Boureima Sana est enseignant de philosophie et élève-administrateur des lycées et collèges à l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM). Étant acteur de l’éducation, il n’a pas tergiversé au moment du choix de son thème de thèse, qui l’élèverait au grade de docteur en philosophie. « La formation citoyenne et l’éducation à la rationalité de l’État chez Georg Wilhelm Friedrich Hegel », tel est le thème qu’il a choisi pour la cause et dont les résultats se sont soldés par la mention Très honorable. La soutenance s’est tenue ce samedi 18 janvier 2025, à l’école doctorale de l’université Joseph-Ki-Zerbo.

« Toutes les crises que le monde rencontre sont en grande partie liées à l’éducation », foi de Boureima Sana. En passant au crible la formation citoyenne et l’éducation à la rationalité de l’État chez Hegel, l’impétrant, dont les travaux de recherche se sont étendus sur une période d’un peu plus de trois ans, entend apporter sa contribution à l’évolution de la science et, par ricochet, de la société. En termes simples, l’homme s’est servi des ressources de la philosophie hégélienne pour résoudre des problèmes à la citoyenneté que l’on constate dans la société. Comme résultat, l’homme est parvenu à la conclusion selon laquelle, le citoyen se doit d’être en adéquation avec les règles établies par l’État. Ce dernier, en retour, se doit de trouver les voies et moyens pour s’assurer que le citoyen soit celui qui ne nuit pas à la société.

Une vue des membres du jury qui ont évalué la thèse de Boureima Sana. L’avant-dernier à droite est Pr Antoine Kouakou, venu de la Côte d’Ivoire.

« Nos sociétés peuvent par exemple exploiter la notion hégélienne du rapport dialectique entre l’individu citoyen et l’État. Cela permettra d’améliorer la notion de citoyenneté dans nos contrées. Pour Hegel, le citoyen est celui qui participe activement aux problèmes de l’État ; et celui-ci, en retour, doit prendre en compte consciencieusement et objectivement les problèmes du citoyen », retient-on essentiellement des échanges entre le doctorant et le jury, présidé par Pr Georges Zongo. Ce dernier avait à ses coté Pr Fatié Ouattara qui intervenait en tant qu’examinateur, Dr Etienne Kola, directeur de thèse, Pr Antoine Kouakou et Dr Issiaka Yaméogo qui étaient les rapporteurs.

« Concilier études et travail, sans oublier les difficultés institutionnelles sont les difficultés que j’ai rencontrées », Boureima Sana.

Selon le président du jury, le thème choisi est important pour la société africaine actuelle, caractérisée souvent par des comportements inciviques. « Ce thème nous apprend ce que c’est que la citoyenneté, comment se comporter en citoyen et comment devenir citoyen. Pas de manière abstraite, mais de manière concrète. En clair, être un citoyen qui connaît ses droits et ses devoirs, qui les applique et reflète le citoyen idéal qui accepte ce qu’il est », a-t-il fait savoir, sans oublier de saluer le professionnalisme de l’étudiant en ces termes : « La domination effective du concept et la pertinence de l’argumentation sont constatables. Dans l’ensemble, Hegel a été rendu à lui-même par la médiation de la formation citoyenne et de l’éducation à la citoyenneté de l’État. »

« C’est un travail très clair, très pertinent, bien construit, d’une qualité exceptionnelle », Pr Georges Zongo.

Dr Issiaka Yaméogo embouchera la même trompette que Pr Georges Zongo, en félicitant le candidat pour l’aisance dans les réponses aux questions et la maîtrise qu’il a de son sujet. Toutefois, déplore-t-il, outre les coquilles qui entachent la forme du document, Boureima Sana n’a pas soulevé de manière expresse, comment l’Afrique pourrait s’approprier et faire sienne ce que propose le philosophe allemand. « J’aurai souhaité qu’il explique comment les pays africains peuvent s’inspirer de la philosophie de l’éducation de Hegel qu’il a exhumée, pour renforcer la citoyenneté et en même temps le fonctionnement de l’État de droit démocratique », a-t-il laissé entendre.

« Le travail fourni est de belle facture », Dr Issiaka Yaméogo.

Qu’à cela ne tienne, la soutenance a été le moment pour les jurés, de débattre avec Boureima Sana sur des questions liées à l’éducation et s’inscrivant en étroite ligne avec son thème. Ce dernier a été assené de questions diverses et de tous ordres. Certaines zones d’ombre soulevées par les jurés ont pu être éclairées par l’impétrant, qui convoquait et développait des théories philosophiques pour renforcer sa défense, tout en recevant avec humilité les différentes observations et remarques que lui apportaient le jury.

Au final, après près de 4 heures de temps d’échanges, le jury lui a attribué la mention Très honorable, toute chose qui fait la fierté de son maître. « Soutenir sa thèse est l’aboutissement d’un long processus, souvent pleins de défis à relever. Boureima Sana a su le faire, en n’hésitant pas à aller en eau profonde, dans la mobilisation des ressources bibliographiques, dans l’analyse critique, dans l’argumentation et dans la rédaction. Tout cela a donné le résultat que nous avons : une thèse de bonne facture. Je suis content, content pour lui et je le félicite pour ses qualités organisationnelles, conceptuelles, ses qualités exceptionnelles », s’est exprimé son directeur de thèse, Dr Etienne Kola.

L’impétrant, encadré à gauche par Pr Fatié Ouattara et à droite par son directeur de thèse, Dr Etienne Kola.

Le doctorat en poche, Boureima Sana n’entend pas s’arrêter là. « J’entends, dans un premier temps, devenir enseignant-chercheur ou chercheur. Je voudrais aussi poursuivre dans le monde de la recherche, dans le but d’apporter ma modeste contribution dans le secteur de l’éducation… Mon souhait est de voir ce travail exploité par nos autorités et les jeunes étudiants qui désirent se lancer dans la recherche », a-t-il annoncé.

Erwan Compaoré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net