Au Burkina Faso, la période de fin d’année rime avec des actes de banditisme dans les grandes villes. Les forces de sécurité, de leur côté, multiplient les actions pour réduire les cas de violence. Dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 décembre 2024, la gendarmerie nationale a procédé à une vaste opération de sécurisation dans quatre quartiers de Ouagadougou réputés pour des cas d’insécurité. Immersion.
La nuit est tombée sur le camp Paspanga de la gendarmerie nationale. Les échos des vrombissements des véhicules se font entendre depuis le terrain omnisports des pandores. Bien équipés, les éléments se réunissent sur cet espace. Ils échangent en petits groupes en attendant les officiers.
Il est 20h35. Le commandant de groupement de gendarmerie départementale de Ouagadougou, le commandant Issa Paré, fait son apparition. Le chef du 36e escadron de gendarmerie mobile, le lieutenant Ange Zougmoré, lui fait le point des effectifs des hommes prêts pour la suite du programme.
Il s’agit d’une énième opération de sécurisation de la ville de Ouagadougou. Quatre quartiers avec des zones criminogènes sont en ligne de mire. Ces quartiers sont Rimkiéta, Zongo, Kilwin et Tampouy. La seule différence, les journalistes sont présents avec eux cette fois-ci, informe le lieutenant Ange Zougmoré alias « Pharaon ».
Les militaires sont divisés en quatre groupes pour la mission. Chaque groupe a un chef d’opération. Ils ont 15 minutes pour briefer leurs équipes avant de bouger. « Objectif : à 6h du matin, le butin doit être satisfaisant », dévoile le lieutenant Ange Zougmoré.
Objectifs de la mission
Selon le commandant Issa Paré, par ailleurs commandant de la troisième légion de gendarmerie, cette mission consiste à « mettre un dispositif qui permettra de contrôler les personnes qui sortent et entrent dans les zones définies ».
Il s’agit également de fouiller des points dangereux qui se trouvent dans cette zone et, éventuellement, d’interpeller toute personne suspecte et de la mettre à la disposition de la police judiciaire.
L’objectif est de sécuriser les populations et leurs biens. Les gendarmes mènent la lutte contre la criminalité (attaques à main armée et cambriolages) de façon concertée avec les autres forces de l’ordre et de sécurité. L’opération de ce soir ne va pas empiéter sur d’autres de même nature, rassure le commandant Issa Paré.
Sur le pont de Rimkiéta
Il est 20h45 lorsque les équipes amorcent leur départ du camp Paspanga. Des binômes à motos ouvrent la voie pour leurs frères d’armes dans les véhicules type 4×4.
Les journalistes, dans leur minibus, suivent la dernière équipe. Ils ont pour mission de constater le boulot des quatre équipes avant la fin de l’immersion.
La première étape s’effectue au quartier Rimkiéta, situé dans l’arrondissement 3 de Ouagadougou. Il est 22h20. Les gendarmes installent un dispositif de sécurité sur le pont reliant Rimkiéta au quartier Nonsin. C’est une zone criminogène, notamment pour les cas de braquage à main armée.
Pharaon explique le mode opératoire des bandits. Ils ont l’habitude de venir par groupes de quatre personnes. Deux se positionnent devant la victime. Quand elle veut rebrousser chemin, les deux autres bloquent la voie à l’arrière. Soit la victime cède, soit elle se jette dans le trou sous le pont. En effet, c’est un passage obligatoire.
Pour ce soir, les gendarmes vont faire le bouclage de cette zone. « Un bouclage est une manœuvre militaire qui consiste à mettre un dispositif d’un périmètre bien déterminé, à savoir un quartier, pour le fouiller et déceler toute action portant atteinte à la sécurité et la sûreté de l’État », explique le lieutenant Ange Zougmoré, par ailleurs chef des opérations de la troisième légion.
Contrôle des pièces
À l’entrée et à la sortie du pont, les militaires sont positionnés. Motocyclistes ou automobilistes, toute personne est sommée de présenter sa pièce d’identité et les papiers de son engin. Ceux qui sont « réglo » continuent leur chemin et les « sans-papiers » restent.
C’est le cas de deux jeunes hommes qui ne disposent pas de papiers de leur motocyclette et tombent entre les mains des gendarmes. Ils disent être membres de la vieille citoyenne de leur quartier et sont en train d’aller à leur poste pour veiller. Leurs tenues avec l’effigie de leur association accompagnée du message « Veille citoyenne » n’arrivent pas à convaincre les militaires.
