Comme chaque année, le collectif syndical CGT-B qui regroupe 12 organisations syndicales dont la CGT-B (Confédération générale du travail du Burkina) elle-même et 11 syndicats autonomes, a organisé une cérémonie de présentation de vœux. La cérémonie a eu lieu ce samedi 23 mars 2024 à Ouagadougou. Le collectif syndical CGT-B a saisi l’occasion pour dénoncer certaines atteintes aux libertés démocratiques dont le musèlement de toutes les voix discordantes. Le collectif syndical CGT-B regrette également que l’Afrique de l’Ouest, notamment le Sahel, soit devenue un champ de confrontations des puissances impérialistes.
Des dizaines de militants et militantes du collectif syndical CGT-B se sont mobilisés pour la circonstance. Une cérémonie de présentation qui se tient dans un contexte « très complexe », selon Nongma Louis Ouédraogo, président du comité d’organisation, qui a donné le top départ de cet évènement. Le collectif syndical CGT-B a profité de l’occasion pour donner sa lecture sur la situation nationale et internationale. Attaché aux valeurs démocratiques et anti-impérialistes, le collectif syndical CGT-B a regretté que l’Afrique de l’Ouest, notamment le Sahel, soit devenue un champ de confrontations des puissances impérialistes.
- Nongma Louis Ouédraogo, secrétaire confédéral adjoint à l’organisation de la CGT-B et président du comité d’organisation de cette cérémonie de présentation de vœux
« En Afrique, on assiste principalement au renforcement de la domination impérialiste du contient qui est le théâtre des rivalités inter-impérialistes pour le pillage de ses importantes et diverses ressources. Pour ce faire, le terrorisme y est développé comme moyen et stratégie de poursuite de la domination et de leur quête d’un changement révolutionnaire en leur faveur. Malheureusement, cette quête du changement est dévoyée parfois par des organisations putschistes qui se proclament ‘’panafricanistes » et ‘’anti-impérialistes » mais qui font le jeu d’autres puissances impérialistes. L’Afrique de l’Ouest, le Sahel en particulier, est plus que jamais un champ de confrontations des puissances impérialistes », dénonce le collectif CGT-B par la voix de Nicolas Ouédraogo, secrétaire général adjoint de la CGT-B, représentant Moussa Diallo, le porte-parole du collectif.
- Le présidium lors de cette cérémonie
Le collectif syndical CGT-B dénonce également « le musèlement de toutes les voix discordantes, les disparitions forcées, les réquisitions et les enlèvements de citoyens, la tentative d’enlèvement du secrétaire général de la CGT-B, Moussa Diallo, les intimidations et les menaces de mort contre les agents du ministère de l’Economie et des Finances, accusés de fomenter « un coup d’État économique ». Nicolas Ouédraogo rassure néanmoins que le porte-parole du collectif, Moussa Diallo, qui a échappé à « un enlèvement » en fin janvier 2024, se porte bien et est toujours en contact avec les autorités universitaires pour ses activités académiques.
- Forte mobilisation des militants et militantes du collectif syndical CGT-B lors de cette cérémonie de présentation de vœux 2024
« Sur le plan national, la sécurité et la paix restent une préoccupation majeure pour les populations, malgré les sacrifices consentis par les populations, les FDS et les VDP. Pendant que toutes les activités des partis politiques et des organisations de la société civile sont interdites sous le couvert de la lutte contre les groupes armés terroristes, les autorités de la transition et leurs soutiens organisent des rencontres et des meetings de démonstration de force. Dans le même temps, toutes les voix discordantes sont l’objet de musèlement et de tentatives de musèlement. Ainsi, des disparitions forcées et des enlèvements de citoyens sont observés et se poursuivent malgré les décisions de justice rendues. Les réquisitions et enlèvements de nombreux citoyens, la tentative d’enlèvement du SG de la CGT-B, porte-parole de notre collectif, les menaces à la machette font partie des manœuvres visant à museler notre peuple, à empêcher toute critique relative à la gestion de la crise sécuritaire et plus globalement à la gouvernance du pouvoir du MPSR2. Aujourd’hui, les intimidations se poursuivent par des attaques suivies de menaces de mort contre les travailleurs du ministère de l’Economie, accusés à tort de fomenter un coup d’Etat économique », regrette le collectif syndical.
- Les participants à cette cérémonie de présentation des vœux du nouvel an 2024
Pour le collectif syndical, la situation actuelle du pays est marquée par « le grave recul des libertés et les graves dérives qui marquent la gouvernance du MPSR2 ». Des dérives qui, selon le collectif syndical CGT-B, sont tolérées par les populations en raison de leur forte attente sur une « fin rapide de leur calvaire depuis plus de huit ans ».
« La situation actuelle de notre pays, marquée par un grave recul des libertés est intimement liée à la crise sécuritaire que vit le pays depuis plus de huit ans. A vrai dire, les attaques terroristes ont pour conséquence de semer le désarroi au sein des populations, à fonder leurs espoirs sur la fin rapide de leur calvaire. Cette forte attente des populations explique les sacrifices multiples qu’elles consentent et la tolérance des graves dérives qui marquent la gouvernance du MPSR2. En effet, la situation du pays aujourd’hui constitue un recul quand on considère les grandes luttes menées dans ce pays surtout la réalisation en 2014 de l’insurrection populaire qui a balayé le pouvoir autocratique de Blaise Compaoré. Ce sont là, les travers de l’histoire qui ne doivent pas nous décourager et nous faire renoncer à la lutte. Bien au contraire, nous devons retenir que notre peuple a les ressorts pour remonter la pente, pour reconquérir les espaces de libertés perdus et mener une lutte implacable contre la corruption et contre la vie chère et pour un changement véritable en faveur du peuple et des travailleurs », a ajouté Nicolas Ouédraogo.
- Nicolas Ouédraogo, secrétaire général adjoint de la CGT-B, représentant le porte-parole du collectif Moussa Diallo
Malgré ce contexte difficile, le collectif, seul ou dans le cadre de l’Unité d’action syndicale (UAS), a mené quelques activités de dénonciation ou de prise de position en fin d’année 2023 et en début d’année 2024. Il s’agit notamment des prises de position « contre le saccage des acquis démocratiques et sociaux, la baisse du pouvoir d’achat, la mal gouvernance et l’impunité des crimes économiques et de sang ».
- Une minute de silence a été observée à la mémoire de toutes les victimes du terrorisme et autres actes de violence perpétrés en 2023 et en début d’année 2024
Face à cette situation, le collectif syndical CGT-B attire l’attention de tous ses militants sur la nécessité et l’urgence d’animer et de dynamiser les structures pour qu’elles « continuent d’être des cadres organisés pour la défense ferme des intérêts matériels et moraux des travailleurs, de redoubler de vigilance, de faire preuve de plus de détermination, d’esprit de sacrifice et de solidarité pour défendre les acquis et contrer les mesures anti-travailleurs et antidémocratiques d’où qu’elles viennent, etc. »
Mamadou ZONGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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