Les rideaux sont tombés sur la 21e édition de la rencontre nationale Etat/Secteur privé sur une note de satisfaction, ce samedi 23 novembre 2024 à Bobo-Dioulasso. Au terme des deux jours de travaux autour des préoccupations du secteur privé burkinabè, des recommandations ont été formulées pour relever les multiples défis liés au développement et à la consolidation de la souveraineté économique. C’est le chef du gouvernement, Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, qui a présidé la cérémonie de clôture des travaux.
La maison de la culture Mgr Anselme Titianma Sanon de Bobo-Dioulasso a été prise d’assaut, les 22 et 23 novembre 2024, par les acteurs du monde économique du Burkina, venus des différentes régions du pays pour échanger avec le gouvernement sur les différentes préoccupations qui minent leurs secteurs d’activités. Cette 21e édition de la Rencontre nationale gouvernement/Secteur privé était placée sous le thème : « Contribution des investisseurs nationaux dans les initiatives endogènes de développement et de consolidation de la souveraineté économique du Burkina Faso ».
Deux jours durant, les acteurs ont pu échanger sur les différentes préoccupations relatives à l’activité économique et sur les thématiques en lien avec la contribution des investisseurs nationaux dans les initiatives endogènes de développement et de consolidation de la souveraineté économique du Burkina Faso. « Cet exercice nous a permis de proposer des pistes de solutions à même de relever les multiples défis liés au développement et à la consolidation de la souveraineté économique de notre chère patrie, le Burkina », a souligné le ministre en charge de l’industrie, Serge Poda, dans le discours du Premier ministre qu’il a prononcé.
Plusieurs activités ont ponctué l’évènement, à savoir des panels qui ont porté sur diverses thématiques. Il s’agit des thèmes tels que « Actionnariat populaire et problématique du financement des initiatives de développement » ; « Rôle du secteur privé dans la mise en œuvre des initiatives endogènes de développement » ; « Rôle de l’Etat dans la relance de l’activité économique dans les zones à fort défi sécuritaire » ; « Apport du secteur privé dans le relèvement et la stabilisation des territoires ». Au cours des panels, des recommandations ont été formulées.
Il s’agit, selon le secrétaire général du ministère en charge de l’industrie, Oumarou Barro, « d’encourager une plus grande participation de la diaspora dans les initiatives de développement local ; de réformer le système de production, de transformation et de commercialisation des produits d’élevage pour une meilleure valorisation ; d’intensifier les efforts pour garantir une production agricole continue tout au long de l’année ; de renforcer le suivi et l’évaluation des initiatives de développement local pour en assurer l’efficacité ». Les travaux se sont achevés par une communication de la Banque africaine de développement (BAD) sur ses instruments de financement. Ainsi, le responsable pays de la BAD a présenté la stratégie de la banque pour le secteur privé, les instruments de financements, les principaux secteurs d’intervention et les conditions d’éligibilité.
Des préoccupations soulevées par les acteurs du secteur privé
Au cours des échanges, des acteurs du secteur privé ont soulevé des préoccupations et ont formulé des recommandations. Au total, 25 préoccupations ont été soulevées par ces acteurs. Selon le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina, Mahamadi Sawadogo, ces préoccupations se résument à la facilitation de l’environnement d’investissement et la sécurisation des investissements. « Ce qui est très important pour l’investisseur », a-t-il insisté.
A en croire le ministre Poda, les propositions pertinentes issues de cette rencontre seront traduites en actions concrètes à travers un plan d’actions qui sera adopté par le Comité national de pilotage du cadre de concertation public-privé. La mise en œuvre de ce plan d’actions contribuera à l’atteinte des objectifs de développement poursuivis par l’Etat à travers le renforcement de la bonne gouvernance et l’amélioration continue de l’environnement des affaires. Il reste ainsi convaincu que dans les initiatives endogènes de développement en marche, et notamment l’actionnariat populaire et l’offensive agro-pastorale et halieutique, les rôles respectifs du secteur privé et de l’Etat sont déterminants pour réussir la relance économique et tracer les sillons d’une paix véritable au Burkina Faso. Au nom du Premier ministre, le ministre Poda a invité les hommes et femmes d’affaires à continuer de soutenir et d’accompagner le gouvernement dans sa « noble mission ».
