Le Réseau national anti-corruption (REN-LAC) tient un colloque international les 16 et 17 octobre 2024 à Ouagadougou, sur le thème principal : « Corruption et développement en Afrique ». C’est le Pr Idrissa Mohamed Ouédraogo qui a animé la conférence inaugurale.
De nos jours professeur en sciences économique et de gestion, Idrissa Mohamed Ouédraogo a une riche expérience en matière de lutte contre la corruption au Burkina Faso, a indiqué le modérateur de la conférence inaugurale, Dr Pam Zahonogo.
D’entrée de jeu, Pr Idrissa Mohamed Ouédraogo a fait remarquer que la corruption est une question à laquelle les décideurs publics et les structures pour le développement accordent une attention particulière. Pour lui, la gouvernance affecte la question du développement donc il y a un lieu qui s’établit directement.
Selon le conférencier, par ailleurs ancien directeur de l’Unité de formation et de recherche en Sciences économiques et de gestion (UFR/SEG) de l’université Joseph Ki-Zerbo, chaque acte de corruption génère des revenus. A titre d’exemple, il a pris les cas des blanchements de capitaux. Des activités qui, visiblement, tournent au ralenti mais les premiers responsables arrivent toujours à manipuler des chiffres.
En ce qui concerne la différence entre la petite et la grande corruption, Pr Idrissa Mohamed Ouédraogo a indiqué que la petite est tellement fréquente au point où ceux qui la pratiquent ne s’en rendent pas compte. C’est une corruption qui met en jeu des sommes modestes (500 FCFA, 1 000 FCFA, etc.) mais le cumul donne une somme importante, a-t-il fait observer.
Au cours de cette conférence inaugurale du colloque international, le Pr Idrissa Mohamed Ouédraogo a parlé de la « corruption discrète ». Pour lui, c’est une sorte de corruption qu’on ne voit pas mais qui est pratiquée au quotidien. Il a cité, entre autres, le cas des retards au travail, le manque de productivité et le fait de laisser sa principale activité pour faire des prestations telles que les consultations.
« Le bas salaire dans l’administration peut pousser dans la corruption »
Parlant des causes de la corruption, l’actuel directeur de l’école doctorale de l’université Aube Nouvelle, Pr Idrissa Mohamed Ouédraogo, a affirmé qu’elles sont multiples et variées. « Ça dépend des réalités de chaque pays », a-t-il notifié, avant de préciser que dans certains pays, il existe des textes qui permettent à certains responsables de services d’accorder des avantages à des personnes.
Le conférencier a cité des exemples tels que le développement de la dégradation des valeurs morales dans une société, le manque de sanctions des cas de corruption, le manque d’assurance maladie, la promotion qui n’est pas basée sur les performances et la productivité, la défaillance du système politique ou judiciaire d’un Etat. « Le bas salaire dans l’administration peut pousser les gens qui veulent s’enrichir rapidement à tomber dans la corruption », a signifié le Pr Idrissa Mohamed Ouédraogo.
« Que les textes soient appliqués sans complaisance »
Pour ce qui concerne les conséquences de la corruption, le conférencier a indiqué que la liste n’est pas exhaustive. Il a cité le manque de recouvrement des ressources, des investisseurs qui hésitent à investir dans le pays, la réduction du niveau des services de base (santé, éducation, logement, etc.), la réduction ou la limitation de la création d’emplois. « La corruption est un marché. Lorsqu’on décide s’engager, on évalue les coûts. Quand ça arrange, les gens s’engagent », a-t-il schématisé.
Comme recommandations, Pr Idrissa Mohamed Ouédraogo a demandé de mettre en place des procédures claires pour la lutte contre la corruption. Il a dit être convaincu que si on décide de chasser un agent de la fonction publique pour des faits avérés de corruption, peu de gens vont s’adonner à cette pratique. « Que les textes soient appliqués sans complaisance », a-t-il souhaité.
Par ailleurs, il a proposé de bien payer les agents, car « quand le salaire est élevé, la possibilité de corrompre est faible ».
Dans sa conclusion, le conférencier a indiqué que « la corruption est partout et nulle part à la fois » et que « toutes ses formes jouent négativement sur nos économies ». Et le modérateur, Dr Pam Zahonogo d’ajouter : « Quand on accepte un pot de vin, on n’a plus le pouvoir de dire non ».
Lire aussi : Burkina : Un colloque international pour débattre corruption et développement en Afrique
Cryspin Laoundiki
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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