Dans son discours prononcé le 5 septembre 2024, à l’occasion du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC 2024), le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyelem de Tambela, est revenu sur l’unité des pays africains. Pour lui, l’Afrique est toujours à la traîne parce que certains africains se dressent contre d’autres. Evoquant au passage la création de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel, le chef du gouvernement burkinabè a appelé l’Empire du milieu à y investir car beaucoup d’opportunités y sont à la clé.

« Pour impulser une politique donnée, il faut la volonté politique. Et pour avoir une volonté politique, il faut être libre. Celui qui n’est pas libre, n’a pas de volonté en soi ! Or, la plupart de nos dirigeants africains ne sont pas libres. Et quand on n’est pas libre, on ne peut pas déterminer un destin pour son propre peuple ! » Ces mots du Premier ministre Apollinaire Kyelem de Tambela ont été prononcés lors de son discours à Pékin, à l’occasion du FOCAC 2024, qui se tient sur le thème : « S’associer pour promouvoir la modernisation et construire une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau ».

« Les perspectives pour notre développement dépendent de nous », Apollinaire Kyelem de Tambela aux dirigeants africains

Il évoquait en ce sens l’unité des pays africains, qui, jusque-là reste une chimère, et la volonté de certains dirigeants africains de nuire à leurs frères africains. « En Afrique actuellement, et plus particulièrement en Afrique francophone, nous avons beaucoup de chefs d’État qui reçoivent toujours des instructions de Paris, de Londres ou de Washington, avant de prendre une décision quelconque. Nous avons des chefs d’Etat qui préfèrent s’allier à Paris ou à Washington, pour combattre leurs propres frères africains. Dans un tel contexte, construire un ensemble intégré de développement et d’industrialisation est difficile », a-t-il déploré.

« Le développement de la Chine s’est aussi fait grâce son unité politique », Apollinaire Kyelem de Tambela

Pour être libres, ce constat, dit il, a poussé son pays, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, à quitter la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Ces derniers ont par la suite créé la Confédération des Etats du Sahel le 6 juillet 2024. « Cette confédération a pour objectif d’aboutir à une fédération d’Etat dans les prochaines années et le plus tôt possible. Et je peux vous dire que cette marche est irréversible. Si la constitution de la confédération s’est faite à l’instigation et sous le leadership des trois chefs d’Etat, les populations de ces pays se sont emparées de ce projet, et poussent maintenant les dirigeants à aller de l’avant », a-t-il assuré.

« Ce n’est plus une affaire de dirigeant, mais une affaire des peuples de ces trois pays », Apollinaire Kyelem de Tambela

Pour lui, la Chine devrait accentuer sa coopération avec la confédération de l’AES qui a une superficie de plus de 2 700 000 km2 et une population de plus de 80 millions d’habitants, car dit-il : « cette coopération peut avoir beaucoup d’avenir ».

Erwan Compaoré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net