Ils sont obligés d’appeler une autre personne pour venir les tirer d’affaire. Ils lui ont indiqué là où se trouve la pièce de l’engin et lui ont donné leur situation géographique.
Cette mission de contrôle sur le pont à risque du quartier Rimkiéta est bien appréciée par les riverains. « Je tiens à saluer les forces de défense et de sécurité pour cette belle initiative en fin d’année », nous confie un monsieur dans sa voiture.
Des félicitations et encouragements sont les mots de plusieurs citoyens. C’est dans cette ambiance que nous embarquons pour la deuxième étape de notre mission du jour. Le quartier Kilwin, toujours dans l’arrondissement 3 de Ouagadougou.
Fouille minutieuse…
Ici, il s’agit d’une opération de ratissage. « Après le bouclage, nous procédons au ratissage. Nous investissons la zone et nous fouillons de fond en comble pour dénicher les lieux de refuge ou les délinquants qui seront en opération », explique l’adjudant-chef Jakaridja Kaboré, par ailleurs adjoint au commandant de la brigade de gendarmerie de Sig-Noghin.
L’équipe se positionne devant un débit de boisson. Tout porte à croire qu’il s’agit d’une arrestation ou un démantèlement d’un réseau de malfaiteurs dans la zone. Le gérant, le tenancier et quelques badauds observent la scène dont ils sont également les cibles.
L’adjudant-chef Kaboré donne le top départ. L’équipe se divise en plusieurs groupes. Pendant que certains bloquent les issues du débit de boisson, d’autres fouillent le stockage et le réfrigérateur pour savoir si on vend de la boisson prohibée dans cet établissement.
Tout est « clean » ici. Les équipes progressent sur d’autres cibles. Le propriétaire du maquis est présent. « L’opération des gendarmes est très bien parce que ça réduit le taux de banditisme dans la zone », félicite Ibrahim Nassa.
Le ratissage se poursuit dans cette zone de la ceinture verte de la capitale. Les gendarmes passent au peigne fin les jardins et garages. Selon l’adjudant-chef Kaboré, plusieurs cas d’agression à main armée sont signalés dans cette zone donc ses hommes vont y consacrer beaucoup de temps.
Pas de contravention, uniquement des papiers justificatifs
Le monument de la paix de Tampouy est la troisième étape de la tournée des hommes de médias. Ici également, c’est une zone criminogène. À l’arrivée des journalistes, le ratissage est déjà fini. Au bilan, rien à signaler.
Cap est mis sur la dernière étape : la route nationale (RN1). À la sortie ouest de Ouagadougou, les gendarmes ont installé leur check-point pour le contrôle d’identité et des pièces des motos sur la RN1. Cette zone fait face à l’entrée du quartier Zongo.
Selon le commandant de peloton au 33e EGM (Escadron de gendarmerie mobile), Yamba Ouédraogo, ils opèrent par surprise avec ses hommes. Ils investissent les lieux où les bandits les attendent le moins.
À l’arrivée des journalistes autour de 00h50, c’est une cinquantaine de motos immobilisées pour manque de documents ou non-conformité entre les noms sur la carte grise et ceux des personnes qui utilisent la moto.
À travers ce genre d’opérations, les propriétaires d’engins volés arrivent à entrer en possession de leurs biens, indique le commandant Yamba Ouédraogo.
Les discussions entre les propriétaires des engins et les gendarmes ne faiblissent pas. Il y a ceux qui implorent la clémence des militaires et ceux qui souhaitent juste payer la contravention afin de récupérer leurs véhicules et poursuivre leurs chemins. Dans les deux cas, peine perdue. Les gendarmes délivrent juste des papillons invitant les concernés à se rendre à la gendarmerie de Boulmiougou (sur le même axe) avec des justificatifs pour retirer les engins.
Dans cette ambiance de plaidoirie, la mission des journalistes prend fin. Il est 1h du matin. Cette mission est une routine pour les forces de sécurité. Mais dans un contexte de fin d’année, elle s’intensifie afin de ramener la quiétude pour la population.
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Cryspin Laoundiki
Lefaso.net
Bilan (provisoire) de la mission de 21h00 à 6h00 :
1 966 personnes contrôlées ;
34 personnes interpellées ;
115 motos saisies
Un lot de produits prohibés composés de médicaments et de cigarettes récupéré
Source: LeFaso.net
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