L’UNESCO célèbre le 21 novembre la Journée mondiale de la télévision, proclamée par l’Assemblée générale des nations unies en 1996 pour encourager des échanges mondiaux de programmes télés se concentrant sur la paix, la sécurité, le développement social et économique et l’amélioration des échanges culturels. A l’occasion, nous avons réalisé une interview avec le directeur de la télévision du Burkina, Pascal Kané, sur la place de la RTB-télé à l’ère du numérique. Lisez !
Lefaso.net : Ce 21 novembre est célébré la Journée mondiale de la télévision. Quel sens cette journée a pour vous en tant que journaliste de télévision ?
Pascal Kané : C’est une journée qui nous rappelle que nous avons un métier formidable, qui a des exigences qu’il faut respecter et réfléchir à tout ce que nous faisons, sur la place du média dans la société. Réfléchir sur son avenir parce que tout va à la vitesse V. C’est une occasion de nous projeter pour analyser l’avenir de la télévision dans les années à venir. C’est-à-dire de voir comment la télévision s’adapte à la nouvelle donne.
En parlant nouvelle donne, comment la télévision du Burkina envisage son avenir à l’ère du numérique ?
Nous y sommes déjà et il n’y a pas à envisager. Nous n’avons le choix que de vivre avec. Le plus important est de s’adapter à ce format qui s’impose à nous en tant que travailleurs mais aussi au public. Il n’y a pas d’avenir de la télévision sans le numérique. Nous travaillons donc à nous adapter à cette nouvelle donne.
Les réseaux sociaux et autres plateformes numériques challengent avec la télévision. Est-ce qu’elle n’a pas perdu son statut du média leader ou roi ?
Même si elle est toujours reine, elle a quand-même perdu quelques brindilles de sa couronne. Effectivement, la télévision n’a plus l’exclusivité des contenus puisque tout le monde peut produire maintenant grâce à l’Internet. Malgré tout, je pense que la télévision reste un média privilégié. Étant ce canal d’information et de divertissement connu de longue date, elle a réussi à s’implanter. Ce qui fait qu’elle a des avantages que le numérique ne viendra pas forcément influencer. Sinon, je pense que la télé doit s’adapter à la nouvelle situation, qu’elle essaie de proposer mieux, qu’elle reste toujours la référence. L’avantage de la télévision est qu’elle est animée par des professionnels. Quoiqu’on dise, tous les contenus ne sont pas forcément bons. Le public essaie de mieux comprendre à travers les supports traditionnels après les avoir vus sur d’autres supports.
Le numérique est-il une menace ou une opportunité pour vous ?
C’est beaucoup plus une opportunité qu’une menace. Avant, la télévision n’était pas accessible à tout le monde. Mais maintenant avec le numérique, il est facile de l’avoir partout à travers les différentes plateformes numériques. Cela permet d’annoncer même certains programmes pour permettre aux gens d’être au rendez-vous. C’est vraiment une plus value.
Cela bat en brèche la prophétie de ceux qui ont annoncé sa mort alors ?
Évidemment ! Je ne pense pas que la télé mourra avec le numérique, elle s’adapte. La mort de la radio a même été annoncée. Mais elle a survécu. Il y a certainement des choses à revoir, notamment les pratiques parce que la télévision va devenir beaucoup plus web que le format traditionnel.
Comment la RTB-télé s’adapte au numérique alors ?
C’est comme toutes les chaînes de télévision. Nous essayons aussi de nous adapter. Du point de vue matériel, nous essayons d’acquérir les outils qui vont avec. Même au niveau de la formation du personnel, nous essayons de former le personnel pour l’adapter aux exigences de l’environnement actuel. Actuellement, on ne peut pas concevoir la RTB sans ses plateformes numériques. Elles font partie intégrante de notre système. Nous ne sommes pas totalement en phase mais nous faisons des efforts pour être au diapason.
L’Intelligence artificielle (IA) est un autre phénomène qui révolutionne le monde des médias, notamment, la télévision. Que faites-vous pour faire face à ce phénomène ?
Tout est une question de préparation. En ce qui concerne l’intelligence artificielle, nous ne sommes pas nombreux à être préparés à l’inclusion rapide de cette technologie. Nous essayons quand-même de nous adapter en formant le personnel afin que l’IA soit plus un avantage pour nous qu’une menace.
Parlant de formation, qu’est-ce qui est fait au niveau de la RTB en termes de formation du personnel pour répondre aux exigences du web ?
Nous avons un plan de formation qui est mis en œuvre. Nous essayons, autant que possible, de nous adapter, de faire en sorte que le personnel puisse travailler autrement. La difficulté est que le numérique est un domaine essentiellement jeune. Certes, des gens d’une certaine catégorie d’âge s’intéresse au numérique mais le constat général est que c’est un domaine jeune. Cela nécessite que la personne ait la passion du journalisme mais aussi des Technologies de l’information et de la communication (TIC). Ce n’est pas toujours évident de transformer une personne du jour au lendemain. Je pense que nous ferons tout au fur et à mesure pour répondre aux attentes.
Quels sont les défis de la télévision du Burkina en termes de transition digitale ?
C’est la formation du personnel. Il s’agit de faire en sorte que nous ayons un personnel apte à travailler dans ces conditions, qui comprennent ces outils et qui savent anticiper les choses. Quels que soient les moyens, si le personnel n’est pas formé et apte à jouer ce rôle, il sera toujours difficile de relever le défi. Nous promettons d’être à la hauteur parce que nous savons désormais que nous ne travaillons pas seuls. Maintenant les gens n’ont pas forcément le temps de s’assoir pour regarder la télévision mais ils la regarde dehors toute la journée sur tous les terminaux. Cela demande une réorganisation à notre niveau.
Au regard de tous ces défis, comment se porte alors la RTB-télé dans cet environnement numérique ?
La RTB-télé se porte relativement bien. Maintenant que nous avons la possibilité de voir notre taux d’audience, nous n’avons pas besoin d’attendre les sondages classiques comme ils le font très souvent. Nous voyons des réactions, des appréciations, les critiques sur nos plateformes digitales. Le nombre d’abonnées qui augment de jour en jour. Objectivement, nous nous portons bien malgré le contexte dans lequel nous travaillons.
Un message pour vos téléspectateurs à l’occasion de cette journée mondiale de la télévision ?
Suivez la RTB télé parce que nous travaillons pour vous !
Interview réalisée par Serge Ika Ki
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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