Dans le cadre du jeûne musulman, Lefaso.net est allé à la rencontre de l’imam Tiégo Tiemtoré, actuellement imam des mosquées du Cercle d’étude, de recherche et de formation islamique (CERFI) et de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB) pour évoquer le comportement d’un musulman en cette période. Lisez plutôt !
Lefaso.net : Pouvez-vous revenir sur le comportement qu’un musulman doit avoir en période de jeûne ?
Imam Tiégo Tiemtoré : Le Ramadan est également une célébration de la miséricorde de Dieu, par laquelle il nous a envoyé le Coran qui guide les gens vers la voie du bien et de la vertu et les protège du mal et du vice. Le Coran parle de purification de nos sens, car ils peuvent se salir. La pratique des rites cultuels possède ainsi une dimension pédagogique, nous purifie et nous rapproche de Dieu. Il faut toujours avoir à l’esprit que le véritable jeûne est celui du voyage du corps vers le cœur : pour te reformer, pour te ramener à l’intérieur, à la première des lumières, la proximité d’avec la source première, sans laquelle on n’a point de repères. Le jeûne permet d’améliorer sa relation avec Dieu.
Aujourd’hui, malgré tous les progrès technologiques et autres, nos cœurs, nos âmes et nos esprits ont soif et faim de Dieu. Il nous faut retrouver, pour beaucoup d’entre nous les humains, le sens de « l’humanité » et de la bienfaisance. La religion ne nous demande pas de devenir des anges, mais de nous reformer moralement, pour mériter d’être des hommes. C’est la raison pour laquelle, les piliers que nous accomplissons, (prière, jeûne, zakat, hajj) ont tous un potentiel pédagogique. Plus qu’au corps, la pratique cultuelle parle au cœur et à l’âme.
En tant qu’école, le Ramadan doit contribuer à forger une certaine humilité mêlée de reconnaissance, car rien ne peut appeler à la compassion envers les pauvres et les affamés du monde que le partage de leur expérience de faim et de soif. C’est en éprouvant ce que l’affamé éprouve dans sa quête de nourriture, ce que le pauvre éprouve en travaillant sans la quantité requise de nourriture, que le musulman peut répondre volontiers à l’appel du prochain, de l’affamé et du pauvre.
Pouvez -vous revenir sur l’importance du jeûne dans la vie d’un musulman ?
Le verset instituant le jeûne du mois de ramadan dit, « O vous les croyants, le jeune vous a été prescrit comme il l’a été à ceux d’avant-vous, pour que vous atteigniez la piété » et un hadice du prophète Mohamed (saw) enseigne que dans ce mois, « les jours sont les meilleurs parmi les jours, ses heures les meilleures parmi les heures ».
On voit ici que l’objectif du jeûne est la piété, qui veut dire une qualité de relation avec Dieu et avec les créatures de Dieu. Tout comme les autres piliers de l’islam, le jeûne du Ramadan est une école et invite à se réformer, dans le sens d’accomplir plus de bien. Jeûner, c’est donc se rapprocher de Dieu, lui demander pardon pour ses manquements, solliciter sa grâce pour la vie d’ici et de l’au-delà et s’éduquer par le symbole de la faim et de la soif.
Quels conseils pratiques pouvez-vous donner aux fidèles croyants ?
Pour bénéficier de tous les bienfaits de l’acte de jeûner, il faudrait que le jeûneur respecte des conditionnalités, sinon vous aurez comme récompense « la faim et la soif » comme le dit le Prophète Mouhamad (saw). Si on observe les éléments de nullité du jeûne, le manger, le boire et les rapports intimes pendant le temps du jeûne (de l’aube au coucher du soleil) invalident le jeûne. Généralement, on s’arrête à la rupture physique, car les gens ne boivent pas, ne mangent pas et n’ont pas de rapports intimes.
Mais que faisons-nous de ce qui peut entraîner la rupture spirituelle, telles que la calomnie, la jalousie, les injures, insultes, etc.? On s’éduque à travers cette recherche du bien et de la qualité, à devenir pieux, comme le verset instituant le jeûne l’indique dans sa finalité. On part d’un jeune du corps à un jeune du cœur. Ne pas boire, ni manger n’ont aucun sens, si ces actes ne permettent pas de se rapprocher davantage de Dieu.
L’une des meilleures façons de profiter du ramadan, est de faire plus que ce qu’on accomplissait d’habitude, en termes d’actes d’adoration. Il faut être plus généreux car selon le prophète Mohamed (saw), « la meilleure aumône est celle faite pendant le mois de ramadan ». Il faut augmenter le nombre de prières surérogatoires et exceller dans la lecture du Coran, car le livre a été révélé dans ce mois. On peut lire et méditer sur le Coran, accomplir abondamment le zikr sous toutes ses formes, faire beaucoup d’invocations pour soi, ses proches, son pays et l’humanité et accomplir beaucoup de prières surérogatoires, dans le but de se rapprocher d’Allah.
Dans ce dernier registre, la prière nocturne est très recommandée car elle nous rapproche davantage du Seigneur. Il faut se concentrer sur l’essentiel : comment mieux se rapprocher de Dieu ? C’est pour cela qu’il faut éviter les discussions futiles, les paroles blessantes et mieux contrôler ses pensées, car tous les sens jeûnent. Il faut également insister sur les invocations, car le mois de Ramadan fait partie des moments dans lesquels les invocations sont exaucées. Aussi, prendre du temps, pour solliciter la miséricorde divine pour nos défunts, nos parents, nos familles et nos pays.
Propos recueillis par Carine Daramkoum
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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