Après 39 ans de bons et loyaux services, le tout premier neurochirurgien au Burkina Faso, le Pr Abel Kabré, a été officiellement admis à la retraite. Pour l’occasion, la Société burkinabè de neurochirurgie (SBN) a tenu à lui rendre hommage pour son rôle dans le développement de la neurochirurgie au Burkina Faso et en Afrique. C’était le samedi 25 janvier 2025, au sein des locaux du Secrétariat permanent du Conseil national de lutte contre le sida et les IST (SP/CNLS-IST), à Ouagadougou.

À la fin de sa formation de neurochirurgien à Dakar, au Sénégal, le professeur Kabré a été retenu dans ce pays pour travailler en tant qu’enseignant à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, où il passe trois ans avant de rentrer dans son pays pour apporter sa pierre au développement de la neurochirurgie. Le Pr Kabré, en tant que pionnier de cette spécialité au Burkina Faso, a dû mener de nombreux combats dans ce sens, notamment sur le plan des soins neurochirurgicaux et également sur le plan universitaire. Après 39 ans de service, il a été appelé le samedi 25 janvier 2024 à faire valoir ses droits à la retraite.

C’est donc en présence de ses collègues, étudiants, amis et famille que la Société burkinabè de neurochirurgie a bien voulu lui rendre un vibrant hommage. A en croire le Pr Sylvain Zabsonré, neurochirurgien dans le service du Pr Kabré au CHU-Yalgado Ouédraogo (CHU-YO), c’est une joie immense qui l’anime de voir une telle personnalité être célébrée de son vivant. « Pour ce qu’il a pu accomplir pour le développement de la neurochirurgie au Burkina Faso, nous avons voulu le magnifier et lui souhaiter de passer une paisible retraite. Il est en un mot le père fondateur de la neurochirurgie dans notre pays. Même si nous sommes un peu tristes du fait que nous perdons des avantages avec son absence, nous restons tout de même joyeux, car le départ à la retraite est une grâce. Je retiens donc de lui un homme dévoué et travailleur », a-t-il témoigné.

Pr Sylvain Zabsonré, neurochirurgien dans le service du Pr Kabré au CHU- Yalgado OUEDRAOGO

De façon substantielle, le Pr Kabré a fortement contribué à l’ouverture d’un service de neurochirurgie au CHU-YO. Il est également à l’origine de la décision de la commission de l’UEMOA, depuis 2014, d’implanter un centre de neurochirurgie de haut niveau au Burkina Faso. Et sur le plan universitaire, il a, en tant que seul neurochirurgien du pays à l’époque, assuré l’enseignement de la neurochirurgie aux étudiants en médecine et a pu gravir tous les grades du CAMES. Aussi, il a été auteur ou co-auteur de 96 publications scientifiques, 206 communications orales. Il a encadré 38 thèses de doctorat d’État en médecine et 13 mémoires de Diplôme d’études spécialisées (DES). Il a mis en place la formation de neurochirurgien au Burkina Faso depuis 2015. A ce jour, il a pu former 24 neurochirurgiens burkinabè et d’autres de pays d’Afrique comme le Benin, le Mali, le Niger, le Tchad, etc.

Sur le plan international, le Pr Kabré a mis en place une coopération très bénéfique entre le CHU de Clermont-Ferrand en France et celui de Yalgado Ouédraogo. Présent à cette cérémonie d’hommage, le médecin radiologiste à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou et au CHU-YO, Pr Rabiou Cissé, lui aussi fraîchement admis à la retraite, a tenu à saluer l’initiative. Pour celui-là même qui est un ami proche du Pr Kabré, il est essentiel de saluer également l’État burkinabè grâce à qui ils ont eu à l’époque l’opportunité de mener de belles études médicales afin de revenir servir le pays. De son avis, le Pr Kabré, avec le soutien des autorités, s’est battu pour le développement de la neurochirurgie au Burkina Faso.

Le Pr Abel Kabré a exprimé sa joie d’être honoré par ses pairs

C’est donc avec une bonne moisson, selon les différents témoignages, que ce grand homme de la neurochirurgie prend sa retraite. Pour sa part, Pr Abel Kabré a laissé entendre que c’est avec beaucoup d’émotions qu’il accueille une telle considération au soir de sa prise de retraite. « Quand je suis revenu de mes études, on m’avait fait comprendre que la neurochirurgie n’est pas une spécialité de pays pauvre. Cela dit, nous avons pu travailler de sorte à ce qu’elle devienne une réalité au Burkina Faso. Plus d’une trentaine d’années après, je ne réalise toujours pas le travail que nous avons pu accomplir ensemble. C’est donc avec une grande joie, doublée d’émotions, que j’assiste à cette cérémonie qui m’honore », s’est-il confié.

Des prestations artistiques et une série de remises de présents au tout nouveau retraité ont ponctué cette cérémonie d’hommage.

Lefaso.net

Source: LeFaso.net