Titulaire d’une maîtrise en journalisme de l’université de Ouagadougou et d’un diplôme d’Etat de conseiller en sciences et techniques de l’information, la journaliste sportive de la RTB-télé Christelle Paré fait aussi un master 2 en gouvernance et développement. Un domaine différent du journalisme. Celle qui envisage de quitter le journalisme en embrassant un autre domaine, nous parle de son parcours, de ses expériences et de ses ambitions. Même si la passion est née chemin faisant, l’ancienne élève du lycée provincial de Koudougou et du collège Sainte Monique, confie être venue dans le journalisme sportif par curiosité. Interview !
Lefaso.net : Quel est votre parcours ?
Christelle Paré : Après mon baccalauréat série “A” obtenu au lycée provincial de Koudougou, je suis venue à Ouagadougou pour m’inscrire en droit. Comme j’avais eu le bac avec la mention, on nous avait donné l’avantage de nous inscrire d’abord. C’est lors de l’inscription que j’ai vu la note du test de recrutement de communication et journalisme de l’université de Ouagadougou. J’ai passé le test et j’ai été retenue. Quand je rédigeais mon mémoire de fin de cycle, j’ai décidé de venir faire un stage à la RTB-télé pour me relancer et en profiter pour faire des recherches. En son temps, l’ambassadeur Philippe Sawadogo, ministre de la communication, venait de rentrer au pays. Il a annoncé sa volonté de rajeunir la télévision du Burkina. Il disait que la télé devrait refléter la population du Burkina qui est en majorité jeune. C’est ainsi que j’ai eu la chance d’être coptée pour cet objectif de rajeunissement au niveau de l’antenne. Après ma soutenance de maîtrise, j’ai aussi obtenu un diplôme d’Etat de conseiller en sciences et techniques de l’information à l’ISTIC. Actuellement, je fais un master 2 en gouvernance et développement.
Généralement, les femmes ne s’intéressent pas beaucoup au sport. Comment vous vous êtes retrouvée au sport ?
Quand nous sommes arrivés à la télévision avec le projet du ministre, c’était pour présenter le Journal télévisé (JT). Après, il a aussi eu l’idée de féminiser le sport comme ce qui se passait en Europe. Et il a essayé de reproduire cette pratique au Burkina. C’est ainsi que nous avons été approchée. Nous étions trois. Il s’agit de Octavie Ouédraogo, Ruth Bini Ouattara et moi-même. Nous avons accepté de nous lancer . Quand j’étais à l’université, j’avais fais un exposé sur les femmes dans les rédactions. Quand j’ai fait le tour des rédactions, j’ai remarqué qu’il n’y avait pas de femmes dans les desks sports et politiques. Donc cette proposition était pour moi, un défi qu’il fallait relever après avoir fait le constat. On voyait les femmes sur Info sport, en France, qui présentaient mais ici au Burkina et même dans la sous-région, ce n’était pas le cas. Je peux dire que le Burkina a été pionnier en la matière.
A vous entendre, vous n’êtes pas venue dans le journalisme sportif par vocation mais plutôt de façon aléatoire alors ?
Nous sommes venues parce qu’on nous a donné la chance de venir. Quand j’étais à l’université, j’étais responsable de desk économie [au sein du journal école]. Le sport, je le regardais à la télé comme tout le monde mais je ne savais pas que j’allais en parler après. Je vous informe aussi que j’ai pratiqué le handball au collège. C’était une opportunité le fait de nous faire cette proposition. Autre chose, il n’y avait pas de modèle dans ce milieu, de visage féminin au sport qui nous inspirait. Je suis venue par curiosité dans le journalisme sportif. Après, j’ai aimé le milieu grâce aux enjeux et la passion que le sport dégage.
- La journaliste Christelle Paré au stade de La Paix de Bouaké, Côte d’ivoire à l’occasion de la CAN 2023
Certaines de vos collègues que vous avez citées ont jeté l’éponge par la suite pour aller voir ailleurs. Comment avez-vous pu vous imposer dans ce milieu qui est très souvent la chasse gardée des hommes comme vous avez eu à le dire ?
Quand vous êtes des femmes et surtout pionnières, vous subissez tout. C’est comme aller dans une forêt vierge, il faut débroussailler et en le faisant, on peut être confronté à tout, à tous les dangers. Il faut faire preuve de patience, d’humilité pour que les choses se passent bien. Mais je me dis que les deux sont parties pour relever d’autres défis ailleurs. C’est cela aussi l’être humain.
Est-ce qu’il vous est arrivé une fois de regretter votre choix au point de vouloir abandonner le journalisme sportif ?
Pas une seule fois mais plusieurs. Souvent pour le commun des mortels, le fait même d’être femme, on estime que tu n’as même pas ta place là-bas. Dans toutes les rédactions, il y a des femmes. Le sport c’est comme si c’était le dernier bastion de la masculinité. Cela ne facilite pas les choses. Et il y a des moments où on se remet en cause. Il y a des moments, je finis un travail et je me demande qui m’a amené ici ? Pourquoi je suis toujours là ? Pourquoi ne pas aller voir ailleurs ? Il faut que les jeunes filles aient des modèles. Si tu abandonnes dès le départ, on peut donner raison à ceux qui pensent qu’on n’allait pas y arriver. Ils diront qu’elles ne sont pas courageuses et téméraires pour tenir et que ce n’est pas leur place. Je veux juste dire que c’est un milieu où on peut juste s’adapter. Je pense que j’ai assez duré. 17 ans, ce n’est pas petit. Faut-il aller voir ailleurs si l’herbe est un peu verte ou pas ?
Est-ce que vous envisagez d’aller voir ailleurs comme vous dites ?
Bien-sûr ! C’est pour cela je fais un master qui n’a rien à voir avec la communication pour juste ouvrir mes horizons.
Vous partez parce que c’est chaud ou par conviction ?
Pas du tout. La période où c’était chaud est passée. Maintenant, les femmes sont de plus en plus acceptées dans le milieu des sports. Je veux juste partir pour élargir mes horizons comme je vous le disais.
Avez-vous eu des rôles modèles dans le milieu du journalisme ?
J’aimais bien suivre Claire Chazal sur TF1 et Carole Gaessler au niveau de France 2. Ici aussi, il y a des journalistes qui m’ont inspirés. Il y a Yacouba Traoré, Vanessa Touré, Benjamine Douamba, Alexis Konkobo et d’autres. Ils étaient des modèles de journalistes pour nous.
- Christelle Paré sur le plateau du journal de la CAN
Quels sont les grands évènements que vous avez eu à couvrir ?
J’ai couvert la Coupe d’Afrique des nations (CAN) deux fois. J’ai couvert aussi la coupe du monde des cadets en 2009 au Nigéria. J’ai également participé aux éliminatoires de la coupe du monde 2010, le championnat du monde junior en handball en 2017, en Algérie. J’en ai beaucoup fait. Lire la suite
Interview réalisée par Serge Ika Ki
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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