Après avoir annoncé ce lundi 29 janvier 2024 sur les réseaux que son domicile était encerclé par des hommes en civil, le secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGT-B), Moussa Diallo a reçu le soutien de militants. Arrivés sur les lieux, des journalistes de Lefaso.net ont pu avoir quelques précisions. Sur place, des militants de la CGT-B, déterminés à protéger le domicile de leur leader et en face, deux véhicules de la Brigade anti-criminalité (BAC) et un véhicule de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS). Les forces de l’ordre affirment être venues pour sécuriser les lieux, ayant appris une tentative de violation du domicile du secrétaire général. De leur côté, tout en condamnant cette manière de faire, les militants de la CGT-B affirment qu’ils continueront à veiller jusqu’à ce que la situation se décante.

Tôt dans la matinée de ce lundi 29 janvier 2024, le secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) annonçait sur les réseaux sociaux que des individus en civil venus dans un véhicule banalisé encerclaient son domicile. Déportée sur les lieux, une équipe du journal Lefaso.net a pu recueillir quelques informations. Selon nos renseignements, une équipe d’individus habillés en tenues de la police et en civil dans un véhicule banalisé ont tenté de forcer l’accès au domicile du secrétaire général de la CGT-B. Des militants et des membres de la famille, présents au domicile du secrétaire général, Moussa Diallo, s’y sont opposés. C’est ainsi que trois militants ont été embarqués vers une destination inconnue par les éléments venus arrêter le SG de la CGT-B.

« Le SG confédéral (Moussa Diallo) a reçu une visite très tôt ce matin d’individus dont deux en tenues de la police et d’autres individus en civil. Ils ont tenté de rentrer dans la cour. Maintenant, il y avait ses petits frères, ses cousins et certains camarades qui étaient effectivement-là et qui ont tenté de comprendre l’objet de leur visite. Ils (les individus en question) n’ont pas dit, ils ont refusé de donner les raisons de leur présence, pourquoi ils sont là, alors que le SG n’a jamais reçu une notification. Les jeunes ont tenté vraiment de les empêcher de rentrer dans la cour », explique Thomas Ilboudo, membre du bureau national confédéral de la CGT-B.

Thomas Ilboudo, membre du bureau national confédéral de la CGT-B

Pour lui, si quelque chose est reproché au SG de la CGT-B, il faudrait donc suivre les procédures en la matière. « Le minimum, nous pensons qu’il y a des voies et moyens pour convoquer quelqu’un, même si c’est à la police, ne serait-ce qu’une notification sur laquelle les charges doivent être bien définies. Alors que jusqu’à présent, il n’a pas reçu de notification qui le convoque quelque part. Même si ce sont les sorties médiatiques du SG qui nécessitent cette arrestation, il agit au nom de la CGT-B et non en tant qu’individu.

C’est au nom d’une structure, donc s’il y a un problème, le minimum, c’est de notifier à la structure et la structure va répondre », précise-t-il.

« Ce matin, en principe, nous avions le procès que la CGT-B a intenté contre Adama Siguiré où les militants, les structures et les responsables se préparaient pour ce procès. A notre grande surprise, le matin très tôt aux environs de 6h00, il y a une fourgonnette et un pick-up de la BAC qui sont venus et ont essayé de forcer la porte pour faire sortir le SG. Nos éléments qui étant en faction pour la sécurité se sont opposés et finalement ils ont rebroussé chemin. Naturellement, en pareille circonstance, en tant que structure, nous avons appelé nos militants à une veille sur la sécurité de notre responsable », détaille de son côté Etienne Convolbo, secrétaire général confédéral de la région du Centre de la CGT-B.

Etienne Convolbo, secrétaire général de la confédération régionale de la CGT-B

« C’est dans ces conditions que nous avons vu venir un véhicule de la BAC avec des éléments à bord. Quand ils sont venus, tout le monde était sur le qui-vive, eux ils étaient sur le qui-vive, nous aussi, nous l’étions. Dans un premier temps, on se n’est pas compris, ensuite on a échangé, les inquiétudes se sont ramollies et ils sont allés se concerter et revenir. Quand ils sont revenus, ils ont dit qu’ils ont été informés que des gens se sont mobilisés pour venir incendier la maison du SG de la CGT-B, Moussa Diallo. C’est à ce titre qu’ils sont venus et voudraient avoir la certitude que nous sommes les responsables de la CGT-B. Nous avons trouvé les éléments nécessaires pour prouver qui nous sommes. Et ils nous ont rassurés de rester sereins et que si d’aventure, il y avait des personnes étrangères à notre groupe, de les tenir informés parce qu’ils sont à côté », a ajouté Etienne Convolbo.

Les responsables de la CGT-B sur place refusent de donner plus d’informations sur la position actuelle du secrétaire général Moussa Diallo, assurant qu’il est en lieu sûr. D’autres affirment qu’il est sorti et qu’ils ignorent où il se trouve. Les militants de la CGT-B sur place se disent également déterminés à poursuivre la veille jusqu’à nouvel ordre.

Les militants de la CGT-B sur place se disent déterminés à poursuivre la veille jusqu’à nouvel ordre

« Le SG est en lieu sûr, il est en sécurité. Nous sommes rassemblés ici jusqu’à nouvel ordre. Nous appelons nos camarades à se mobiliser davantage, à rester vigilants et à être prêts pour tous les mots d’ordre qui pourront découler de cette situation. Nous interpelons également le gouvernement que, jusqu’à présent, nous sommes dans un Etat de droit, le minimum c’est de suivre les textes. Dans ce sens, nous pensons qu’en suivant les textes, il n’y aura pas de problème. Si y’a une notification qui demande au SG de comparaître à la police, il sera présent », appelle Thomas Ilboudo.

« Comme le premier groupe est venu et n’a pas réussi la mission, le SG est sorti. J’ignore où il se trouve, je ne sais pas s’il est allé au procès ou pas, ce ne sont pas mes salades. Ma préoccupation est de veiller avec les autres camarades à ce que la maison soit en sécurité. Nous allons continuer à veiller jusqu’à ce que nécessité ne s’impose pas », soutient Etienne Convolbo, secrétaire général de la confédération régionale de la CGT-B.

Mamadou ZONGO

Lefaso.net

Source: LeFaso.net