En prélude à la « Journée des coutumes et traditions » 2024, le 15 mai, le ministre d’État, ministre de la communication, de la culture, des arts et du tourisme, Jean Emmanuel Ouédraogo, a présidé, ce lundi 13 mai 2024 à Ouagadougou, au Musée national, la cérémonie d’ouverture du colloque sur le thème “Spiritualité, traditions et pratiques coutumières au Burkina Faso”. Cette instance de réflexions qui regroupe, et ce, durant 48 heures, des hommes de culture, des enseignants-chercheurs, des chercheurs, des leaders coutumiers et traditionnels, a été ponctuée par la communication inaugurale faite par l’homme de culture, leader coutumier, …et Trésor humain vivant, Maître Titinga Frédéric Pacéré sur le « pourquoi de la journée des coutumes et traditions”.

Selon Me Titinga Frédéric Pacéré, la vie traditionnelle connaît des formes d’expressions culturelles qui ne devraient pas être reléguées au rang de folklore. « Notre vie en Afrique noire, notre vie au Burkina Faso, ne repose pas sur certaines valeurs excentriques, mais repose sur des valeurs de nos traditions et de nos coutumes. C’est pour cela, l’idée m’est venue d’adresser au chef de l’Etat, un dossier de requête, qui fait environ 30 pages (mais avec les pièces annexes, le tout remonte à 128 pages). J’ai fait ce dossier, et j’ai dit que je souhaite au moins deux jours, pour les cultures africaines. Et j’ai dit que je ne souhaite pas qu’on enlève pour les religions révélées pour les traditions de l’Afrique. Pourquoi ? L’Afrique veut sa place en Afrique. Je veux deux jours pour les cultures africaines, deux jours nouveaux », a dit Me Pacéré, précisant que l’institution de cette journée est une demande exprimée de longues dates par plusieurs leaders coutumiers et traditionnels.

Parmi les personnes-ressources qui ont assisté à l’activité, l’ancien député et ancien ministre en charge de la culture, Élise Foniyama Ilboudo (au premier plan)

« Ouagadougou, pour symboliser tout le pays, a été pris par la colonisation en septembre 1896. Et en 1905, on a attribué les premiers jours fériés, aussi bien les valeurs de la colonisation que des religions, à savoir l’islam et le christianisme (Tabaski, Ramadan, Noël, Pâques….). Depuis 1905, jusqu’à cette année, il n’y a rien sur la culture africaine. J’ai dit qu’il faut quand même faire quelque chose », a retracé le communicant, Me Pacéré, justifiant ainsi l’initiative qu’il a prise d’écrire au président de la transition en 2023 sur le sujet.

Le ministre Jean Emmanuel Ouédraogo (vêtu de bleu), avec à sa droite, son directeur de cabinet, Mamadou Dembélé, et à sa gauche, le secrétaire général du département, Fidèle Tmini, ainsi que le DG de la culture et des Arts, Moctar Sango (extrême gauche), suivant la communication inaugurale.

Tout en se montrant reconnaissant au chef de l’Etat, au ministre en charge de la culture, le leader coutumier souhaite donc que cette journée se fasse “dans la grandeur et la cohésion sociale”. Dans sa communication, l’écrivain et lauréat du Grand prix littéraire d’Afrique noire, est revenu sur les nombreuses demandes relatives à l’institution d’une telle journée, au Burkina qu’à travers le continent africain. « En 1998, 250 ONG (Organisations non-gouvernementales) du monde m’ont approché, pour prononcer une seule conférence dans tous les pays africains (de l’Afrique noire) sur les droits de l’homme dans l’Afrique traditionnelle. Et j’ai parcouru beaucoup de pays pour cette conférence. Il y a quelque chose de bizarre, et je tiens à vous le dire : l’Afrique n’est pas gérée par le politique, l’Afrique est gérée par la culture, par le culturel. Et le professeur Joseph Ki-Zerbo a écrit… : le roi règne et la coutume gouverne”, a déroulé Titinga Frédéric Pacéré, pour qui, “la culture est importante, elle est au-dessus de tout, surtout en Afrique ».

Me Titinga Frédéric Pacéré a livré sa communication sous la modération du conseiller technique et écrivain, Dr Dramane Konaté (à gauche)

Me Titinga Pacéré se souvient également qu’il y a une quinzaine d’années, Henriette Diabaté, grande chancelière des Ordres de Côte d’Ivoire, l’a appelé par l’entremise du colonel Mamadou Djerma (grand chancelier des Ordres du Burkina, 25 avril 1996 au 19 juillet 2015, décédé le 12 juin 2020 : ndlr), alors qu’elle avait réuni tous les grands chanceliers de l’Afrique et de Madagascar, pour relever l’aspect selon lequel, les décorations dans leur forme en vigueur sont une invention occidentale. Il s’agissait donc de poser la réflexion, pour voir si l’Afrique ne pouvait pas s’inspirer de ses valeurs culturelles en la matière. C’est pourquoi se réjouit-il de l’institution, « enfin », de cette journée.

Le ministre d’Etat, ministre en charge de la culture, Jean Emmanuel Ouédraogo, retient de la communication inaugurale qu’il y a effectivement un besoin de clarification sur ce que sont la tradition, la coutume et le contenu qu’il faut y mettre. D’où la pertinence de ces deux journées de réflexions en prélude à cette première édition du 15-mai.

Le ministre d’État, porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo, souhaite que le 15-mai soit un ciment social

En attendant les conclusions, le porte-parole du gouvernement, M. Ouédraogo, soutient que par cette journée, il s’agit de mettre en avant, les valeurs de solidarité, de paix, de fraternité, de solidarité….et de courage. Valeurs sur lesquelles, exhorte-t-il, les Burkinabè doivent s’appuyer pour réussir la reconquête du territoire, l’affirmation définitive de la souveraineté et pour un développement et une dynamique basés sur l’identité nationale. Le ministre souhaite, en outre, que cette journée raffermisse les liens, la cohésion sociale et la fraternité entre Burkinabè, consolide le respect entre les croyances et religions au Burkina.

O.L

Lefaso.net

Source: LeFaso.net