Les ex Alliance des partis politiques de la majorité présidentielle (APMP) et Chef de file de l’opposition politique (CFOP) n’ont pas pris part aux assises nationales qui se sont tenues ce samedi 25 mai 2024, lesquelles devaient plancher sur la suite à donner à la transition en cours. Au sortir de ces échanges qui ont duré toute une journée et desquelles on retient, entre autres, que la durée de la Transition est prolongée de cinq ans, à compter du 2 juillet 2024, Ousmane Sané, VDP national, a estimé que cette décision était la bonne. Il a fustigé « le boycott » des chefs de partis politiques.

« Nous sommes venus à ces assises pour le capitaine Ibrahim Traoré. C’est grâce à lui que nous sommes dans les brousses, en train de nous battre pour récupérer nos terres. C’était important que l’on vienne, parce qu’au terme de la transition, il y en a qui voulaient qu’on remette le pouvoir à un civil. Pourtant, nous vivons tous dans ce pays et nous avons vu l’insécurité grandir sous nos yeux. Il n’y avait pas d’armes pour lutter contre le terrorisme. Mais aujourd’hui, nous-mêmes, en tant que VDP, avons des armes qui peuvent toucher l’ennemi à plusieurs kilomètres. Nous avons des munitions à n’en point finir. Et personne ne peut contester ces acquis-là ! », avance le VDP.

Il fait remarquer qu’il y avait beaucoup de personnes présentes à ces assises. « Il y avait des cultivateurs, des Koglwéogos, des VDP, des chefs religieux, des politiciens. Mais en venant ici, nous avons dit que comme les politiciens ne veulent pas y participer, il fallait demander individuellement à chacun s’il est satisfait de la gestion du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré ou pas. Ceux qui n’étaient pas d’accord allaient nous expliquer, outre IB, quel genre de président on devait avoir.

En venant ici, nous on ne voulait plus entendre parler de transition ou de vote, parce qu’on ne comprend pas le sens de la politique qu’on a toujours faite dans ce pays. Dans nos traditions, si deux personnes prétendent au trône, il y a forcément un qui prendra le pouvoir et un autre qui aura perdu. Mais les deux vivront ensemble dans le même village, sans qu’il n’y ait de problème. Alors qu’avec la politique que nous avons toujours vue, les politiciens sont divisés. Ce n’est pas pour rien qu’il y a toujours eu une opposition.

Lorsque les politiciens ont dit qu’ils ne viendraient plus à la rencontre, nous avons trouvé cela contradictoire parce qu’ils ont douze représentants à l’Assemblée législative de transition. Ils savent bien que les partis politiques sont suspendus, mais ils y sont pour voter les lois pour le pays. Mais pourquoi quand il s’agit de venir se faire entendre pour la suite de la transition, les chefs de partis politiques disent qu’ils ne viennent pas ?

Nous, nous disons que si c’est ainsi, on doit les virer de l’ALT, et remettre une partie des postes à ceux qui dorment dans les ronds-points, aux vieux, aux vieilles et aux VDP, parce que nous n’avons pas de porte-parole à l’ALT ! Nous étions là pour ça. Mais avec les décisions qui ont été prises, nous sommes satisfaits », assure-t-il.

Si Ousmane Sané en veut aux politiciens, il précise toutefois qu’il s’agit des politiciens qui sont contre le développement du Burkina Faso, contre Ibrahim Traoré et la transition. « Ils ne sont pas tous contre la marche enclenchée. Pour preuve, nous avons des politiciens avec nous, qui sont des VDP. Il y a des maires, des conseillers, des députés qui sont à l’ALT, qui sillonnent les brousses avec nous à la recherche de l’ennemi ».

« Sinon, depuis que la guerre a commencé, on coupe l’argent des travailleurs, les commerçants donnent ce qu’ils ont, on coupe l’argent des cultivateurs qui se battent pour survivre, le tout pour acheter des armes pour qu’on puisse sauver notre patrie. Mais depuis là, aucun politicien n’a déjà envoyé ne serait-ce qu’un plat de riz ou de haricot pour les VDP. Aucun politicien n’a déjà acheté ne serait qu’un litre d’essence pour nos motos, afin qu’on lutte contre le terrorisme.

Deuxièmement, nous abandonnons nos femmes et nos enfants pour aller sur le terrain, mourir pour la patrie. Nous n’avons jamais entendu à la télé qu’un parti politique a donné ne serait qu’un grain de riz pour nos veuves et orphelins »

Erwan Compaoré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net