Figure emblématique de la police coloniale, Hubert Kho est né 4 février 1930 à Bobo Dioulasso. Issu d’une famille de militaires (son oncle et son père étaient des chefs menuisiers de camp incorporés dans l’armée française) Kho passe son enfance en suivant les déplacements de sa famille dans l’espace A.O.F (Afrique occidentale française). Son père a perdu la vie au cour de la bataille de France le 13 juin 1940, quelques jours avant que le général De Gaule prononce son discours mémorable de la Résistance.
Hubert Kho a fait un parcours scolaire exceptionnel. Il est d’abord inscrit très tôt à l’âge de six ans à l’école primaire du camp où il résidait. Très brillant, il se présente avec succès à l’examen du certificat d’études primaires. Mais Hubert Kho se passionne pour une carrière dans l’armée. Finalement, il se résout à passer le concours de secrétaire civil, choix stratégique pour ne pas trop s’éloigner du chemin de son père qu’il admirait tant.
Carrière professionnelle
Sorti major de promotion à 18 ans, Hubert Kho est affecté à Ouagadougou, à la section de recrutement indigène en tant que secrétaire civil. Là-bas, il essaye de retrouver les traces de son père en vain. Ce n’est qu’un 1972 qu’Hubert Kho recevra une lettre de disparition et apprendra ainsi que son père avait été tué le 13 juin 1940, au cours de la bataille de France.
Du bureau de recrutement indigène, il est affecté au bureau de garnison. Il y trouve une nouvelle passion : la machine à écrire. Il témoigne à cet effet : « petit à petit, j’ai appris à manier la machine comme personne, à la fin, je tapais même sans regarder le clavier. » En 1950, Hubert Kho devient assistant du gouverneur Albert Mouragues poste dans lequel il s’occupait du secrétariat et des correspondances diverses.
Le 12 janvier 1950, à peu près trois ans après le rétablissement de la colonie de Haute-Volta, il est admis au recrutement des premiers assistants de la police voltaïque. C’est le début d’une nouvelle carrière professionnelle pleine de dextérité. En 1952, il passe le concours des inspecteurs adjoints avec succès. Il est affecté au commissariat de police urbaine de Bobo-Dioulasso en tant que secrétaire, sous le commandement du directeur de la Sûreté, Sauveur Canale. En octobre 1954, Sauveur Canale, satisfait du travail de Kho -qu’il surnomme « le pianiste » en référence à sa dextérité devant une machine à écrire- décide de l’intégrer comme inspecteur à la brigade mobile de Sûreté de l’Ouest-Volta à Bobo-Dioulasso qui partageait les mêmes locaux avec la Sûreté de Haute-Volta.
Péripéties de sa carrière
Le jeune inspecteur prend les rênes de la Brigade mobile de Bobo mesure l’immensité de la tâche qui lui était confiée : enquêtes administratives, répression des crimes et délits, surveillance accrue des étrangers et personnes suspectes. La Brigade mobile, placée sous le contrôle de Hubert Kho, a un enjeu majeur : rassembler les informations provenant des différentes zones qui semblent surtout touchées par le communisme. Le gouverneur de la région à l’époque compte sur le professionnalisme de cette brigade pour contrer le communisme. Hubert Kho a la tâche rude de surveiller cette zone et l’agitation du RDA. Il raconte cette tâche en ces termes : « Quand j’étais à Bobo, c’était très agité, c’était là que ce concentrait l’ensemble des mouvements politiques. Alors j’assistais aux réunions du matin jusqu’à 10h du soir. J’arrivais à la maison pour travailler jusqu’à 3h et le matin je soumettais ça au commissaire. Au bureau, des fois, je commençais à taper et j’étais appelé pour aller sur un autre événement. C’était toujours comme ça ».
Après la déclaration de l’indépendance de la République de Haute-Volta le 5 août 1960, Hubert Kho est nommé le 10 août 1961 chef de la brigade mobile de Sûreté de Bobo-Dioulasso. Il remplace Michel Compaoré à la Sûreté entre le 4 septembre et le 29 octobre 1962 et se confronte aux méthodes du conseiller technique Louis Morla, qu’il décrit comme un homme autoritaire. En fait, Louis Morla voulait continuer à jouer le rôle de parent dans la gestion de la police nouvellement indépendante. Hubert Kho dénonce ce paternalisme et cet excès de zèle de la part de l’ancien patron de la sûreté Louis Morla.
Hubert Kho n’est pas au bout de ses peines dans sa carrière professionnelle. Avec le président Maurice Yaméogo, le policier va jouer un rôle spécial dans le renseignement en vue d’épargner au nouveau président toute tentative de déstabilisation. En effet, le pouvoir de Maurice Yaméogo sombrait dans la paranoïa. Tout le monde est suspecté dans le pays, même ses ministres. Il confie à Hubert Kho le rôle de placer sous surveillance tous ceux qu’il suspecte de comploter contre son régime. Ainsi, Maurice Yaméogo fait emprisonner, fin janvier 1963, Joseph Ouédraogo, El Hadj Ali Soré, un ancien combattant et militant du RDA, Pierre-Claver Tiendrébéogo, ancien leader syndicaliste et son ambassadeur à l’ONU Frédéric Guirma. Ils sont accusés de complot. Son ministre du travail et de la fonction publique, Maxime Ouédraogo, est victime d’une grosse cabale politique montée à travers la police sous surveillance de Hubert Kho. Il est arrêté le 14 juin 1963 à l’aéroport de Ouagadougou pour détournement de fonds après que l’enquête sur le complot n’ait rien révélé. Hubert Kho en conclut à cet effet : « À la bonne heure ! Le complot n’était pas prouvé mais grâce à ça au moins, on a pu arrêter Maxime pour détournement de fonds. J’ai pu ainsi clore l’affaire et rédiger mon rapport d’ensemble. »
Hubert Kho marqua profondément la mémoire de l’institution policière de son pays : admis à la retraite en janvier 1984, il reçut, lors des premières journées de la police nationale de janvier 2008, la médaille d’honneur de la police.
Réf : Romain Tiquet
Wendkouni Bertrand Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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