Au cours de la conférence de presse qu’ils ont animée ce vendredi 31 mai 2024 à Ouagadougou sur le dossier dit “Guy Hervé Kam”, les avocats de ce dernier n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère, et en réaction à des questions, pour passer au crible, des actes de la gouvernance du pouvoir de la Transition.
Pour l’occasion, Me Prosper Farama a réitéré sa position vis-à-vis des pouvoirs issus des putschs, qu’il ne partage pas. « Mais quand j’avais écouté la déclaration d’avènement du MPSR II, notamment la Charte et l’acte fondamental, j’avais cru lire que ceux qui ont pris le pouvoir faisaient le serment, sur leur honneur, devant tous les Burkinabè, que leur référentiel, c’était l’Etat de droit, qu’ils entendaient respecter la Constitution, remettre au centre de tout au Burkina, les libertés fondamentales. Je crois même qu’ils reprochaient au précédent, d’avoir violé certaines règles fondamentales qui consolident un Etat de droit. C’est ce que j’avais cru comprendre. Aujourd’hui, je crois que le constat est fait par tous, et ça, qu’on ne nous fasse pas un mauvais procès, nous n’entrons pas dans des questions politiques, même si chacun de nous a le droit d’avoir des convictions politiques, nous voulons parler d’une question qui nous concerne tous, à commencer par ceux qui sont au pouvoir », pose Me Farama, insistant sur la nécessité du respect des droits de chacun.
Toujours en réaction à une question des journalistes, Me Prosper Farama a « effectivement » relevé que c’est la première fois dans l’histoire (récente) du Burkina, qu’on trouve au moins deux avocats dans le gouvernement, et à des postes-clés et au moins un magistrat. « Et j’ajouterai : au moins, un ancien militant pour les droits humains, sans compter les autres », brandit-il, avant de dépeindre la situation par cette anecdote : « Un jour, je discutais avec quelqu’un qui disait qu’il était à l’étranger, à une rencontre internationale, quand il y a eu l’avènement du MPSR II, avec la formation du gouvernement. Et il dit que c’est avec fierté qu’il est intervenu pour dire que, quand les gens parlaient de putschistes, lui, il disait que mais, le Burkina est une particularité et voilà pourquoi ça en est une. Il dit, dans l’histoire de notre pays, c’est la première fois qu’on trouve autant de juristes, il a cité les avocats, et les gens applaudissaient. Et il a dit qu’aujourd’hui, il regrette d’avoir fait cette déclaration. Et tout le monde comprend bien pourquoi ; parce qu’il avait l’espoir, comme vous et moi, tous les Burkinabè, que quand on met un gouvernement sur place qui comprend autant de juristes, autant de gens qui se sont battus pour les droits humains, on pensait que la seule chose au moins sur laquelle on ne pouvait pas avoir de faille, c’est la question de droit, la question de justice ».
Me Prosper Farama tire donc la conclusion ici qu’au Burkina, les positions sont à géométrie variable. « Les gens, aujourd’hui, ne sont jamais les mêmes demain, dépendamment de la situation dans laquelle ils se trouvent. Je le dis et je l’assume. Je pense que c’est l’un des plus gros problèmes du Burkina : notre constance dans nos choix, idéaux et convictions. Les gens disent aujourd’hui, quand ils sont dans une situation, qu’il faut respecter les droits humains. Demain, quand ils ont la possibilité de mettre en application ce respect de droits humains, ils sont les premiers à les bafouer. C’est à ne plus rien comprendre. Moi, c’est la perception que j’ai, et j’ai fini par tirer la conclusion suivante : je ne me prononcerai plus sur le positionnement des gens en tenant compte de leurs qualités ou des propos qu’ils tiennent. Désormais, je me prononcerai à l’égard des gens en tenant compte des actes qu’ils posent. Que quelqu’un vienne me dire aujourd’hui qu’il est un révolutionnaire, militant de droits humains ou quoique ce soit, je ne l’écoute plus ; je veux le voir à l’œuvre, parce qu’on en souffre trop. Depuis des années, la situation, on pense qu’elle avance, ceux sur qui on compte, nous ramènent en arrière », s’attriste l’avocat, pour qui, la question qui se pose aujourd’hui est celle même de l’avenir du pays.
O.L
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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