Lors d’une session d’échanges entre journalistes et membres du Secrétariat technique chargé de la multi-sectorialité pour la nutrition (ST-Nut), les nutritionnistes de l’institution sus-citée ont invité les journalistes à plus de vigilance dans le choix de leurs invités. De leurs dires, beaucoup de personnes se font passer pour des nutritionnistes, alors qu’en réalité, elles ne le sont pas. En réponse d’ailleurs à l’une d’elles qui conseillait qu’à partir de trois mois, il était permis de donner de la bouillie au nourrisson, la secrétaire technique du ST-Nut, Dr Ella Compaoré, s’est voulue claire : « Avant six mois, on ne donne rien d’autre que le lait maternel à l’enfant, même pas l’eau. »
« Nous avons des politiques et des stratégies dans notre pays. Et c’est sur la base de ces dernières qu’aucun pays ne nous égale en matière de nutrition dans la sous-région. Si vous consultez ces politiques-là, il est clairement dit qu’on ne donne pas à manger à un enfant avant trois mois. De la naissance jusqu’à six mois, il ne doit consommer que le lait de sa mère, et rien ne peut remplacer cela. Pour les femmes qui travaillent, il faut exprimer le lait et respecter les heures de tétées. Il ne faut rien lui donner d’autre au bébé. C’est ainsi parce que pendant cette période, l’estomac de l’enfant est tellement petit qu’il lui sera difficile de boire le lait de sa mère, si toutefois il consomme autre chose. Cela permet de conférer à l’enfant des anticorps pour lutter contre certaines maladies.
De plus, le lait de la mère suffit amplement à l’enfant et assure même une quantité d’eau suffisante pour répondre à ses besoins. Même en cette période de canicule, où on a souvent 45° à l’ombre et 50° sur le ressenti de la peau, on ne donne pas de l’eau à l’enfant. Si l’on donne autre chose à un enfant à cet âge-là, c’est que cela a été prescrit par le nutritionniste. Sinon, le lait de la mère seul suffit. J’insiste là-dessus !
Dans notre contexte, on remarque que quand on donne le biberon, on cause souvent des maladies aux enfants. C’est ainsi parce que l’hygiène n’est pas contrôlée. Aussi, on voit souvent certaines femmes préparer de la nourriture dans un bol pour le donner à un enfant. Il faut éviter cela. Les seules possibilités où l’on donne du lait artificiel à un enfant dont l’âge est compris entre 0 et 6 mois, c’est par exemple lorsque la mère est décédée, ou lorsqu’elle est malade, au point où sa situation ne lui permet pas d’allaiter son enfant.
C’est une situation spéciale et dans ce cas-là, le lait lui est donné dans une tasse et une cuillère spéciales, pas au travers d’un biberon.
En d’autres termes, si dès la naissance, on dit qu’on doit faire passer à votre enfant une alimentation artificielle, cela veut dire que c’est un médicament qu’on lui donne. Je parle bien de l’alimentation artificielle et non de l’allaitement artificiel. Cela se fait même sous prescription médicale et c’est dans une pharmacie qu’on achète ce lait-là, pas à la boutique.
De nos jours, on voit beaucoup de personnes qui se plaisent à dire que leur enfant ne boit que le yaourt venu de Suisse qui coûte 3 000 francs CFA, alors qu’il a toujours deux ans. Cela ne doit pas vous réjouir. Au contraire. C’est très dangereux.
À partir de six mois, on donne à l’enfant une alimentation de complément. Cela ne veut pas dire qu’il peut directement manger les mets tels que le gaonré ou le souma. Mais on commence avec une alimentation liquide. Et petit à petit, lorsque l’enfant atteindra l’âge de douze mois, vous verrez qu’il sera à mesure de manger le tô très léger de sa mère, avec des sauces particulières. Faites donc attention à ce que vous donnez à vos enfants ! »
Propos recueillis par Erwan Compaoré
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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