« Estimez-vous heureux que l’Afrique ait ses potentialités ! » Voilà l’exhortation faite par le médecin traditionnel Abdoul Karim Bélemviré, au terme de son échange avec nous, sur notre plateau. Au cours de cet entretien d’une trentaine de minutes, le commissaire de police à la retraite revient sur sa passion qu’est la médecine traditionnelle, les méthodes utilisées pour soigner les malades, ainsi que la collaboration entre l’État, plus précisément le ministère de la Santé, et les médecins traditionnels pour conserver chez les populations ce qu’il considère comme le bien le plus précieux : la santé.
« Tuberculose, hépatite, faiblesse sexuelle, abcès au foie, peste, tétanos, Covid-19. » Ces maladies ne sont qu’une infime partie des pathologies identifiées par le médecin traditionnel Abdoul Karim Bélemviré, parmi celles qu’il soutient être capable de soigner. « J’avais communiqué une liste sur laquelle je dénombrais les maladies qu’on soigne dans ma clinique. Les gens s’étonnaient même de savoir que le corps humain puisse avoir autant de maladies. L’être humain est une machine complexe, et chaque organe a des milliers de maladies. Et sur ma liste, j’ai dénombré 600 maladies que j’ai étudiées du bout des doigts », a assuré le soignant.
Ce « don de guérison », Abdoul Karim Bélemviré dit le tenir d’un héritage familial. Ses produits sont uniquement faits à base de plantes médicinales, qu’il recueille tantôt dans son propre verger qu’il entretient depuis quinze ans, tantôt en les faisant venir de pays voisins tels que le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mali et le Niger. Toutefois, il déplore l’inaccessibilité de certaines plantes, due à l’action de l’homme. « Les gens ne sont pas tendres vis-à-vis de la nature. Il y a la désertification, la divagation des animaux et les feux de brousse qui limitent parfois notre travail. À cela vient s’ajouter aujourd’hui la vente des terres, qui complique la tâche de la médecine traditionnelle », regrette-t-il.
Outre ces éléments, se greffe la pratique même du métier. Mais pour maintenir le cap, Abdoul Karim Bélemviré dit avoir changé son fusil d’épaule. « Aujourd’hui, on ne peut plus faire comme dans l’antiquité. Il faut qu’on évolue. Et évoluer dans quoi ? Dans les équipements. Aujourd’hui, au lieu de faire une décoction à boire matin, midi et soir, tout en sachant que les gens sont très occupés et qu’ils rentrent très tard, je fais des médicaments sous forme de gélules, de pommades, de sirop, pour faciliter la tâche aux patients », se félicite le thérapeute.
Au sujet de la collaboration avec l’État, plus précisément son ministère de tutelle, le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, Abdoul Karim Bélemviré rassure que les choses vont pour le mieux. Et si pendant longtemps, la médecine traditionnelle a été négligée voire méprisée, il dit reconnaître une avancée notoire dans le traitement des médecins traditionnels. « Avant, pour avoir une autorisation, on pouvait même mettre dix ans. Maintenant, ce n’est plus comme ça. Le pouvoir actuel a autorisé les tradipraticiens à exercer dans les centres de santé. On apprécie ce qui vient d’être fait parce que ça encourage à travailler. Vous verrez qu’il y a même des praticiens qui n’étaient pas du tout favorables à la médecine traditionnelle. Ils l’accablaient de tous les maux. Mais aujourd’hui, le discours est en train de changer parce qu’au plus haut niveau, les choses sont maintenant vues d’un autre œil », se réjouit-il.
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Tout en appréciant le retour aux sources qui se fait de plus en plus, l’homme encourage les Africains et plus particulièrement les Burkinabè, à ne pas en avoir honte. « Avant, les gens se cachaient pour venir chez nous. Certains même leur déconseillaient de venir. Mais tenant compte du fait qu’au début, on a tous été soignés par la médecine traditionnelle, le pouvoir a officialisé les choses. Il y a même un centre de médecine traditionnelle à côté de Tengandogo. Estimez-vous heureux car l’Afrique à d’énormes potentialités », a-t-il lancé pour finir.
Erwan Compaoré
Lefaso.net
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Source: LeFaso.net
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