Cette invitation semble avoir trouvé un écho favorable, car les hommes d’affaires se sont engagés, par la voix du président Mahamadi Sawadogo, à soutenir l’Etat dans les investissements endogènes. « Le secteur privé, une fois de plus, s’est engagé à accompagner l’Etat dans les investissements endogènes, dans la transformation des produits locaux, tout ce qui doit concourir au développement endogène. Le secteur privé est disponible aux côtés du gouvernement pour œuvrer de sorte que l’économie se porte bien pour le bonheur de la population du Burkina Faso », a-t-il affirmé.
Pour lui, ce rendez-vous a été un pari gagné au regard des résultats des travaux. C’est pourquoi, il a saisi l’occasion pour traduire sa gratitude et celle du secteur privé au Premier ministre et aux membres du gouvernement pour « l’esprit de dialogue constructif qui a caractérisé cette rencontre ». En attendant la mise en œuvre des différentes recommandations issues des travaux, rendez-vous est pris en 2025 pour la 22e édition.
Romuald Dofini
Lefaso.net
Les principales préoccupations de cette rencontre :
1. Vulnérabilité des PME face à la concurrence dans le cadre de la Zone de Libre-Échange continentale africaine (ZLECAf) ;
2. Faiblesse des dispositifs d’accompagnement pour les initiatives des jeunes dans l’industrie et le secteur informel ;
3. Coût élevé et faible disponibilité de l’énergie ;
4. Persistance des achats bord champs ;
5. Niveau élevé des droits d’enregistrement, notamment pour les marchés d’assurance ;
6. Faible digitalisation des procédures de délivrance des licences d’affaires, notamment pour la création d’entreprise et les actes de construire ;
7. Insuffisance d’infrastructures de soutien à l’industrie, à l’agriculture et à l’industrie culturelle et créative ;
8. Faible qualité des infrastructures numériques et de transport urbain ;
9. Persistance de la concurrence déloyale et de l’exportation des matières premières brutes ;
10. Persistance des tracasseries routières ;
11. Manque de mécanismes adaptés pour le financement des industries culturelles, créatives, du secteur privé de la santé et des transports ;
12. Lenteur dans le paiement de la dette intérieure et des frais de scolarité des étudiants affectés par l’Etat ;
13. Non prise en compte du secteur culturel dans les priorités d’investissement de l’APEC ;
14. Non renouvellement de l’Accord-cadre entre l’Etat et la Chambre des métiers de l’artisanat du Burkina Faso ;
15. Difficulté d’accès aux ressources foncières pour les projets d’investissement ;
16. Inadéquation des textes nationaux avec les normes communautaires en matière d’architecture ;
17. Rigidité des conditions d’ouverture des écoles doctorales par les établissements privés, et non reconnaissance de certains diplômes professionnels dans les concours d’entrée à la fonction publique ;
18. Exigence faite aux instituts privés d’enseignement supérieur de la santé d’avoir leurs propres formations sanitaires pour les stages des étudiants ;
19. Absence de programmes d’appui pour les acteurs économiques et les travailleurs informels déplacés internes affectés par la crise sécuritaire ;
20. Non reversement intégral de la quote-part des recettes réalisées par la MEBF conformément au protocole d’accord avec l’Etat ;
21. Besoin d’accompagnement pour le traitement des vergers de mangue ;
22. Insuffisance d’unités de transformation dans la filière bétail viande ;
23. Non implication des industriels dans la révision des textes de réglementation environnementale, notamment sur les coûts et la périodicité des évaluations environnementales ;
24. Non application des textes règlementant le commerce de distribution ;
25. Retard dans l’adoption par l’Assemblée législative de transition du projet de Code de santé publique relu.
Source: LeFaso.net
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