Poursuivi pour diffamation à l’encontre de la Confédération générale du travail du Burkina (CGTB), l’enseignant de philosophie et écrivain Adama Siguiré a de nouveau comparu devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouaga I, ce lundi 29 janvier 2024. Au cours de l’audience, les conseils du prévenu ont soumis trois requêtes au tribunal, dont celle du renvoi du dossier au 26 février 2024.
Le procès n’aura duré que quelques minutes. Car dès l’entame de l’audience, les conseils du prévenu Adama Siguiré ont formulé trois requêtes au tribunal. Parmi celles-ci, l’on note la demande de la jonction des procédures au regard de la connexité des faits reprochés à Adama Siguiré, selon ses conseils.
Se référant à l’article 321-8 du code de procédure pénale, les conseils ont justifié à la Cour, l’existence d’une relation entre les charges retenues contre leur client. « Si vous prenez les quatre citations, il y a un paragraphe constant dans toutes ces citations. C’est le troisième paragraphe dans la narration des faits. Il est dit ceci : dès l’annonce de cette activité, des citoyens ont entrepris une vaste campagne de diffamation à l’encontre de la CGT-B et son secrétaire général Diallo Moussa à travers des vidéos, des audios et des publications sur les réseaux sociaux… », ont-ils soutenu.
Cependant, si la partie civile a reconnu que les faits étaient plus ou moins similaires, elle a rejeté l’existence d’une quelconque connexité entre eux, expliquant que la proportion de gravité de chaque propos de monsieur Siguiré n’était pas la même. Pour Me Prosper Farama, « il ne faut pas faire l’amalgame entre les faits et les circonstances de la commission de l’infraction ».
Quant au Parquet, il a estimé que l’ensemble des préventions pour lesquelles Adama Siguiré est poursuivi pouvaient en effet être rassemblées afin d’être jugées par la Cour. Le tribunal a donc accepté cette requête et ordonné la jonction des procédures.
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Le procès renvoyé au bénéfice de la défense
Après le renvoi du dossier au 26 février 2024, l’un des conseils du prévenu a accepté de se prêter au micro de la presse. Il est revenu sur le contexte de la poursuite de son client. « Nous avons estimé que les quatre plaintes contre M. Siguiré ont tous un rapport. Ces plaintes tournent autour du meeting que devait organiser la CGT-B le 31 octobre 2023. Et toutes les plaintes sont justifiées par les publications sur les réseaux sociaux concernant ce meeting… », a-t-il indiqué.
Le conseil du prévenu confie que l’une des requêtes étaient aussi le renvoi du dossier. Cela, en vue de permettre à ses confrères venus du Mali et du Niger, également pour la défense de M. Siguiré, de mieux s’imprégner de l’affaire.
Me Prosper Farama, avocat de la partie civile, a précisé avoir accepté la requête de renvoi du dossier par esprit de confraternité, d’équité et de loyauté. « Nous voulons certes un combat. Mais un combat équilibré, un combat équitable où toutes les parties sont à armes égales. Donc, nous avons estimé qu’il était normal que nous leur concédions ce renvoi, pour qu’ils préparent correctement leur dossier afin que nous puissions discuter sereinement dans le respect mutuel de toutes les parties, sans injures ni diffamations… », a-t-il déclaré.
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« Il faut assumer ce que l’on dit »
Du point de vue de Me Farama, le plus important pour eux était que le prévenu Adama Siguiré se présente devant le tribunal en présence de leur client, pour apporter les preuves de ce qu’il affirme. « Comme on l’entend déjà de la bouche des avocats, que les affirmations de M. Siguiré sont une opinion, je pense qu’il faut que nous civilisions le débat sur les réseaux sociaux. Dire que M. Siguiré a volé de l’argent, ce n’est pas émettre de l’opinion à son égard. Mais dire que M. Siguiré a émis une opinion dont je démontre la fausseté par des arguments intellectuels, c’est cela émettre une opinion », fait-il savoir.
De l’avis de Me Farama il n’y a pas lieu de faire d’amalgame. Il pense de ce fait qu’il faut assumer ce que l’on dit et ce qu’on fait. « Si vous dites que quelqu’un a volé, vous apportez la preuve. Si vous dites que quelqu’un est en complot et qu’il a reçu de l’argent, vous apportez la preuve », a-t-il insisté.
Il n’y a eu aucune manifestation à l’extérieur du palais de justice pendant le procès. Toutefois, l’on a constaté la présence des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) du côté des portes faisant face à la Direction générale du transport terrestre et maritime (DGTTM) et du côté de l’entrée du commissariat central de la police de Ouagadougou.
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Hamed Nanéma
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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