La fumée de tabac est, selon des institutions de santé, la première source de pollution de l’air intérieur (habitation, voiture…) et contient plus de 4 000 substances chimiques, dont certaines sont irritantes, toxiques et pour plus de 70 d’entre elles, classées comme cancérogènes. Au Burkina Faso, la vente de la cigarette est encadrée pour ces raisons nuisibles à la santé (images sanitaires sur les paquets, interdiction de contact avec les enfants…). Le Burkina Faso qui est partie à la convention internationale sur le tabac, multiplie les actions en vue de protéger les populations des effets néfastes des produits du tabac. C’est dans cette volonté que la Direction de la promotion et de l’éducation pour la santé (DPES) du ministère de la Santé et de l’hygiène publique a échangé (du 25 au 28 juillet 2024 à Koudougou, région du Centre-ouest) avec la société civile intervenant dans la lutte contre le tabagisme, sur les stratégies de faire des espaces publics au Burkina, des lieux non-fumeurs, comme l’exige la loi.
Cette rencontre de concertation vise à obtenir de la société civile, son soutien et son implication dans les activités de sensibilisation et de plaidoyer du public par rapport à l’interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun. Pour cela, les échanges ont permis à la Direction de la promotion et de l’éducation pour la santé (DPES) de dresser un état des lieux des résultats atteints au Burkina en matière de lutte contre le phénomène tabagique, d’où il ressort que la société civile a été le baroudeur, tant dans l’adoption des textes que des actions de lutte. Malgré les nombreux acquis engrangés, dont les affichages, les images sur les paquets de cigarettes, la hausse du taux d’imposition…, de nombreux défis restent à relever, dont la révision de certaines dispositions réglementaires pour prendre en compte les insuffisances liées à l’évolution des réalités du terrain, pour plus d’efficacité et d’efficience dans les actions.
La rencontre de concertation a donc permis aux acteurs de revisiter des données, les réactualiser et de se fixer un nouveau cap, notamment faire des lieux publics et des transports en commun, des espaces non-fumeurs. Rappelons au passage que pour ce qui est de ce plan, le Burkina Faso a postulé et obtenu le financement du Fonds d’action pour la politique anti-tabac en Afrique (TOPAFA), Management Sciences for Health.
En effet, au Burkina Faso, et selon l’enquête STEPS, la prévalence tabagique chez les 18-69 ans est de 13,6% en 2021 et en moyenne, un adulte sur cinq fume. L’exposition passive à la fumée de tabac à domicile et au lieu de travail était respectivement de 28.3% et 28.6% chez les sujets âgés de 18 à 69 ans. Et parmi les 4 800 individus qui meurent par an au Burkina du tabac, 1 300 sont non-fumeurs (c’est-à-dire des victimes du tabagisme passif, ATLAS 2017 de l’OMS).
Plusieurs conséquences liées au tabac sont à rappelées. Elles partent des portées physiques (santé) à celles économiques en passant par l’impact sur l’environnement et la vie sociale. Selon les spécialistes, 85% des cancers bronchiques sont attribuables au tabac. Il est également incriminé dans la survenue de cancers d’autres organes tels que la vessie, le rein, le pancréas, le col de l’utérus et reconnu comme ayant une responsabilité majeure dans la survenue des broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO). « Environ 10 à 15 % des fumeurs développent une obstruction bronchique chronique. Le tabac est l’un des facteurs de risque dans le développement d’une HTA, d’une maladie coronarienne, d’une artériopathie chronique des membres inférieurs et des troubles de l’érection. Chez la femme, le tabagisme associé à la prise de pilule contraceptive multiplie par 20 le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) et cette association est fortement déconseillée. Le tabagisme est responsable d’une diminution de la fécondité, d’une augmentation des avortements spontanés et d’une mortalité périnatale et néonatale plus importante. Le poids de naissance est faible et inférieur à la moyenne d’environ 150 à 250 grammes. Un syndrome de sevrage peut s’observer chez l’enfant à la naissance. La mort subite du nourrisson est fréquente lorsque l’enfant a été exposé in utéro au tabagisme de sa mère. Les leucémies et les tumeurs cérébrales sont fréquentes chez les enfants exposés in utéro (dans l’utérus, ndlr). Troubles sexuels (impuissance chez l’homme, troubles de la menstruation chez la femme, stérilité) », peut-on retenir de la présentation faite par Eric Doyé et Moumouni Ouédraogo de la DPES, ajoutant à ces méfaits, les affections des yeux, l’apparition de la cataracte avec risque de cécité, les lésions cutanées, l’apparition précoce de ride et dermatoses (psoriasis).
Aussi, outre les fumeurs actifs, les effets du tabac frappent des personnes qui ne fument pas. Ce que les spécialistes appellent « tabagisme passif », « fumée secondaire », « tabagisme involontaire » ou encore « fumée de tabac environnementale », c’est-à-dire le fait de respirer involontairement la fumée provenant de produits de tabac qui brûlent, générée par des personnes qui les fument. Une situation qui se vit dans des domiciles, lieux de travail, lieux publics, moyens de transport, etc. L’exposition à la fumée secondaire affecte et cause quasiment les mêmes dégâts. C’est pourquoi, le ministère de la Santé et de l’hygiène publique, à travers la DPES, et les organisations de la société civile de lutte contre le tabac peaufinent des stratégies en direction des lieux publics et des transports en commun.
« Il faut travailler à protéger les jeunes également sur ce plan. En principe, dans la loi du Burkina, et même sur le paquet de cigarettes, il est dit qu’il est interdit à un enfant de moins de 18 ans de vendre et de payer la cigarette. C’est donc inadmissible qu’un papa envoie son enfant qui n’a pas 18 ans d’aller payer de la cigarette pour lui, en sachant que l’enfant imite ses parents. C’est vraiment un cri de cœur pour que les parents n’envoient pas leurs enfants acheter la cigarette ou ne laissent pas les boutiques avec leurs enfants de moins de 18 ans de vendre la cigarette (quand le papa n’est pas là, c’est l’enfant qui est en train de manipuler les produits du tabac). Nul ne doit enfumer l’autre, selon la loi », a interpellé Moumouni Ouédraogo.
« Les lieux publics au Burkina sont des espaces sans tabac. C’est essentiel à retenir », a, pour sa part, insisté le coordonnateur de Afrique contre le Tabac (ACONTA), Adama Zango, avant de motiver que le respect de la mesure d’interdiction contribue à améliorer le cadre de vie, de travail et d’usage des populations.
« On ne le fait pas pour seulement satisfaire le fait que le Burkina a signé une Convention internationale en la matière, mais pour protéger la santé publique et tout le monde est concerné », a dit le premier responsable de ACONTA, invitant chacun à éviter également le tabac dans son domicile.
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O.L
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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