Après les phases I et II concluantes, l’Organisation non-gouvernementale OXFAM, lance, avec ses partenaires d’exécution, la phase III du projet « Pour un programme de renforcement de la participation citoyenne et la redevabilité dans la gestion des finances publiques ». L’acte de lancement a eu le vendredi, 17 mai 2024 à Koudougou, chef-lieu de la région du Centre-ouest, dans une mobilisation des parties-prenantes au projet.
De trois communes au départ (décembre 2018), à savoir Dédougou dans la région de la Boucle du Mouhoun, Houndé dans les Hauts-Bassins et Soaw dans la région du Centre-ouest, la troisième phase qui vient d’être lancée s’élargit à six nouvelles communes. Il s’agit de Pella et Imasgo dans le Centre-ouest, Ouarkoye et Tchériba dans la Boucle du Mouhoun, Poura et Béréba dans les Hauts-Bassins. Comme les deux antérieures, la phase III va durer 30 mois et prend en compte de nouvelles entités, notamment les personnes déplacées internes et les personnes vulnérables.
Le projet vise, d’une part à susciter l’intérêt des communautés dans la gestion des finances publiques par une participation citoyenne plus active et d’autre part à encourager chez les exécutifs communaux, la culture de la redevabilité.
- Ici, au praësidium, et de la g.vers la d. : Jonas Hien, Justin Yamwemba, Asmaouh Nyamba et Germain Nana.
Dans cette initiative, le partenaire technique, OXFAM, a pour partenaires d’exécution, le Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP), l’Organisation pour le renforcement des capacités de développement (ORCADE) et le Réseau citoyen pour la bonne gouvernance (RECIBOG).
A en croire les acteurs, les deux phases ont permis d’engranger des résultats satisfaisants, notamment l’amélioration de la redevabilité des autorités communales/délégations spéciales sur la gestion des affaires publiques locales grâce à la création d’une relation de confiance entre les parties ; le renforcement de la participation des organisations de la société civile aux cadres de concertation et surtout à l’appropriation des outils de gestion budgétaire ; l’amélioration de la capacité d’interpellation et de veille citoyenne des Comités de dialogue et de veille citoyenne (CDVC), des organisations de la société civile locales et des citoyens/citoyennes.
Ce qui fait dire au président du CDVC de Soaw, Germain Nana, que ce projet est « une révolution démocratique », en ce sens qu’il invite les communes à une saine émulation en termes de développement par l’implication de chaque citoyen dans les actions.
« Les citoyens ont, dans toutes les couches, vu leurs capacités renforcées sur le civisme fiscal, la stratégie de mobilisation des ressources, si fait qu’à ce jour, beaucoup de choses ont été faites et les recettes ont connu une hausse. (…). Nous avons effectué des sorties de sensibilisation pour que les gens puissent s’approprier le mobile du projet. Quand les gens ont compris, ils ont su que l’œuvre que l’autorité est amenée à réaliser, mérite d’être suivie par eux, pour que ce soit bénéfique dans le temps », décline le président du CDVC de la commune de Soaw.
- Germain Nana plaide pour l’extension du projet à l’ensemble des communes du pays.
C’est pourquoi il souhaite d’ailleurs que les autorités compétentes fassent en sorte que l’initiative couvre l’ensemble du territoire, pour le bonheur des populations.
« Si nous sommes arrivés à cette troisième phase, cela veut dire que nous sommes en train de faire quelque chose d’intéressant sur le terrain, qui va impacter positivement le développement de nos communes respectives. C’est notre capacité à produire des résultats positifs qui va faire plier les autorités avec lesquelles nous travaillons ; parce qu’une autorité est chargée de conduire le développement de son espace (que ce soit la commune ou le département), et quand les citoyens sont bien organisés et apportent quelque chose de positif, il n’y a pas de raison de chercher à contrarier l’action de développement. Avec cette nouvelle phase donc, nous devons non seulement consolider ce que nous avons fait avec les projets passés, mais également ajouter de grosses pierres, pour faire en sorte que, quelle que soit l’autorité qui arrive dans la commune, elle sache que dans les années passées, un travail conséquent y a été fait avec l’apport des organisations de la société civile », soutient le secrétaire exécutif de l’ORCADE, Jonas Hien, porte-parole des partenaires d’exécution.
- Les nouvelles communes comptent également sur le partage d’expériences des devancières pour aller vite.
« Nous rassurons OXFAM…, nous allons relever le défi »
Il souhaite que l’expérience des anciennes communes soient bien répliquée dans les nouvelles communes, afin de les entraîner dans la bonne dynamique et de sorte à leur éviter certaines insuffisances. « Nous rassurons OXFAM que si elle nous a fait confiance en passant à une autre phase, nous aussi, nous avons confiance que nous allons relever le défi », a promis M. Hien.
Forte donc de la pertinence du projet, la présidente de la délégation spéciale de Soaw, porte-parole des communes bénéficiaires, Asmaouh Nyamba, plaide pour que les acquis soient préservés.
« L’engagement de OXFAM au Burkina Faso dans le domaine de la gouvernance, répond à un besoin de plus de démocratie, de justice et d’une répartition équitable des ressources où les citoyens et citoyennes exercent leurs droits et veillent pour une gestion efficace des ressources publiques. Dans cette dynamique, notre organisation se positionne pour renforcer les capacités d’influence des populations vulnérables pour faire valoir leurs droits », a expliqué le directeur-pays de OXFAM au Burkina Faso, représenté à la cérémonie de lancement du projet par Justin Yamwemba.
- Selon M. Yamwemba, le projet travaille aussi sur le suivi du réinvestissement du Fonds minier.
Selon M. Yamwemba, responsable du programme « Citoyenneté active et réduction des inégalités » (CARI) à Oxfam Burkina, cette troisième phase se veut donc celle de consolidation et de mise à l’échelle des acquis des deux précédentes. « Actuellement, il y a la formation sur le budget participatif au profit des CDVC et des délégations spéciales, des renforcements de capacités sur des questions de gouvernance locale, de la décentralisation, pour mettre tout le monde en confiance, par rapport à ce qu’il doit apporter comme contribution pour la participation citoyenne au niveau des délégations spéciales. Nous sommes en décentralisation intégrale, s’il y a une commune où la population ne participe pas, c’est dire que la gestion du développement est réservée à une poignée d’individus, alors que la décentralisation, c’est amener les communautés à définir les besoins et à les mettre en œuvre sous le leadership du Conseil communal. Ce ne sont pas les conseils communaux ou les délégations spéciales qui identifient, mettent en œuvre et évaluent sans la participation des populations ; la décentralisation dans ce contexte n’a pas sa raison d’être. D’où le bien-fondé de ce projet », détaille Justin Yamwenba, pour qui, il s’agit également de faire en sorte que les conseils communaux/délégations spéciales comprennent que les CDVC ne sont pas des structures rivales ou policières, mais plutôt des alliées.
Lire aussi : Burkina Faso : OXFAM suscite l’intérêt des communautés dans la gestion des finances publiques
O.L
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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