Après avoir écouté l’ancien inspecteur général des services de santé, Dr Marie-Joseph Sanou, poursuivi pour concussion, le Tribunal a convoqué à la barre l’ancien secrétaire général du ministère de la santé pour répondre des faits de complicité ; lui qui avait en charge la signature des ordres de mission.
« Faire l’erreur de signer deux ordres de missions portant les mêmes noms, malgré les contrôles pour s’assurer qu’il n’y ait pas doublon peut arriver. Mais qu’on en arrive à six en l’espace de deux mois, comment est-ce possible ? » Voilà la question adressée par le président d’entrée de jeu au prévenu, secrétaire général du ministère en charge de la santé au moment des faits qui remontent à l’année 2021.
En réponse, Wilfried Ouédraogo explique qu’en plus de gérer certaines affaires touchant directement à la vie de l’institution, il doit signer environ cent ordres de mission par jour. « Les ordres de mission à signer viennent par lots. En une journée, je peux en recevoir cinq. Pour les premiers, je peux bien m’assurer qu’il n’y a pas doublon parce que c’est le matin. Mais jusque vers le soir, en recevant le cinquième lot, je crois que ça peut arriver. Par jour, je signe une centaine d’ordres de mission. Cela, sans compter les arrivée-départ et autres » s’est-il défendu.
A la question du procureur de savoir si les ordres de mission passent impérativement par lui, le prévenu répondra par l’affirmative. « Avez-vous déjà rejeté des ordres de mission ? » a poursuivi le procureur. « Oui, ça arrive. Ce peut être lorsque la composition de l’équipe n’est pas conforme au type de mission, lorsque la période n’est pas propice à ce que l’on tienne l’activité, etc » a-t-il détaillé.
Selon Me Fataou Kéré, il est inconcevable d’avoir sous les yeux deux ordres de mission ayant à peu près les mêmes dates, furent-ils arrivés à des heures différentes, et ne pas s’en apercevoir. De deux choses, l’une : soit M. Ouédraogo ne s’acquitte pas bien de sa tâche. Soit, il existe un lien entre Marie-Joseph Sanou et lui. « Est-ce que vous connaissez M. Sanou ? » a-t-il demandé au prévenu.
« Oui, c’était l’inspecteur général des services de santé » a-t-il répondu. « Ça on le sait. Mais au-delà du poste qu’il a occupé, est-ce que vous avez un lien ou une affinité quelconque avec lui ? » a reconduit Me Kéré. « C’est un aîné dans la profession » a renvoyé Wilfried Ouédraogo.
Pour Me Kéré, cette raison, bien qu’immatérielle, est suffisante pour établir qu’il y a eu collusion entre les deux. « Sinon, comment expliquer qu’on puisse avoir sous les yeux deux ordres de mission, qui s’enchaînent en l’espace de 24h, qui ont les mêmes dates, sans s’en apercevoir » a-t-il interrogé le prévenu.
« C’est une situation alarmante parce que ce n’est pas possible qu’on puisse se retrouver avec des ordres de mission qui tiennent sur la même période. Mais je répète encore qu’en fonction du flux de dossier, il peut arriver qu’on ne s’en aperçoive pas.
Tous les ordres de mission avant d’être signés, sont lus. A la lecture, le nom devrait me revenir en mémoire. Mais le flux de dossier est très important. Aussi, je tiens à préciser que c’est le secrétariat qui place les dates et les numéros » a clarifié l’ancien secrétaire général.
Prenant la parole par la suite pour l’interroger, son conseil Me Guitanga lui demandera ceci : « combien avez-vous reçu pour signer les ordres de mission de M. Sanou ? » « Je n’ai absolument rien reçu » a-t-il répondu. « Et pour ce qui est du mécanisme de contrôle pour les doublons au sein du ministère ? Qui a demandé à ce qu’il soit mis en place ? » a poursuivi Me Guitanga. « C’est le secrétariat général qui l’a demandé, au regard du flux de dossier » a déclaré le prévenu, pour conclure.
Plus de détails à venir.
Erwan Compaoré
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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