Le colloque international placé sous le thème « L’Afrique face à ses défis : logiques du passé et dynamiques actuelles », abrité par l’université Joseph-Ki-Zerbo, s’est achevé vendredi 15 mars 2024, à Ouagadougou. Il a été organisé par l’équipe de recherche en histoire économique et sociale du laboratoire des Systèmes politique, économique, religieux et culturel (SYPERC), en partenariat avec l’Amicale des historiens du Burkina Faso (ADHI-BF). Les conclusions de ce colloque ont abouti à trois principales recommandations, dont celle de la rédaction d’un ouvrage sur l’histoire générale du Burkina Faso.
Les participants du colloque international sur l’Afrique ont essentiellement centré leurs travaux sur cinq principaux axes : « Les crises et les résiliences au Sahel », « Construction identitaire et migrations », « Identité culturelle et développement endogène », « Femmes africaines et défis du XXIe siècle » et « Communautés régionales et panafricanisme ».
96 communications au total, dont 82 en présentiel et quatorze en ligne, y étaient prévues. Cependant, les travaux ont été marqués dès le premier jour du colloque par une perturbation considérable de la connexion Internet. Ce qui n’a pas été à la faveur des communicants qui devaient intervenir à distance, les empêchant tous de présenter les résultats de leurs recherches. Il a donc été décidé d’organiser ultérieurement un atelier au profit de ces communicants pour leur permettre d’exposer sur leurs travaux de recherche.
Les recommandations
Considérant l’importance des migrations et de la diaspora dans l’histoire du Burkina Faso, et considérant la contribution croissante des Burkinabè de l’extérieur au développement du pays, les participants ont recommandé en premier lieu la rédaction d’un ouvrage sur l’histoire de la migration au Burkina Faso.
- « Nous recommandons à l’endroit des autorités, une exploitation effective des travaux de recherche des historiens », Dr Wenceslas Hien, rapporteur général du colloque.
Le rapporteur général du colloque, Dr Wenceslas Hien, explique que cette recommandation est faite en considération de l’importance de la crise sécuritaire en Afrique de façon générale et au Sahel en particulier, mais aussi en considération de la remise en cause du vivre-ensemble par la crise terroriste sur le continent.
Les participants ont enfin recommandé la rédaction d’un ouvrage sur l’histoire générale du Burkina Faso. Ce, du fait du rôle majeur de l’histoire dans la construction de l’État-nation.
L’important rôle des historiens
La cérémonie de clôture a été marquée par les présence de plusieurs personnalités dont le Pr Paco Sérémé, président de l’Académie nationale des sciences, des arts et des lettres du Burkina Faso (ANSAL-BF). Il a relevé l’importance du rôle que jouent les historiens dans la construction et le développement de la nation, rappelant cette maxime populaire devenue « quelque chose de vulgaire » selon lui : « Les gens disent que si tu ne sais pas d’où tu viens, il faut savoir où tu vas. » Pr Paco Sérémé estime en effet que le sens très profond de cette maxime dénote de la mission cruciale des historiens, consistant à éclairer les populations.
- « Nous allons, au niveau de l’Académie, réunir les moyens pour que l’histoire puisse occuper la place qui lui revient », Pr Paco Sérémé, président de l’ANSAL-BF.
Le présent colloque a été ponctué par la communication inaugurale du Pr Moussa Willy Bantenga, professeur titulaire en histoire économique et sociale. Il a, lors de son exposé, porté son analyse sur un certain nombre d’aspects touchant sa carrière d’enseignant-chercheur, l’avenir de la recherche au Burkina Faso en particulier et en Afrique en général.
Pr Bantenga soutient qu’il est nécessaire de développer certaines valeurs afin de ne pas être les derniers du monde. Pour lui, la société attend de l’enseignant-chercheur et du chercheur, notamment la transmission du savoir, de mener des recherches et de les publier, mais aussi de nouer des partenariats avec les institutions. Car c’est de cette manière qu’il impacte cette société, renchérit-il.
- Pr Moussa Willy Bantenga capitalise 36 de carrière professionnelle au sein de l’université Joseph-Ki-Zerbo.
Le communicateur est ensuite revenu sur son parcours et les perspectives qui s’offrent aux universitaires. Après avoir salué et félicité les membres du comité d’organisation et le département d’histoire et archéologie, il a rendu hommage à ses maîtres, feu Pr Jean Baptiste Kientéga et Pr Hamidou Diallo, pour les premiers enseignements reçus et la confiance placée en sa personne. Son hommage est aussi allé aux doyens du département d’histoire et archéologie, dont le Pr Maurice Bazémo.
Pr Bantenga a aussi témoigné sa reconnaissance à ses collègues et collaborateurs de l’université Joseph-Ki-Zerbo pour les opportunités et la collaboration. Il a noté son attachement au département qui s’est traduit par l’organisation du colloque, la participation aux activités scientifiques nationales et internationales, et la publication de plusieurs ouvrages. Il a évoqué son admission à l’Académie des arts, des lettres et des sciences en 2022. Pr Moussa Willy Bantenga a terminé sa communication en rappelant l’historique du changement du nom de l’université de Ouagadougou en université Joseph-Ki-Zerbo, dont il a été l’un des acteurs.
- L’un des cadeaux offerts au Pr Moussa Willy Bantenga, professeur titulaire en histoire économique et sociale.
Ce colloque a été l’occasion de rendre particulièrement un vibrant hommage au Pr Moussa Willy Bantenga, devant bientôt faire valoir ses droits à la retraite. Ses collègues, ainsi que les étudiants ayant bénéficié de son encadrement, et l’ensemble des acteurs du département d’histoire, ont témoigné toute leur gratitude à ce grand homme pétri d’expérience pour les réalisations accomplies tout au long de son parcours. Toutes les déclarations faites sur le Pr Bantenga ont mis en exergue la vie d’une personne ayant significativement contribué au développement de sa nation. Plusieurs présents lui ont été offerts pour marquer d’une pierre blanche cet évènement.
- « C’est une satisfaction pour nous d’avoir pu relever ce défi d’organisation d’un colloque », Dr Zara Dao, vice-présidente du comité d’organisation.
La nécessité de la collaboration
Après avoir salué et félicité les participants pour leurs riches contributions, la vice-présidente du comité d’organisation du colloque, Dr Zara Dao, a dit percevoir, à l’issue de ces 72h de travaux, de très beaux chantiers à mener. Cela, au profit de leurs différentes universités et centres de recherche, en particulier, et au compte de leurs différents pays, en général.
De son point de vue, l’interdisciplinarité a encore fait ses preuve grâce à ses apports considérables. Elle est donc convaincue de la nécessité de collaborer entre spécialistes et experts de divers domaines en vue de relever les défis complexes actuels. Selon Dr Dao, organiser un colloque d’une telle ampleur a toujours été un défi. « Heureusement, la franche collaboration entre tous les membres du comité d’organisation a permis de surmonter les obstacles qui se présentaient », s’est réjouie la vice-présidente du comité d’organisation, sans manquer de remercier chaleureusement les collaborateurs qui ont fait montre d’un bon esprit d’équipe.
Les recommandations issues de ce colloque vont être transmises aux autorités universitaires et politiques pour étude.
Hamed NANÉMA
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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