationale des sciences, des arts et des lettres (ANSAL-BF) a sorti un rapport encourageant la poursuite des travaux du projet.
La présente rencontre tenue avec la communauté évangélique a donc permis aux scientifiques de l’IRSS/CNRST de communiquer sur les défis du paludisme et les avancées de la recherche Target Malaria et ce, afin de renforcer leurs connaissances sur la contribution potentielle du moustique génétiquement modifié dans l’agenda de l’élimination du paludisme.
En rencontrant les responsables de la communauté évangélique, l’IRSS veut donner la bonne information sur le projet et faire de ces responsables, des relais pour disséminer l’information aux populations, comme le souligne Dr Lazare Belemnaba, directeur de l’IRSS. « À travers cette rencontre, c’est de permettre à ces leaders qui sont des relais pour nous, de pouvoir transmettre le message que le travail qui est fait par les chercheurs de l’IRSS, du CNRST et donc du ministère en charge de la recherche et de l’innovation, c’est de faire de la recherche qui va impacter la vie des populations dans le futur », a indiqué Dr Belemnaba.
Et au sortir de la rencontre, le moins que l’on puisse dire, c’est que les participants sont satisfaits et ont compris le bien-fondé du projet.
« En tant que citoyen, lorsqu’on vous parle de travail sur le génome, nous, on s’inquiète. Quand on fait des modifications génétiques, vous ne savez pas quelles peuvent être les conséquences, donc on s’inquiète. Mais avec cette session, nous sommes rassurés par les informations qui nous ont été données et par les mesures et dispositions prises pour ne pas nuire, c’est ce qui est important », a souligné Alain Bako, secrétaire exécutif de l’Office de développement des églises évangéliques (ODE). En tant que responsable d’ONG évangélique, il a indiqué qu’il relayera à son tour la bonne information. « Nous allons transmettre cette information pour que les gens comprennent l’importance de cette recherche et qu’ils ne soient pas inquiets parce que l’innocuité est démontrée. Ce n’est pas quelque chose qui peut envoyer un malheur dans ce pays. C’est bon de rassurer tout le monde sur les résultats de cette recherche », a-t-il laissé entendre.
Justine Bonkoungou
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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