Ce jeudi 30 mai 2024 se tient à Ouagadougou, un atelier national de validation du rapport de Recherche action participative (RAP) sur l’impact de l’insécurité et des conflits sur la santé mentale et le bien-être psychosocial des communautés de la région des Cascades. Ce rapport a été commandité dans le cadre du projet Laafia weltaré. Un projet mis en œuvre par Interpeace avec l’appui financier de l’ambassade de Suède au Burkina Faso.

Il est indéniable que l’insécurité que connaît le Burkina Faso a un impact sur la santé mentale et le bien-être psychosocial des populations affectées. Dans la région des Cascades qui compte un peu plus de 27 000 personnes déplacées internes, comme dans les autres régions en proie à l’insécurité, certaines personnes ont été témoins d’actes de violence. De nombreuses personnes ont perdu des proches et ont été contraintes de fuir leurs localités d’origine. Ce qui a engendré du stress, de la dépression, de l’anxiété et des traumatismes profonds.

Malgré l’existence des services de santé mentale, les préjugés qui entourent les problèmes de santé mentale, ainsi que les difficultés d’accès aux soins, limitent la prise en charge adéquate des traumatismes.

Une vue des participants à l’atelier

Pourtant, ces traumatismes non pris en charge, pourraient affecter la santé mentale et le bien-être psychosocial des populations vulnérables, et partant, leurs moyens de subsistance. Comme le souligne la cheffe de coopération de l’ambassade de Suède, Helen Holm, « Les traumatismes, s’ils ne sont pas traités, peuvent non seulement détruire des vies, mais aussi compromettre les efforts de réconciliation et de reconstruction après conflit. Il est donc crucial de briser les stigmates concernant les problèmes de santé mentale et de garantir un accès équitable aux services de soutien psychosocial ».

C’est convaincu donc de la nécessité de renforcer les capacités locales de prise en charge psychosociale des personnes affectées par les traumatismes liés au conflit, qu’Interpeace met en œuvre avec l’appui financier de l’ambassade de Suède, le projet Laafia weltaré (Renforcement du bien-être psychosocial des personnes affectées par la crise sécuritaire pour la résilience et une paix durable au Burkina Faso). Un projet d’une durée de 24 mois débuté en avril 2023.

L’objectif de ce projet est de renforcer la résilience psychosociale et économique des personnes affectées par la crise sécuritaire et les conflits dans la région des Cascades dans une perspective de facilitation de la cohésion sociale.

Helen Holm, cheffe de coopération de l’ambassade de Suède a rappelé que les traumatismes, s’ils ne sont pas traités, peuvent détruire des vies, d’où l’importance de la santé mentale.

Pour atteindre cet objectif, Interpeace a initié des processus de dialogue avec les membres des communautés de la région, afin de générer une compréhension commune et partagée de l’impact de l’insécurité et des conflits sur la santé mentale, le bien-être psychosocial et les moyens de subsistance en lien avec la cohésion sociale. 1 155 personnes issus des différentes couches socio-professionnelles de la région ont été interrogées.

L’analyse issue de ces dialogues a permis de produire un rapport de recherche action participative. Ce rapport inclut des recommandations pour une approche holistique visant à renforcer la résilience psychosociale et la paix dans les Cascades. « Il était essentiel de contribuer à renforcer les capacités techniques et opérationnelles de l’Etat à disposer d’outils pratiques pour prendre en charge la santé mentale des populations affectées par cette crise. Le deuxième aspect de cette initiative était de mieux comprendre et caractériser suffisamment le phénomène. C’est vrai qu’on sait qu’il y a un impact, mais quel est l’ampleur de l’impact de ces conflits sur les populations qui sont affectées par le conflit. Ce document est une base solide pour développer des protocoles adaptés afin de prendre en compte trois dimensions essentielles à savoir la santé mentale, les moyens de subsistance et la cohésion sociale », a indiqué Cheick Fayçal Traoré, conseiller politique régional pour Interpeace en Afrique de l’Ouest.

Cheick Fayçal Traoré, conseiller politique régional pour Interpeace en Afrique de l’Ouest souligne qu’il est important de renforcer les capacités locales dans la prise en charge psychosociale des populations affectées par l’insécurité.

L’atelier, qui se tient ce 30 mai, est ainsi le lieu de partager les résultats de l’analyse avec les différentes parties prenantes, d’approfondir la réflexion et de valider les axes prioritaires et les capacités à mobiliser pour une approche intégrée dans les politiques et programmes de gestion des crises. L’atelier sera aussi l’occasion pour les participants d’approfondir et de prioriser les recommandations émanant des communautés en vue de définir ensemble une feuille de route pour l’opérationnalisation des actions.

Une boussole pour orienter les politiques dans la prise en charge psychosociale des personnes affectées par les conflits

Une fois le rapport validé, il sera transmis aux autorités afin de contribuer à orienter les décisions sur la prise en charge psychosociale des populations affectées par les conflits.

Fousséni Ouédraogo, chargé de mission au cabinet de la ministre en charge de l’action humanitaire a indiqué que le rapport produit par Interpeace va permettre de proposer des réponses idoines à la prise en charge psychosociale des populations affectées par l’insécurité.

Fousséni Ouédraogo, chargé de mission au cabinet de la ministre en charge de l’action humanitaire a indiqué que le rapport de recherche action participative produit par Interpeace est la bienvenue parce qu’il rentre en droite ligne du Plan d’action pour la stabilisation et le développement initié par le gouvernement. Ce rapport de son point de vue, vient renforcer la vision du gouvernement en ce qui concerne la santé mentale et la prise en charge psychosociale des personnes affectées par l’insécurité.

« C’est vrai que ce rapport est sectaire parce qu’il concerne une région, mais ça va nous servir de point de départ pour mieux comprendre le phénomène et proposer des réponses idoines pour que la prise en charge psychosociale soit une réalité et que la santé mentale aussi bien le volet préventif, que le volet prise en charge, soit une réalité pour nos populations. Cela fait pratiquement 9 ans que nos populations ploient sous l’hydre terroriste avec des attaques et des déplacements de populations, des pertes en vies humaines et des destructions de biens. Donc, nous pensons que ce rapport est une vitrine par laquelle nous pouvons passer pour mieux peaufiner la réponse humanitaire, la prise en charge psychosociale », a déclaré M. Ouédraogo.

Justine Bonkoungou

Lefaso.net

Source: LeFaso.net