Les investigations sur le peuplement du royaume Gulma ont permis de retracer les origines de certaines populations comme les Subeiga. Elles sont issues des populations zaoga. Les Subeiga qui sont venus pour la plupart du royaume Mossi, se sont implantés vers le XIXe siècle en pays Gourmatcheba suite à l’insécurité qu’ils subissaient dans la zone. Dans notre chronique, nous reviendrons sur les origines des Subeiga avec la thèse de Dr Salifou Idani.
Les enquêtes montrent que parmi les personnes qui portent le patronyme Subeiga où Soubeiga, il y a celles qui se réclament du moogo. Selon Michel Izard, les Soubeiga auraient des liens de parenté avec le Mogho Naaba Kuda qui régna au XVIe siècle. Selon Lassane Soubeiga, les enfants de Naba Kuda auraient fondé d’autres chefferies notamment Nédogo et Zungu, situées dans l’actuelle province du Ganzourgou. Gombila Yoni et bien d’autres informateurs soutiennent que les Subeiga viennent du village de Subeiga du Moogo. Les informateurs avancent que c’est en souvenir de cette localité que ces populations ont adopté Subeiga comme patronyme dans leur région d’accueil au lieu de Ouédraogo. A Jabo, les Subeiga sont également connus sous le nom de Kuda. Ceci confirmerait une thèse selon laquelle, Ils seraient des descendants du Moogo-Naaba Kuda.
La migration des Subeiga s’est faite suite à l’appel lancé par le Nunbado en direction des souverains Moose. Il sollicita des appuis pour faire face aux guerriers Zarma qui menaçaient son territoire. Cet événement se situerait dans la première moitié du XIXe siècle, période à laquelle les wangari-zarma entreprirent leur aventure en pays gurunsi, « les zamberma avaient quitté leur pays (Niger actuel) pour échapper aux exactions des Peuls. Ils se mirent au service du roi de Yendi (Naaba Doulaye) comme chasseurs d’esclaves. Ils marchaient sous les ordres de Alfa Hano puis de Gazari, et enfin de Babato. S’étant brouillés avec le roi du Yendi, ils entreprirent de contrôler le riche pays gourounsi qu’ils mirent sous coupe réglée.
Dans la tradition gulmance, seules les guerres menées contre les populations du Sud sont les plus citées notamment les Tchokossi (Anoufon) du nord Togo, le Somba et les Bariba. Dans le nord Gulma, la lutte contre les Peuls a été très fréquente. Cependant, il n’est pas exclu que le passage des guerriers Zaberma en direction de Yendi soit marqué par des conflits avec les chefs des territoires Gulmancé traversés.
La migration des Soubeiga était-elle liée uniquement au désir de voler au secours des souverains gulmance ? Yougbaré Oumarou émet une autre hypothèse, notamment la fuite à la suite de multiples attaques ennemies. « Nous pouvons nous demander si les Soubeiga n’ont pas fui d’éventuelles attaques par exemple, Subeiga de Kaya fut attaqué par le Boussouma Nabapugula et son chef exécuté. En 1875 le Mogh-Naba, Sanem entra à Subeiga et l’incendia ».
Le nom Subeiga, selon Niada Yaya, symboliserait la bravoure et il proviendrait de subi-beiga qui signifierait « avoir un cœur dur » ou qui ne reculerait pas face à n’importe quel danger. Ces populations auraient suivi l’itinéraire suivant : Subeiga – Nakarma – Zorgho – Lataogo. A partir de ce village, et par groupes, elles se dispersèrent dans le pays Zaoga.
Un premier groupe parti s’installer à Yâtienga occupé alors par les Yaana qui furent repoussés vers le sud. La deuxième branche menée par l’aîné Guilga continua, s’installa à quelques kilomètres au nord de Jabo et fonda le village de Guilgouen, souvenir de leur ancêtre. Le troisième groupe alla s’établir à Cabga, à quelques encablures du dernier village. Elles cohabitèrent dans la région avec des migrants venus du Yanga.
Réf : Salifou Idani, Thèse de doctorat, 2010
Wendkouni Bertrand Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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