Le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Robert Jean-Claude Kargougou, a organisé une visite terrain avec des partenaires techniques et financiers. Cette sortie entre dans le cadre de la campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite couplée au dépistage de la malnutrition aiguë. La visite a eu lieu à Kombissiri, chef-lieu de la province du Bazèga, dans la région du Centre-Sud.

La campagne de vaccination contre la poliomyélite concerne les enfants de 0 à 59 mois. Elle va toucher plus de cinq millions d’enfants sur toute l’étendue du territoire, et est couplée à une campagne de dépistage de la malnutrition. Cette campagne cible les enfants de 6 à 59 mois, et va donc concerner plus de trois millions d’enfants sur l’ensemble du territoire national.

« Le Burkina Faso a fait d’énormes progrès en matière de vaccination et spécifiquement en matière de vaccination contre la poliomyélite. Ce qui nous a valu d’être certifié de la fin de la circulation du poliovirus sauvage depuis 2015. Cependant, quand on fait une analyse très rigoureuse des données de surveillance épidémiologique, on se rend compte qu’on a des cas de polio dérivé qui ont été notifiés. Nous ne devons pas baisser la garde. Voici pourquoi le ministère de la Santé, avec l’appui des partenaires techniques et financiers que sont l’OMS, l’UNICEF, le Rotary et bien d’autres, conduisent cette campagne qui a commencé le 10 mai et qui va s’étaler jusqu’au 13 », a rappelé le ministre Robert Jean-Claude Kargougou.

Le ministre Robert Jean-Claude Kargougou mettant des gouttes dans la bouche d’un enfant de moins de 5 ans

« Pour la journée d’hier, le premier jour de la campagne, ce sont un peu plus d’un million 200 mille enfants de 0 à 59 mois, soit environ 23% des enfants, qui ont déjà reçu deux gouttes de vaccin antipoliomyélitique sur l’ensemble du territoire national. Et plus de 800 mille enfants de 6 à 59 mois, soit environ 22%, qui ont déjà fait l’objet de mesure de périmètre brachial pour voir s’ils sont malnutris ou pas », a ajouté le ministre.

Le chef du département en charge de la Santé a appelé tous les parents d’enfants de moins de 5 ans à accepter que leurs enfants soient vaccinés. La vaccination est gratuite. Le vaccin est efficace, sûr et protège les enfants, a-t-il rassuré. Le ministre n’a pas manqué de féliciter l’ensemble des agents de santé qui assurent la conduite de cette campagne de vaccination.

Selon le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Dr Seydou Coulibaly, cette campagne de vaccination a été organisée pour préserver les acquis en matière de lutte contre la poliomyélite mais aussi interrompre la transmission et la circulation du virus.

Le ministre et ses partenaires techniques et financiers visitant les malades du centre médical de Kombissiri

« En termes d’appui, nous accompagnons le ministère de la Santé à travers les activités de coordination des partenaires, pour avoir une synergie dans les interventions. Nous mettons à la disposition du gouvernement des directives pour pouvoir conduire la vaccination dans les régions et dans les districts. Nous accompagnons le gouvernement également dans l’appui technique. Au moment où je vous parle, nous avons une quarantaine d’experts qui sont dans les districts en train d’accompagner la mise en œuvre de cette vaccination. Nous appuyons aussi dans la mobilisation des ressources. Dans cette perspective, nous avons pu mettre à la disposition, à titre de contribution au coup opérationnel, un montant d’environ 1 milliard 400 millions de francs CFA. Nous avons un travail routinier de surveillance. Et c’est cette surveillance qui permet d’alerter et de voir à quel moment il faut pouvoir mettre en place des actions réactives pour pouvoir étouffer la propagation du virus », a fait savoir Dr Coulibaly, représentant de l’OMS au Burkina Faso. Il a invité les parents à ne pas négliger la vaccination de leurs enfants.

« Un enfant atteint de poliomyélitique peut contaminer plus de 200 enfants autour de lui. Il est donc très important de faire vacciner les enfants. Nous exhortons la population à faire vacciner contre les autres maladies évitables par la vaccination. La vaccination est le moyen le plus efficace en matière de lutte contre la maladie, en matière de santé publique. Parce que, par le truchement de la vaccination, nous avons pu infléchir le taux de mortalité infantile de l’ordre de 80% », a souligné Seydou Coulibaly.

Dr Seydou Coulibaly, représentant de l’OMS au Burkina Faso parlant au nom des partenaires techniques et financiers

Selon le représentant de l’UNICEF au Burkina Faso, John Agbor, on assiste à une résurgence de la poliomyélite en Afrique en général et au Burkina Faso en particulier.

« Aujourd’hui, avec la conjonction de plusieurs facteurs dont les plus récents sont la pandémie de Covid-19 et ses conséquences dans les systèmes de santé, ainsi que la détérioration des conditions sécuritaires dans la sous-région, nous assistons à une résurgence de la poliomyélite avec des flambées dues aux variants de type 1 et 2 dans la région africaine dont le Burkina Faso. Le pays a enregistré à ce jour un cumul de 77 cas de polio variant de type 2 dont 75 humains et deux issus de la surveillance environnementale. Ces flambées se développent dans des communautés où les enfants sont insuffisamment vaccinés », a révélé le représentant de l’UNICEF.

Au regard de la menace persistante, il a aussi invité les parents et les agents de santé à la vigilance, afin de parvenir à éradiquer la poliomyélite à l’horizon 2026.

Rama Diallo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net