Des travailleurs de la Loterie nationale du Burkina (LONAB) ont organisé, dans la matinée de ce lundi 27 mai 2024, un mouvement d’humeur pour exiger le départ du directeur général. Pour eux, le directeur général, Ibrahim Ben Harouna Zarani n’a pas la vision d’une entreprise commerciale et à cause de sa gestion, la LONAB a perdu 4 milliards de FCFA en chiffre d’affaires en 5 mois, soit 600 millions de FCFA de pertes nettes pour l’État.

Après plusieurs demandes d’audience et des rencontres infructueuses, des travailleurs la Loterie nationale du Burkina (LONAB) se sont mobilisés pour exiger le départ du directeur général. La gestion directeur général Ibrahim Ben Harouna Zarani est remise en cause par les travailleurs qui l’accusent de mépris envers le personnel. Sifflets à la bouche et brandissant des messages comme « DG dégage vite », ces travailleurs se disent déterminés à faire partir le directeur général nommé en novembre 2022.

Un message de demande de départ du directeur général affiché sur son véhicule

Pour ces travailleurs, par la voix de leur porte-parole Roland Ouédraogo, délégué du personnel, le directeur général n’a pas la vision d’une entreprise commerciale et sa gestion fait perdre des centaines de millions de FCFA à l’Etat burkinabè. Ces travailleurs invitent donc le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, à tout faire pour « sauver » la nationale des jeux du hasard.

« En 2023, nous avons perdu 4 milliards de FCFA, ce qui aurait pu rapporter directement à l’Etat 600 millions de FCFA. Cinq mois après, on est toujours dans cette même dynamique. En cinq mois, on a perdu 4 milliards, du coup, on a encore 600 millions de FCFA qui ne rentrent pas directement dans les caisses de l’Etat. Donc, nous demandons à ce que l’autorité sauve la maison parce que le directeur général n’a pas une vision commerciale, il n’a pas la dynamique de relever l’entreprise. Nous demandons simplement à ce que l’autorité soit à notre écoute. Notre message va à l’endroit du président du Faso, notamment le capitaine Ibrahim Traoré. Nous lui demandons d’écouter le cri de cœur, et du personnel et de la force de vente, partant de là, du Burkina Faso tout entier », détaille Roland Ouédraogo.

Roland Ouédraogo, délégué syndical, représentant le personnel de la LONAB

Selon ces agents de la LONAB, l’entreprise consent d’énormes efforts dans le cadre de l’effort de guerre et la situation sécuritaire ne saurait justifier cette gestion du directeur général. « Il y a un mépris à l’endroit des travailleurs, la force de vente, la clientèle. Le directeur général aujourd’hui fait comprendre que c’est parce qu’il touche à nos intérêts qu’il y a mouvement d’humeur. Nous avons aussi des écrits par rapport à nos demandes.

Aujourd’hui, la maison est en train de sombrer du fait du manque de matériel. On nous fait comprendre que la crise sécuritaire est là. Oui, la LONAB a toujours soutenu toutes les activités de l’Etat. Et c’est la première fois qu’on soutient en faisant du bruit. C’est la première société actuellement et bien avant à soutenir l’Etat dans ses activités régaliennes et c’est la mission de la LONAB. Nous tenons à prendre à témoin l’opinion publique, vous pouvez faire des sondages dans les points de vente pour voir quelle est la misère de la force de vente. Dix-huit mois après, le directeur général refuse de recevoir la force de vente qui est notre cœur de métier aujourd’hui », regrette Roland Ouédraogo.

Mobilisation des travailleurs

« Le directeur général n’en fait qu’à sa tête, il engage des dépenses qui n’ont aucun lien avec le cœur du métier. Le directeur général refuse de recevoir le personnel. Aujourd’hui, il a refusé de nous recevoir et a mis la gendarmerie à ses portes mais le message du personnel reste le même. Nous avons fait plusieurs assemblées générales, on a informé l’autorité, notamment notre hiérarchie directe qui est le conseil d’administration. Il a connaissance de tous nos problèmes. Mais il n’y a pas d’évolution, donc nous voulons qu’on nous trouve un autre manager parce que le style de management qu’il a, c’est méprisant. Le directeur général méprise son personnel », soutient le délégué du personnel.

Le problème de matériel est également l’une des raisons avancées par les travailleurs pour exiger le départ du directeur général. « C’est contre toute attente que la LONAB se retrouve dans cette situation, c’est une première d’ailleurs. Et nous demandons à l’autorité d’agir pour sauver le fleuron national. Aujourd’hui, nous sommes en rupture de confiance et de dialogue avec le premier responsable. Et pour cause, ça fait plus d’un an que nous avons des doléances regroupées dans la plateforme revendicative et cela concerne essentiellement les outils de travail. Nous nous retrouvons dans une situation où on ne peut pas travailler. On ne peut pas travailler parce qu’il n’y a pas de nouvelles machines pour le travail, notamment la force de vente. Il n’y a pas d’outils de travail pour le personnel à l’interne, notamment les fournitures de bureau, les pneumatiques et bien d’autres », explique Roland Ouédraogo, porte-parole des travailleurs.

Le délégué du personnel s’adressant à ses collègues

Le directeur général, en pleine séance de travail, aurait refusé de descendre pour rencontrer les travailleurs. Malgré les différentes tentatives des délégués du personnel, le directeur général aurait dit niet. Mais pour les travailleurs, pas question d’abandonner. Ils se disent déterminés à aller jusqu’au bout. « Le directeur général ne peut pas refuser parce que c’est le personnel qui fait de lui directeur général. Et aujourd’hui, on ne pense pas que l’autorité aussi va se taire sur ce qui se passe. Si réellement l’autorité est là pour sauver la maison, on pense que quelque chose sera fait dans les délais assez raisonnables. On nous fait comprendre autre chose, mais nous aussi, on va communiquer pour donner la vérité sur ce qui se passe dans la maison », a laissé entendre Roland Ouédraogo, délégué syndical, représentant les travailleurs.

Au moment où nous quittions les lieux aux alentours de 12h30, sifflets à la bouche, les travailleurs restaient mobilisés sous le hall du siège de la LONAB et le directeur général toujours dans son bureau. Ils disent vouloir d’un premier responsable à l’écoute du personnel.

Mamadou Zongo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net