Les habitants du quartier de Silmiougou, situé à la périphérie nord-ouest de la capitale, ont convié la presse ce samedi 27 avril 2024 afin de dénoncer l’attitude de la Société nationale d’aménagement des terrains urbains (SONATUR) qui refuserait de viabiliser la trame d’accueil (site réservé aux autochtones du village) de Silmiougou qui, pourtant, fait partie de son lotissement de 2018.
Les habitants de Silmiougou, quartier périphérique de Ouagadougou, sont remontés contre la Société nationale d’aménagement des terrains urbains (SONATUR) pour son « refus de viabiliser » le site réservé aux autochtones du village dans le plan de lotissement.
Selon les conférenciers, en 2008, les propriétaires terriens du village ont accepté de céder 350 hectares de leurs terres cultivables à la SONATUR pour lotir, dont 100 hectares pour les populations locales et 250 hectares pour la SONATUR. En contrepartie, la SONATUR avait promis d’aménager et de viabiliser la part qu’elle cédera aux autochtones (trame d’accueil) avant d’aménager son site.
- Les populations mobilisées pour dénoncer l’attitude de la SONATUR en marge de la conférence de presse
Selon le porte-parole des habitants, Issoufou Rouamba, il s’agit notamment de la fourniture d’eau potable, d’électricité, la réalisation de caniveaux pour l’évacuation des eaux et la réalisation de la voirie. « Les propriétaires terriens ont cédé cette superficie cultivable pour bénéficier au moins d’une viabilisation de la trame d’accueil afin de permettre à ceux qui ont cédé leurs champs de pouvoir développer d’autres activités grâce à la présence de l’électricité notamment, de l’adduction en eau potable ONEA, du traçage de la voirie en bonne et due forme. Par exemple, si ces conditions sont réunies, la population peut se lancer dans des activités comme la soudure, la mise en location de boutiques aux abords des voies publiques mais aussi de maisons à usage d’habitation, la vente d’eau, de jus, les moulins », explique-t-il.
Selon ses explications, depuis lors, la SONATUR refuse de respecter ses engagements, malgré les multiples dénonciations, rencontres de plaidoiries et est même en train de défier l’Etat burkinabè dans sa politique actuelle qui veut que « tout lotissement soit accompagné d’une viabilisation digne de ce nom ».
- Le présidium lors de cette conférence de presse
« Au cours de l’année 2023, notre joie fut grande lorsque nous, habitants de Silmiougou, avions vu les Caterpillar envoyés par la SONATUR arriver pour la réalisation des voies. Après avoir terminé les travaux dans son site, la SONATUR s’est contentée de tracer quatre voies à la limite dans la trame d’accueil. A la question de savoir pourquoi cet engagement n’a pas été respecté, la société a fait comprendre à la population que les machines ont besoin d’une maintenance, d’où le fait que celles-ci ont été renvoyées en ville. C’est par la suite que nous avons compris qu’il s’agissait d’un argument pour pouvoir s’échapper. Après cette première forfaiture, la SONATUR a entamé les travaux pour l’électrification de son site à travers le dépôt de poteaux de la SONABEL. C’est avec amertume que nous, habitants de Silmiougou, avions constaté que la trame d’accueil n’a pas reçu de poteaux. Pourtant, les personnes ressources de la localité ont réitéré que c’est sur la base de l’engagement ci-dessus cité, que la société a pu avoir les champs pour le lotissement, c’est à dire la viabilisation », dénoncent Issoufou Rouamba et ses camarades.
- Les personnes âgées, personnes ressources ont tenu à témoigner et à dénoncer l’attitude de la SONATUR
« De plus, nous constatons que la SONATUR est en train de défier l’Etat burkinabè dans sa politique actuelle qui veut que tout lotissement soit accompagné d’une viabilisation digne de ce nom. Si cette forfaiture de la SONATUR passe, il s’agira clairement pour nous, habitants de Silmiougou, de la politique du deux poids, deux mesures. Du moment où les activités de toutes les sociétés immobilières ont été interrompues du fait du non-respect de leurs cahiers de charges, il sera incompréhensible que l’opinion nationale se taise sur un tel comportement d’une société d’Etat », soutiennent-ils.
- Les femmes ont également indiqué qu’elles sont obligées de parcourir des distances pour trouver l’eau
Ils démentent également les déclarations de la SONATUR qui, selon eux, a, au cours d’un point de presse organisé la veille, annoncé avoir réalisé deux forages équipés et construit deux latrines dans le quartier. Pour eux, ces allégations sont fausses et aucune de ces infrastructures n’a été réalisée dans le quartier.
- Issoufou Rouamba, porte-parole des habitants de Silmiougou lors de ce point de presse
Les habitants préviennent la SONATUR que « son entêtement à vouloir laisser le sort des habitants de la trame d’accueil à eux-mêmes sera source d’insécurité à long terme du fait du manque de reconversion dans d’autres activités. « Pour ceux qui connaissent très bien Silmiougou, la trame d’accueil est en aval du site de la SONATUR et est dans la basse altitude. De ce fait, toute canalisation de la SONATUR ne prenant pas en compte cette basse altitude, à savoir la trame d’accueil, entrainera inévitablement des dégâts, surtout pendant l’hivernage », précisent unanimement les habitants.
- Visite du site réservé à la SONATUR où les travaux d’électrification ont commencé, contrairement au site réservé aux populations locales
Les habitants de Silmiougou disent donc non à la viabilisation du site de la SONATUR sans la trame d’accueil, dénoncent l’attitude « mercantiliste » de la SONATUR et exhortent le gouvernement burkinabè, plus précisément le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, à se « pencher sérieusement sur les agissements véreux de la SONATUR ».
Mamadou ZONGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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