Le Cadre « Deux heures pour nous, deux heures pour Kamita » a initié, vendredi 7 juin 2024 à l’université Joseph-Ki-Zerbo, une conférence publique sur le thème « Médecine africaine : Que comprendre ? ». L’unique conférencière invitée pour partager son expérience était Amsétou Nikièma, la guérisseuse de Komsilga. Une multitude d’étudiants s’est mobilisée pour accorder une oreille attentive à cette spécialiste de la médecine africaine. Amsétou Nikièma a demandé à l’assistance, dès les premiers instants de sa prise de parole, de bien vouloir se tenir debout pour prier en faveur des forces de défense et de sécurité afin que Dieu les soutienne dans leur mission.

L’université Joseph-Ki-Zerbo de Ouagadougou a accueilli une conférence publique sur le thème « Médecine africaine : Que comprendre ? ». L’événement, qui s’est tenu en plein air, a rassemblé des étudiants et des curieux, venus pour en apprendre davantage sur les pratiques traditionnelles de guérison en Afrique. L’invitée d’honneur de cette rencontre était Amsétou Nikièma, une guérisseuse renommée de Komsilga, aujourd’hui reconnue pour ses compétences exceptionnelles et son savoir ancestral en matière de médecine traditionnelle.

La médecine traditionnelle : un art ancestral

Conviant l’assistance à observer un moment de silence et à avoir une pensée pieuse en hommage aux forces de défense et de sécurité à l’entame de ses propos, Amsétou Nikièma a captivé l’audience en partageant son parcours riche en épreuves et ses connaissances remarquables. Elle a raconté avec émotion comment elle a hérité de savoirs ancestraux de guérison, surmontant de nombreux obstacles pour devenir une guérisseuse respectée.

Ses récits de traitements réussis, utilisant des plantes médicinales locales et des rituels spirituels, ont fasciné les participants, illustrant l’efficacité et la profondeur de la médecine traditionnelle africaine. Son engagement pour la préservation et la valorisation de ce patrimoine immatériel a résonné profondément parmi l’audience, soulignant la nécessité d’intégrer ces pratiques dans le système de santé moderne pour le bénéfice de tous.

Prière de la guérisseuse de Komsilga, Amsétou Nikièma, en faveur de tous les participants à la conférence publique.

Amsétou Nikièma a expliqué comment elle pratiquait la médecine traditionnelle à travers l’usage des plantes et de rituels pour soigner diverses maladies, notamment la paralysie, les personnes possédées par de mauvais esprits et le Sida.

Pour prouver que ceux qui lui attribuent des actes diaboliques ont tort, Amsétou Nikièma a rappelé qu’elle s’est rendue à La Mecque, le lieu saint où tous les fidèles musulmans se rendent pour leur pèlerinage. Ce voyage spirituel, selon elle, est une preuve irréfutable de sa pureté et de la légitimité de ses pratiques de guérisseuse. Elle a expliqué que si les accusations portées contre elle étaient vraies, elle n’aurait jamais pu accomplir ce pèlerinage sacré, reconnu pour purifier et bénir ceux qui le réalisent.

Amsétou Nikièma a manifesté son don de guérison au profit de certaines personnes.

Selon Amsétou Nikièma, son retour de La Mecque, saine et sauve, prouve que ses actions sont en accord avec les principes spirituels non-diaboliques. Elle a insisté sur le fait que si les propos et les pensées négatives à son égard étaient fondés, elle n’aurait pas pu continuer à exercer son art de guérisseuse. Alors qu’elle reçoit régulièrement des milliers de personnes venant de divers pays, toutes en quête de soins. « Quelles que soient les difficultés que vous rencontrez dans vos études et dans la vie de façon générale, ne baissez jamais les bras », a-t-elle exhorté.

La satisfaction des étudiants

Les participants ont exprimé leur gratitude pour cette initiative qui permet de redécouvrir et d’apprécier les trésors de la culture africaine. « J’ai retenu que la médecine traditionnelle est comme la médecine moderne. Parce qu’avant, les gens liaient directement la médecine traditionnelle à la sorcellerie. Ce qui n’est pas le cas. Car la médecine traditionnelle est utilisée au même titre que celle dite moderne pour soigner », a apprécié un étudiant.

« Je pense que l’intervention de la guérisseuse de Komsilga va permettre aux gens de comprendre qu’avec la médecine traditionnelle, on peut soigner beaucoup de maladies », Datine Da, étudiant en géographie.

Dans son discours, Lianhoué Imhotep Serge Bayala, premier responsable du mouvement « Deux heures pour nous, deux heures pour Kamita », a souligné l’importance de préserver et de valoriser les savoirs traditionnels africains. « La médecine africaine fait partie intégrante de notre patrimoine culturel. Il est essentiel de la comprendre et de l’intégrer dans notre système de santé moderne pour offrir des soins complets et adaptés à nos populations », a-t-il déclaré.

Il a insisté sur le fait que ces connaissances ancestrales, souvent transmises de génération en génération, constituent un patrimoine inestimable qu’il est impératif de protéger. Selon lui, ces pratiques traditionnelles ne sont pas seulement des vestiges du passé, mais des éléments vivants et pertinents qui peuvent apporter des solutions concrètes aux défis sanitaires actuels. En valorisant ces savoirs, il considère que le Burkina Faso peut non seulement enrichir son système de santé, mais aussi renforcer son identité culturelle et sa fierté nationale.

« Notre souveraineté actuelle doit prendre aussi la dimension de la souveraineté sanitaire pour contrôler les médicaments qui entrent dans notre corps », Lianhoué Imhotep Serge Bayala, responsable du mouvement « Deux heures pour nous, deux heures pour Kamita ».

Imhotep Serge Bayala a également affirmé que la préservation des savoirs traditionnels est essentielle pour atteindre la souveraineté sanitaire du pays. En intégrant les pratiques médicinales africaines dans le système de santé national, il estime que le pays des hommes intègres peut réduire sa dépendance vis-à-vis des médicaments importés et des pratiques médicales occidentales.

La conférence « Médecine africaine : Que comprendre ? » a montré l’importance de la prise en compte de la médecine traditionnelle dans le paysage sanitaire africain. Elle a permis de sensibiliser et d’éduquer le public sur les pratiques ancestrales, tout en ouvrant la voie à une coopération fructueuse entre tradition et modernité. Cette synergie pourrait aboutir à un système de santé plus inclusif et adapté aux besoins des populations locales, renforçant ainsi la souveraineté sanitaire du continent.

Hamed Nanéma

Lefaso.net

Source: LeFaso.net