La corruption représente une gangrène pour le développement des pays africains. Dans chaque pays, l’on déploie des mécanismes pour y faire face et favoriser par la même occasion une égale répartition des richesses. Au Burkina Faso, l’heure est à la collaboration entre chercheurs et praticiens de la lutte, pour trouver les voies et moyens de réduire le phénomène à sa plus petite expression, voire l’anéantir. C’est dans ce cadre que se tient le colloque international sur le thème : « Corruption et développement en Afrique », organisé par le Centre de formation et de recherche anti-corruption du Réseau national de lutte anti-corruption, en collaboration avec le Centre d’étude, de documentation, de recherches économiques et sociales (CEDRES) de l’Université Thomas Sankara (UTS). La cérémonie d’ouverture s’est tenue ce mercredi 16 octobre 2024, à l’Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ) de Ouagadougou.
L’Afrique est le continent le plus en retard dans le monde. Et parmi les phénomènes qui freinent son ascension vers le développement, figure la corruption, et ce, malgré les importants moyens déboursés pour y faire face. « A titre illustratif, le score moyen de I’Afrique dans l’indice de perception de la corruption (IPC) de transparency international en 2023 est de 33 sur 100. L’écrasante majorité (90%) des pays a une note inférieure à la moyenne. Dans notre métier, on vous colle la mention Echec ou Non autorisé à redoubler. Seuls cinq pays, qui sont d’ailleurs les mêmes chaque année, tirent leur épingle du jeu avec une note supérieure ou égale à 50 sur 100 : les Seychelles (71 sur 100), le Cap-Vert (64 sur 100), le Botswana (59 sur 100), le Rwanda (53 sur 100) le Maurice (51 sur 100) » a regretté Pr Florent Hien, président du comité d’organisation.
De ces dires, la situation est si alarmante, au point de rendre impossible la réalisation de tout projet de développement dans cette partie du monde. « La Bangue mondiale considère que chaque année, 1 000 milliards de dollars US sont versés en pots-de-vin tandis que quelques 2 600 milliards de dollars US, soit plus de 5% du PIB mondial, sont détournés. En 2010, le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) estimait, quant à lui, que dans les pays en développement, le montant des fonds soustraits de leur destination par la corruption est dix fois plus élevé que celui de l’Aide publique au développement. Dans ces conditions donc, il apparait évident que tout projet de développement devient impossible. La corruption est, donc, condamnable au triple point de vue éthique, politique et économique » se désole t-il.
Pour Pr Pam Zahonogo, président de l’UTS, cette activité revêt une importance capitale car elle met à contribution les chercheurs dans la recherche des solutions pour lutter contre le phénomène. Leur regard servira de lumière pour éclairer les praticiens, engagés dans la lutte. « Ce colloque nous impose une réflexion approfondie sur plusieurs aspects de la corruption incluant ses causes, ses conséquences ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour lutter efficacement contre le phénomène. Ainsi, les recommandations issues des différentes communications devraient ouvrir les voies à une recherche scientifique sur les implications de la corruption sur le développement des pays africains. Toute chose qui permettra d’éclairer les décideurs publics dans la formulation et la mise en œuvre de politiques efficaces de lutte contre la corruption » se convainc-t-il.
Rappelons que ce colloque est retransmis en ligne dans d’autres pays africains, parmi lesquels on compte le Sénégal, le Cameroun, le Togo, le Tchad et le Mali. Il durera deux jours, soit les 16 et 17 octobre 2024, et plusieurs thématiques seront débattues pendant ces moments. On peut citer entre autres : « Extrémisme violent et rôle de la corruption dans une crise sécuritaire persistante en Afrique » ; « Corruption et cohésion sociale au Burkina Faso : cas de l’administration fiscale » ; « L’inclusion financière réduit-elle la corruption dans les pays de l’UEMOA » ; « Corruption et contre-performance du service public de la santé » ; « La corruption des juridictions financières dans la répression des actes de corruption en Afrique subsaharienne francophone : Les exemples du Cameroun et du Burkina Faso ». La leçon inaugurale est livrée par Pr Idrissa Mohamed Ouédraogo.
Erwan Compaoré
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents